"Une bande d'universitaires scandinaves chevelus organise des pourparlers officieux pour résoudre les problèmes du Congo oriental avant les élections. On récupère tous les mecs qui se détestent, on les invite à relâcher la pression, et quelque chose de merveilleux va forcément en sortir, tant qu'on croit aux contes de fées."
Demandez à un Occidental où se situe le Kivu, il hochera la tête avec un sourire d'ignorance ; demandez à un Africain, il vous répondra "au paradis", et c'est vrai : nichée au coeur de l'Afrique, une terre de lacs brumeux, de monts volcaniques, de verts pâturages, d'arbres aux fruits succulents et tout à l'avenant.
Les derniers mots de Hannah en swahili résonnent encore à mes oreilles. enserrant mon visage entre ses mains, elle hoche doucement la tête l'air émerveillé et me dit : " Salvo, quand ta mère et ton père t'ont conçu, ils devaient s'aimer très fort. "
Un homme bon sait quand le moment est venu de se sacrifier [...] Un homme mauvais survit, mais perd son âme.
Un mot ici sur la psychologie du polyglotte. Lorsqu'on adopte une autre langue européenne, on adopte aussi une autre personnalité, c'est là un fait attesté. Un Anglais qui s'exprime en allemand hausse le ton, sa bouche change de forme, ses cordes vocales s'ouvrent, il délaisse l'autodérision au profit de l'autoritarisme. Une Anglaise qui parle en français s'adoucit et prend une moue coquine, tandis que son compatriote se fait pompeux. J'imagine qu'il en va de même pour moi. [...] Mais au fond, la vérité c'est que dès l'instant où je m'installe dans mon fauteuil je deviens ce que je traduis.
Question assez anodine formulée de façon anodine. Sauf qu'il l'a posé en kinyarwanda. Cette fois-ci, toutefois, pas besoin d'un Philip pour me lancer des signaux d'alarme.
J'affiche un sourire perplexe et un peu désolé. Pour faire bonne mesure, je hausse les épaules et secoue la tête en signe d'incompréhension.
Haj se rend compte de son erreur, ou du moins le prétend, part d'un grand rire gêné et me donne une claque sur le bras.
A-t-il essayé de me piéger ?
Le code d’honneur de l’interprète éminent est sacro-saint : il n’est pas payé pour écouter ses scrupules, mais pour servir son employeur comme un soldat son drapeau.
Un mot ici sur la psychologie du polyglotte. Lorsqu'on adopte une autre langue européenne, on adopte aussi une autre personnalité, c'est là un fait attesté. Un Anglais qui s'exprime en allemand hausse le ton, sa bouche change de forme, ses cordes vocales s'ouvrent, il délaisse l'autodérision au profit de l'autoritarisme. Une Anglaise qui parle en français s'adoucit et prend une moue coquine, tandis que son compatriote se fait pompeux. J'imagine qu'il en va de même pour moi. Mais les langues africaines ne génèrent pas ces fins distinguos. Fonctionnelles et corsées, y compris le français colonial, ce sont des langues de paysans adaptées au franc-parler et aux altercations si prisées des Congolais. Subtilités et dérobades procèdent moins de la gymnastique verbale que d'un changement de sujet ou, si l'on veut jouer la sécurité, du recours à un proverbe. J'ai parfois conscience, en passant d'une langue à l'autre, d'étrangler ma voix pour obtenir le souffle et la raucité requis. Ou bien, quand je m'exprime en kinyarwanda par exemple, j'ai l'impression d'avoir en bouche un caillou brûlant. Mais au fond, la vérité c'est que dès l'instant où je m'installe dans mon fauteuil je deviens ce que je traduis.
- Et qui je me demande, vend ces biens volés à de tels profits sans reverser un centime à leurs propriétaires légitimes ? La réponse, mes amis, vous la connaissez tous ! Les racketteurs du Rwanda ! Les exploiteurs de l'Ouganda, et du Burundi ! Notre gouvernement vénal de Kinshasa, ces nantis beaux parleurs qui cèdent notre patrimoine aux étrangers et nous taxent dessus en prime !
Le plus grand peche des grands de ce monde vis-a-vis du Congo jusqu'a present, c'est l'indifference, vrai?