Je dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas. La dire toute, c’est impossible, matériellement : les mots y manquent. C’est même par cet impossible que la vérité tient au réel.
La guérison, c’est une demande qui part de la voix du souffrant, d’un qui souffre de son corps ou de sa pensée. L’étonnant est qu’il y ait réponse, et que de tout temps la médecine ait fait mouche par des mots.
C’est le réel qui permet de dénouer effectivement ce dont le symptôme consiste, à savoir un nœud de signifiants.
Peut-on dire par exemple que, si L’homme veut La femme, il ne l’atteint qu’à échouer dans le champ de la perversion ?
L’errement consiste en cette idée de parler pour que des idiots me comprennent.
[A propos de l’inconscient]
Ce mot a l’inconvénient d’être négatif, ce qui permet d’y supposer n’importe quoi au monde, sans compter le reste. Pourquoi pas ? A chose inaperçue, le nom de « partout » convient aussi bien que de « nulle part ».
[…] Il n’y a d’inconscient que chez l’être parlant.
Chez les autres, qui n’ont d’être qu’à ce qu’ils soient nommés bien qu’ils s’imposent du réel, il y a de l’instinct, soit le savoir qu’implique leur survie. Encore n’est-ce que pour notre pensée, peut-être là inadéquate.
La psychanalyse vous permettrait d’espérer assurément de tirer au clair l’inconscient dont vous êtes sujet. Mais chacun sait que je n’y encourage personne, personne dont le désir ne soit pas décidé. {Ne veux-tu rien savoir du destin que te fait l’inconscient ?}
Le suicide est le seul acte qui puisse réussir sans ratage.
[L’homme] pense de ce qu’une structure, celle du langage -le mot le comporte- de ce qu’une structure découpe son corps, et qui n’a rien à faire avec l’anatomie. […] Cette cisaille vient à l’âme avec le symptôme obsessionnel : pensée dont l’âme s’embarrasse, ne sait que faire.
Ainsi l’universel de ce qu’elles [les femmes] désirent est de la folie : toutes les femmes sont folles, qu’on dit. C’est même pourquoi elles ne sont pas toutes, c’est-à-dire pas folles-du-tout, arrangeantes plutôt : au point qu’il n’y a pas de limites aux concessions que chacune fait pour un homme : de son corps, de son âme, de ses biens. […]
Ce qui la conduit à la mascarade qu’on sait, et qui n’est pas le mensonge que des ingrats, de coller à L’homme, lui imputent. Plutôt l’à-tout-hasard de se préparer pour que le fantasme de L’homme en elle trouve son heure de vérité. Ce n’est pas excessif puisque la vérité est femme déjà de n’être pas toute, pas toute à se dire en tout cas.