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EAN : 9782296551619
299 pages
Editions L'Harmattan (27/06/2011)
1/5   1 notes
Résumé :
Rien ne prédisposait l'URSS et Cuba à nouer une alliance étroite. On a souvent désigné Cuba comme un satellite de l'Union soviétique. Les relations entre les deux pays sont plus complexes que ce schéma de vassalisation : ils ont su concilier leurs intérêts respectifs. Cette relation unique n'a toutefois pas survécu au contexte qui avait favorisé sa naissance.
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Leila Latrèche publie chez L'Harmattan la thèse qu'elle a soutenue en 2005 à Paris. VIII. Travaillant à la fois sur des archives cubaines et soviétiques - ainsi que sur des entretiens avec des acteurs de premier plan de la relation soviéto-cubaine - la jeune historienne entend battre une idée en brèche : Cuba n'a pas été un satellite passif de l'URSS, un faux-nez de l'Internationale communiste instrumentalisé dans des combats que la Détente n'autorisait plus l'URSS à mener seule. Un exemple éclairant au soutien de cette thèse est l'engagement cubain en Angola. Son examen détaillé révèle que Cuba n'y fut pas le mercenaire soumis de l'URSS. Les motivations de Castro sont idéologiques là où Brejnev poursuit des objectifs plus alambiqués. le premier intervient par fidélité à l'engagement internationaliste de Che Guevara là où le second mène par adversaires africains interposés une lutte d'influence avec les Etats-Unis.

La "relation improbable" qui unit Cuba et l'URSS se fonde sur un double malentendu
Malentendu géopolitique. L'Amérique latine et les Caraïbes n'ont jamais été une priorité pour l'URSS dont la culture et la géographie sont aux antipodes de cette région qu'elle considère comme l'arrière-cour des Etats-Unis. Cette "indifférence" de l'URSS a été cruellement révélée par la Crise des missiles d'octobre 1962. Lorsque Khrouchtchev décide le retrait des missiles sans consulter La Havane, Castro - qui en avait accepté le déploiement au nom du renforcement du camp socialiste - réalise que l'URSS n'est pas prête à entrer en guerre avec les Etats-Unis pour sauver Cuba. Si la réussite de la révolution cubaine et son effet d'entraînement en Amérique latine conduit le Kremlin à porter plus d'attention à la région, celle-ci n'aura jamais l'importance géopolitique de l'Afghanistan, du Vietnam voire de la Corne de l'Afrique. En témoignent la pusillanimité soviétique face au Chili de Salvador Allende, au Nicaragua de Daniel Ortega ou à la Grenade de Maurice Bishop.
Ce malentendu géopolitique se double d'un malentendu idéologique. Sans trancher le vieux débat de la sincérité du ralliement de Fidel Castro au marxisme-léninisme en avril 1961, Leila Latrèche insiste sur les spécificités de la lutte de libération nationale. Cuba fut libéré du colonialisme espagnol trois quarts de siècle après les autres pays latino-américains. Pire : l'indépendance de 1898 conquise de haute lutte par José Marti a été aussitôt confisquée par les Etats-Unis. Pendant les soixante années que durera la tutelle américaine, des mouvements politiques et sociaux la contesteront parfois avec violence. Leur inspiration sera plus nationaliste que marxiste-léniniste. Et Fidel Castro, pur produit d'une société pétrie par une histoire combative, s'inscrit dans cette lignée lorsqu'il part à l'assaut de la caserne de la Moncada en juillet 1953.
Ce cadre posé, on comprend mieux les aléas de la relation soviéto-cubaine entre 1959 et 1991 qui n'eut rien d'un long fleuve tranquille. La "relation particulière" qui s'instaure après la Crise des missiles est hypothéquée par deux sujets de divergence. D'une part le schisme chinois qui a spontanément les sympathies de Cuba pour la priorité qu'il donne aux luttes de libération nationale. D'autre part le soutien aux insurrections armées en Amérique latine, les Cubains prônant la théorie du foco alors que les Soviétiques préfèrent la voie pacifique.
La relation soviéto-cubaine se normalise néanmoins à la fin des années 60. Après la mort de Che Guevara en 1967, le soutien aux guérillas sud-américaines se ralentit. La priorité donnée à l'unité du camp socialiste par les Soviétiques et la conscience de leur dépendance économique par les Cubains conduisent les deux partenaires à des concessions mutuelles : l'URSS apporte une aide économique généreuse à Cuba - qui intègre le COMECON en 1972 - en échange d'une normalisation de la politique extérieure cubaine (Castro approuve la doctrine Brejnev de souveraineté limitée).
Cette intégration accrue rendra la rupture d'autant plus douloureuse en 1991. Cuba exportait son sucre vers l'URSS et en importait du pétrole à des prix subventionnés. L'éclatement de l'URSS, la disparition du COMECON, l'obligation de rembourser la dette accumulée au fil du temps placent l'île dans une situation critique. La "relation particulière" a vécu. Si Poutine déclare vouloir la raviver - comme il déclare également le retour de l'URSS en Afrique - force est de constater "l'amnésie instantanée de la relation politique". Fidel Castro ne s'y est pas trompé qui, dès 1991, abandonne toute référence au marxisme-léninisme. Preuve, si besoin en était, que la révolution cubaine a bien été le produit d'une histoire spécifique et non un quelconque produit d'importation.
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