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3,75

sur 316 notes
Un livre en trois parties.
La première, c'est l'enfance de Claire dans la ferme familiale située dans le Cantal.
La deuxième c'est sa vie d'étudiante à Paris, à la Sorbonne.
La troisième c'est sa vie de femme, professeur à Paris qui reçoit deux fois par an son père et son neveu dans son appartement parisien.
Nul doute que c'est très autobiographique.
Mais Marie-Hélène reste en retrait, s'efface derrière Claire.
Les pays, celui que l'on quitte, celui de l'enfance.
Et puis celui qu'on adopte sans pour autant jamais renier le premier.
Tout cela est parfaitement écrit et ressenti par le lecteur.
L'écriture est très professionnelle, plus que bien maîtrisée.
Elle est riche de forme, de vocabulaire.
Elle est somptueuse pourrait-on dire et peut même parfois en paraître légèrement pompeuse.
Mais mieux vaut trop que pas assez.
Et pourtant jamais prétentieuse.
Tout comme Claire qui ne met jamais en avant sa brillante réussite dans les études.
Tout comme Marié-Hélène qui reste en retrait de Claire, sans jamais lui faire d'ombre.
Toujours discrète et effacée.
Au début de la première partie, les phrases longues et enchevêtrées m'ont semblé peu claires, embrouillées.
Puis je me suis laissé porter.
Quand l'écriture est belle, il n'y a que ça à faire.
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Dès le départ à la lecture de cet écrivain à l'écriture scandée, précise, pointue, à la phrase longue et à l'expression de ce qui est tu, avec des personnages secrets, pudiques, sensibles mais insaisissables, je suis happée. Ici comme Annie Ernaux dans les années, on retrace la vie par bribes d'une femme professeur de lettres. Plusieurs tranches de vie sont évoquées qui permettent alors de tracer d'autres souvenirs ou éléments narratifs. Il ne se passe rien ou beaucoup comme dans la vraie vie. C'est magnifique mais intime et dense, subtil et profond comme une musique qui accompagne, enchante et nous rend mélancoliques...
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Le style est lourd, alambiqué. le vocabulaire légèrement pédant pour un lecteur basique. Un trou béant de 20 ans en fin de roman, qui nous laisse sur notre faim.
Pourtant Claire est attachante dans sa façon de se couler dans sa nouvelle vie parisienne en gardant ses bottes bien fichées du côté de la Santoire. Un roman qui fait apprécier la terre d'en haut.
Une remarque négative : l'auteure situe la vallée d'Aspe en Ariège. C'est impardonnable pour un Béarnais...
Un plaisir partagé avec Claire : regarder par la fenêtre d'un musée. Toujours des moments de sérénité.
A lire tranquillement par un dimanche ensoleillé.
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C'est un style à part, une ode à la langue française qui porte délicieusement une histoire de rien du tout, celle d'une vie ordinaire mais majestueusement racontée. Pourquoi ne pas mettre plus d'étoiles ? Parce que l'ennui suinte parfois au coeur de ces lignes, parce qu'il manque une once de magie.
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Récemment devenu comme une habitude : lire un livre de Marie-Hélène Lafon entre deux autres livres.

Retrouver cette écriture cousue main, musicale et poétique à sa manière. Retrouver le temps de quelques pages ces histoires qui nous font naviguer entre Paris et l'Auvergne. Ou parfois, comme dans Les Pays, au-delà de ce pré carré, mais toujours sur des terres qui comme dans le Cantal natal de l'auteure, nous rapproche de l'herbe verte, de la nature que l'Homme apprivoise comme ses bêtes et des vies plus simples, éloignées de nos si différentes vies citadines.

Entre deux livres peut être plus conséquents, plus consistants dans leurs propos, je retrouve donc cette atmosphère, ces environnements et ces vies partagées entre plusieurs mondes que nous conte si justement Marie-Hélène Lafon. Mais au delà de ce que l'auteure nous dit de l'écart entre ces mondes, ce sont aussi des portraits de vies qui avancent, mutent, se croisent, se séparent et se retrouvent, qu'elle nous raconte. Les Pays, c'est aussi et surtout à mon avis, l'histoire d'une vie, d'une enfant, d'une étudiante, d'une femme qui s'est construite, plutôt que l'histoire d'une nostalgie géographique. L'Auvergne, le Cantal, nous apparaissent plus comme des personnages que comme les sujets de fond de Les Pays (voire même des autres écrits de Marie-Hélène Lafon).

