Le genre tient une place centrale dans les discours qui, en France, stigmatisent l’islam et les populations musulmanes, les associent au « terrorisme » et à la violence », les décrivent comme une « menace » pour la démocratie et la République
en réalité, les sources de la doctrine et du droit islamique sont larges, les traditions multiples, la jurisprudence mouvante et les débats nombreux
Tous les nationalismes ont défini des modèles de féminité et de masculinité, les façons normées d’être socialement une femme ou un homme
les rapports entre hommes et femmes, les définitions des féminités et masculinités respectables ou déviantes, sont imbriquées avec l’histoire de la colonisation, de l’impérialisme et du capitalisme. Les transformations des rapports de genre sont liées aux colonisations, aux bouleversements du travail, à l’impact des guerres, mais aussi à différentes formes de luttes
Les femmes n’ont pas été seulement des enjeux de luttes et des objets de fantasmes collectifs. Résistant aux assignations, sujets des mobilisations dans un contexte politique effervescent et violent, elles ont tenté de se frayer des voies plus ou moins indépendantes mais déterminées par diverses contraintes, de se faire entendre à travers des textes intervenant dans ces débats
La prétention à une application plus littérale de l’islam, qui devient l’idéologie nationale servant à établir des frontières de nationalité et de classe, repose sur des modèles genrés de différenciation entre les citoyen·ne·s, « femme » et « homme », essentialisé·e·s et les étranger·e·s
Nous voudrions rompre ici avec deux clichés : celui de l’inactivité des femmes de ces régions ; celui de l’homogénéité des sociétés concernées
Les processus d’autonomisation des femmes sont certes menacés par la détérioration des conditions matérielles et les restaurations autoritaires, mais il importe de ne pas réduire le cours de l’histoire à deux séquences uniques et schématiques, où une restauration autoritaire, succédant à une situation révolutionnaire, refermerait définitivement les possibles que cette dernière avait ouverts
L’instrumentalisation de la question des femmes musulmanes à des fins impérialistes complique considérablement la tâche aux féministes du Moyen-Orient et du Maghreb ». En conclusion, « Genre et sexualité en circulations
L’anti-impérialisme peut alors être détourné pour discréditer les aspirations des femmes à la liberté, à l’autonomie corporelle et/ou matérielle, ou à l’accès aux mêmes positions sociales que les hommes