Cujo

Un de plus, un de moins. C'est une sorte d'exercice de style que celui-là, une horreur en chambre close (en l'occurrence, une voiture en plein cagnard et non une sombre crypte).

Comme toujours, le suspens est excellement mené avec de nombreux espoirs déçus (la facteur qui doit venir et ne vient pas, par exemple) et cette fausse piste très bien trouvé : l'héroïne laisse un mot sur son frigo pour dire qu'elle est parti chez le garagiste, si quelqu'un lit le mot, il saura où la trouver et donc la secourir. Il est question d'une voisine qui pourrait passer à un moment. Bref, on se dit que c'est ce mot qui la tirera d'affaire, que c'est un peu facile comme procédé. Que fait King ? Il nous campe un amant jaloux qui passe chez l'héroïne et vandalise tout dans une crise de rage, déchirant au passage le mot. Espoir déçu, la grosse ficelle se transforme en effet très efficace. En fait, nous aurions bien aimé que quelqu'un trouve cette lettre si judicieusement placée. King joue avec nos attentes comme avec nos nerfs. du grand art.

Mais ce qui fonctionne le mieux, à mon sens, c'est le personnage de la femme du garagiste. On a déjà du Dolores Claiborne chez elle, en moins grande gueule, cette figure de femme mal mariée qui s'inquiète que son fils vire comme le père. Ce personnage, ainsi que ces relations avec son mari, son fils et sa soeur (qui elle a fait un beau mariage) sont très bien dessinés. Encore une fois, King fait d'une histoire à intrigue une histoire à personnages et c'est là sa force.

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