Les Pays est une oeuvre courte, mais condensée de belles simplicités. Tout ce qu'il me fallait avant de repartir vers d'autres aventures littéraires.
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Pour ce livre paru en 2012, Marie-Hélène Lafon a choisi un sujet a priori très intéressant: que vivent les jeunes gens issus de la France profonde, quand ils "montent" à Paris ? Eux, qui connaissaient seulement la vie du monde rural, comment s'adaptent-ils au milieu urbain ? L'héroïne s'appelle Claire, elle vient du Cantal. Son aventure est racontée en trois épisodes: un premier voyage pour le Salon de l'Agriculture, ensuite ses études de lettres classiques à la Sorbonne, et enfin la visite de son père et de son neveu plusieurs années plus tard. Sérieuse, douée, bourreau de travail, elle reste imprégnée de l'esprit paysan. Cette osmose entre deux formes d'esprit est remarquable.
Pourtant, je n'ai pas aimé ce roman - sans doute autobiographique - non pour son sujet, mais à cause de sa forme. Déjà, j'ai été surpris par toutes ces phrases qui se succèdent sans paragraphe, donnant au texte un aspect compact et rebutant. Ensuite, l'écriture est TRES châtiée, éloignée de la langue courante, presque ampoulée: au début, on a envie d'admirer le style somptueux de l'auteure, puis on en arrive à le trouver barbant. Enfin, les actions et les pensées de l'héroïne m'ont semblé nimbées dans une sorte de brouillard, avec peu de sentiments bien caractérisés et beaucoup de digressions (concernant notamment les personnages secondaires): ceci éclaire mal la personnalité et le ressenti de Claire.
En vérité, je suis passé complètement à côté de ce livre. Et j'ai fini par le "diagonaliser", tant mon ennui croissait.
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Claire arrive de son Auvergne natale pour faire ses études à Paris, où elle restera. Elle y rencontre des « pays », originaires du même lieu. On saura juste qu'elle s'est mariée et qu'elle a divorcé, la narratrice passe directement d'une Claire étudiante à une Claire de quarante ans. L'auteur ne nous livrera pas non plus ses pensées ou ses émotions.
Si j'ai aimé retrouver l'écriture de Marie-Hélène Lafon, j'ai regretté que le personnage De Claire soit réduit à son origine et de ne pas en apprendre plus.
Du même auteur, j'avais beaucoup apprécié L'annonce, sans doute parce que sa plume était plus au service de son histoire, de ses personnages qu'au service de l'écriture en tant que telle.


Lien : https://dequoilire.com/les-p..
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Une écriture délicieuse, je ne connaissais pas cette auteure et j'ai savouré sa façon de raconter des choses de la vie et le rapport ville-campagne est tout à fait parlant pour beaucoup d'entre nous qui avons connu cet écart entre deux"pays".
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Claire, née dans une ferme au milieu du Cantal, monte à Paris pour faire des études de lettres classiques. Trois courts récits – trois moments privilégiés – forment le recueil des « Pays » de Marie-Hélène Lafon. Et tentent de parler de ces pays multiples qui nous habitent : ceux de l'enfance, d'où l'on vient, ceux de la capitale, où on étudie, mais surtout celui de son pays intérieur, fait de la confrontation de deux univers opposés, composant alors un troisième continent tout aussi intéressant que les deux autres.

Le premier récit raconte le premier contact avec la capitale, quand Claire est encore une enfant, à l'occasion d'un Salon de l'Agriculture.
Dès les premières phrases, le ton est donné :
« On resterait pour quatre jours. On logerait à Gentilly, dans la banlieue, chez des sortes d'amis que les parents avaient. » Premier voyage avec le père, « la fille et le garçon » : Claire et Gilles. Premier dépaysement, première perte de repères, sauf quand on retrouvera les vaches salers et qu'on y retrouvera une connaissance avec qui on « avait été en affaires, pour du fourrage ».
Avec beaucoup de tendresse, Marie-Hélène Lafon utilise des expressions paysannes, comme celle-ci à propos de cet Henry chez qui la famille loge : « On les voyait à Pâques, et en août ; ils venaient deux ou trois fois par saison, avec la soeur aînée de Suzanne, Thérèse et son mari qui faisaient une grosse propriété plus haut encore dans la vallée, au pied du puy Mary ». Mais avec Marie-Hélène Lafon on n'est jamais dans le folklorique : comme dans « L'annonce » tout est juste, en toute authenticité.


