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Critique de Chestakova


Treizième opus de la collection ouverte par les éditions Stock, « Quand tu écouteras cette chanson » nous emmène avec Lola Lafon dans un lieu qui n'est pas un musée comme les autres. le marché de l'art n'y a que peu à faire, pas de tableaux, de sculpture ou d'objet précieux. Il s'agit d'une simple maison, comme partout en Europe il y en eu des milliers, dans lesquelles des hommes sont entrés de force pour y arrêter leurs occupants parce qu'ils étaient juifs, et les mener vers une exécution systématique, industrielle, massive, pensée, préparée par d'autres hommes. Cette maison- là pourtant a quelque chose de particulier, qui tient à la fois à l'écriture et à l'enfance, parce que la voix d'Anne en prenant forme dans l'écrit se mue en cri universel, et parle à tous, au-delà du temps, au-delà des frontières.
Lola Lafon a choisi d'entrer dans la série « Ma nuit au musée » parce que ce lieu précisément fait sens pour elle, parce qu'il convoque sa mémoire, directement, sans détour possible, en l'obligeant à regarder sa propre histoire, pour en relier le fil à celui de la tragédie humaine qui s'est jouée en Europe avec la Shoah.
Celle nuit dans la maison d'Anne Franck est pour elle un voyage dans son passé, elle rappelle ce que fut son éveil lent vers la conscience, elle nous y associe pas à pas : « L'histoire des juifs d'Europe centrale, je m'en suis écartée à l'adolescence ». Parallèlement, elle s'immerge dans l'oeuvre littéraire d'Anne Franck, lui redonne ses lettres de noblesse, son originalité absolue dans le fond et dans la forme de l'écriture.
Il y a toutefois un terrain qui est resté absent : un lieu de mémoire comme celui -là peut-il être un musée comme un autre ? - la Mémoire trouve- t-elle sa juste place dans la muséographie, quelles sont les limites de la mise en scène ?
J'ai visité en 1994 la maison d'Anne Franck, sur les bords du Prinzengracht, une maison qui ressemble à toutes celles du quartier, pas grand-chose ne l'en distingue. J'y suis retournée cet été. La maison est toujours là mais éclipsée par un bâtiment tout neuf, qui abrite le musée, et par lequel on finit par accéder à la maison, en sortant comme dans tous les bons musées qui se respectent par la librairie et ses produits marketing autour d'Anne Franck.
J'aurais aimé une réflexion sur les dérives de la muséographie de la Mémoire, c'est une question que Lola Lafon n'aborde pas du tout, certainement parce que l'écho dans sa propre vie de la vie d'Anne Franck a occulté le reste.
Un récit est convaincant, clair et précis, son épilogue renvoie le lecteur à d'autres génocides, l'universalité du texte d'Anne Franck y puise la confirmation de sa force absolue.
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