Derrière la tendresse, de vraies questions, comme celle de l'avenir de l'agriculture : agonie probable selon le père, espoir d'une adaptation possible pour Suzanne – l'avenir est de toute façon incertain. On pense à Raymond Depardon et à son talent pour raconter la paysannerie derrière une caméra.

Le second récit est mon préféré : Claire est montée à Paris pour étudier les lettres classiques à la Sorbonne, après des années de pensionnat réussi à St Flour.
Plaisir des mots que Claire apprend – plaisir du lecteur qui les déguste avec elle découvrant cet univers : « le pensionnat de Saint-Flour lui semblait très confiné, très douillet et très lointain depuis les amphithéâtres de la Sorbonne orgueilleuse où elle s'évertuait depuis plus de sept mois, bientôt huit, à traduire à usage interne et exclusif l'idiome étourdissant dont usaient les mandarins chargés de dispenser les cours magistraux ». Mandarins, cursus, idiome : autant de mots nouveaux que Claire goûte avec sa bouche – et nous avec.

« Ce premier été de Paris fut aussi celui de ce qu'elle nommerait plus tard la leçon du corps ». Tout est dit dans cette phrase : ce sont les sens qui guident Claire au hasard de la ville, comme cette odeur de pelouse fraîchement tondue qu'« elle emporterait avec elle dans le métro et garderait au chaud ». Son rapport au monde est organique : Claire éprouve la capitale par ses cinq sens, et ce sont ces sensations que l'auteure nous traduit avec brio , d'où ce côté si vivant de son écriture.

Vocabulaire ciselé, image de L'Iliade se mêlant à celle du cadre parisien du 13ème arrondissement de Paris, style précieux, tout y est. Précieux, mais jamais pédant.

Dans cette seconde partie, Marie-Hélène nous brosse une galerie de portraits très vivants : celui de ce professeur de grec qui « n'a pas soutenu » mais qui invite ses élèves à la veille des congés scolaires, celui d'une camarade de classe, Lucie, qu'a priori tout oppose (l'origine très bourgeoise normande contre origine paysanne auvergnate de l'autre), portrait d'un Jean-René étrange et solitaire qui disparaît mystérieusement de la faculté.

Mais le plus savoureux reste à venir : Claire, pour financer ses études, passe ses deux mois d'été au guichet d'une banque. Marie-Hélène nous livre un portrait très réussi de Mme Rablot, inamovible caissière, mais elle aussi fille de paysans, « douze vaches de la grande époque » et nous raconte les tribulations sentimentales de leurs collègues de la banque, Jean-Jacques et Marie-Christine.

D'où vient alors que cet usage du « on », dit impersonnel, rende cette histoire paradoxalement si personnelle ? Marie-Hélène Lafon parle de notre vie à tous : combien de nous ont quitté leur pays d'origine, comment fait-on quand on s'en va, que devient-on quand on emporte avec soi tout un pays d'enfance et qu'on s'incarne ailleurs ? Marie-Hélène cherche à faire rendre gorge au réel. Elle décrit minutieusement la ville et son univers minéral de promiscuité et d'odeurs différentes. Elle décrit le dépaysement. Et tout le monde peut s'y reconnaître.

Le troisième et dernier récit bouclera le recueil des pays. Avant que Claire ne revienne vers sa classe, un dimanche soir de retour de son pays d'Auvergne, elle croise dans la Gare de Lyon le regard d'une petite qui mendie. de quel pays est-elle ?

Claire, elle, a au moins deux pays : « Elle a deux endroits où aller, un terrier dans la ville minérale, et un autre, là-haut, qu'elle appelle son terrier des champs, les terriers sont garnis, elle s'y tient au chaud ». C'est son pays volcanique qui lui a donné son élan organique, son feu vital. Divorcée, sans enfant, c'est elle maintenant qui va attendre son neveu à la Gare de Lyon, en compagnie de son grand-père, effet miroir du premier récit où elle abordait Paris pour le Salon de l'Agriculture. Et c'est sur le portrait de son père, visitant le Louvre, qu'on referme la porte avec elle. Sur la pointe des pieds, comme pour garder en soi le charme de ce récit, nourri d'une formidable écriture.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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C'est toujours un plaisir de retrouver l'écriture de Marie-Hélène Lafon. Une écriture limpide, avec un vocabulaire recherché. Sous le personnage de Claire, il semble bien que ce soit l'auteure qui se dévoile pudiquement à travers les sujets qui lui sont chers. Certains passages peuvent être moins intéressants que d'autres mais cela se lit facilement.
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