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Mind Mgmt tome 1 sur 5
EAN : 9781595827975
152 pages
Dark Horse (09/04/2013)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Matt Kindt, the most original voice in genre comics, outdoes himself in this bold new espionage series! Reporting on a commercial flight where everyone aboard lost their memories, a young journalist stumbles onto a much bigger story - the top-secret Mind Management program. Her ensuing journey involves weaponized psychics, hypnotic advertising, talking dolphins, and seemingly immortal pursuers, as she attempts to find the flight's missing passenger, the man who was ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une nouvelle série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 0 à 6, initialement parus en 2012, écrits, dessinés et mis en couleurs par Matt Kindt. Il a même réalisé le lettrage lui-même. Il s'agit d'une série complète qui comprend 35 épisodes plus le numéro zéro, réédités sous la forme de 6 recueils. Jusqu'alors l'auteur avait réalisé d'autres récits complets parus directement sous la forme d'un album, sans prépublication mensuelle, comme 3 story: The secret history of giant man, Revolver ou encore Red-handed: The fine art of strange crimes. Ce tome bénéficie d'une introduction de Damon Lindelof, le co-créateur de la série Lost.

Quelque part dans le monde, les habitants d'une ville sont en train de s'entretuer, avec des tout ce qui leur tombe sous la main, armes à feu, objets contondants, à main nue. Une voix désincarnée commente sur le capacité d'un rêveur à se surprendre lui-même avec une fin inattendue pour son rêve. Il y a 2 ans, les passagers du vol 815 s'interrogent hébétés sur ce qu'ils font dans cet avion, sans aucun souvenir de comment ils y sont parvenus. de nos jours, Meru Marlow se réveille dans son appartement de Lextington dans le Missouri. Il n'y a plus rien dans son frigo, plus d'eau au robinet, des lettres de relances d'impayés. Elle allume la télévision : il y passe un documentaire sur les passagers du vol 815. Elle appelle Charlie son agent littéraire pour lui suggérer le thème de son prochain livre : ce qui est arrivé au vol 815. Ce dernier accepte de lui envoyer une avance pour qu'elle puisse partir enquêter au Mexique.

Meru Marlow part au Mexique pour retrouver la trace du cent-vingt et unième passager qui a disparu : Henry Lime. La piste la conduit à Santa Teresa, une petite ville au Mexique. Dans l'église elle découvre une quantité phénoménale de pots en terre tous décorés du même motif. Sur place elle est abordé par Bill Falls, un agent de la CIA, dont le partenaire vient d'être assassiné dans les toilettes. Dans de brèves cellules de texte une voix commente chacun de ses agissements comme si le commentaire savait ce qu'elle allait faire et pourquoi elle le fait. Sur la bordure gauche de chaque page, dans la marge des cases, se trouve une instruction issue du guide de terrain de MIND MGMT.

Lorsque le lecteur feuillète pour la première fois ce tome, il éprouve quelques difficultés à comprendre de quoi il s'agit. L'introduction de Damon Lindelof est dithyrambique comme il se doit, avec une petite blague en coin sur les vols d'avion placés sous de mauvais auspices. Les dessins ressemblent à des esquisses au pinceau, pas toujours très précises. Les couleurs semblent avoir été appliquées au crayon de couleur à grand trait. Il reste encore un rectangle de contour bleu définissant les marges de la page desquelles les dessins ne doivent pas déborder. Il y a une phrase en petit caractère bleu juste au-dessus de la bordure bleue supérieure, identique sur toutes les pages, et il y a cette instruction à chaque fois différente écrite le long de la bordure bleue de gauche à la verticale, c'est-à-dire qu'il faut tourner physiquement le tome de 90 degrés (dans le sens trigonométrique) pour pouvoir la lire à l'horizontale. Il y a également ces petites cellules jaunes qui contiennent une observation lapidaire sur la situation de Meru Marlow.

À l'issue de cette observation sommaire, le lecteur a compris que la lecture risque de se montrer exigeante, pour pouvoir gérer simultanément ces différents types d'information. Il commence par s'accoutumer à la narration visuelle à l'apparence si particulière. Malgré tout, l'artiste utilise bien un découpage en cases sagement rectangulaires, avec des bordures tracées à la règle, même si l'épaisseur de trait varie un peu d'un trait à l'autre. Une fois par épisode, il y a un dessin pleine page pour souligner l'importance d'un événement en particulier. le lecteur se rend compte que la mise en couleur a été faite à l'aquarelle, et non pas au crayon de couleur. Cette méthode donne un rendu très différent des mises en couleurs industrielles à base d'aplats ou de celles à l'infographie. Elle donne une apparence plus organique aux différentes formes, la variation de teinte (en fonction de la concentration d'eau) évoquant les variations de luminosité. le lecteur constate que Matt Kindt utilise cette technique avec une grande dextérité, les couleurs n'attestant pas uniquement de la couleur réelle d'un objet, d'un vêtement, mais aussi d'une ambiance lumineuse. Même lorsque l'artiste se contente de dessiner des personnages sans arrière-plan, les couleurs habillent le fond de la case pour un effet expressionniste.

Une fois habitué à la technique de mise en couleurs, le lecteur doit encore dépasser ses a priori sur la technique de dessin. Effectivement, les traits encrés de chaque case donnent l'impression d'avoir été réalisés à la va-vite, comme pour une esquisse. Il semble même qu'il reste des traits préparatoires sur certaines surfaces ainsi délimitées. Il ne s'agit pas de dessins d'enfant, mais le degré de simplification donne parfois l'impression de dessins à destination d'enfants. Certains contours sont un peu grossiers, mal finis. En particuliers les traits des visages donnent une impression de dessin rapide : 3 traits pour les lèves, un gros point pour chaque oeil, un ou deux traits pour chaque sourcil, des traits vite faits pour les cheveux. Pourtant malgré cette apparente désinvolture graphique, chaque personnage est immédiatement identifiable, avec un visage, une morphologie reconnaissables. Contre toute attente, le lecteur déchiffre également des émotions complexes qui s'affichent sur les visages.

Au fil des pages, le lecteur se rend compte que Matt Kindt privilégie l'aspect narratif des dessins, plutôt que leur qualité esthétique en tant qu'image prise une par une. Effectivement sa mise en scène se révèle impeccable : claire, visuelle et efficace. le lecteur n'éprouve à aucun moment l'impression de ne pas comprendre ce qui est en train de se passer sous ses yeux. Certains dessins sont peut-être un peu imprécis, c'est-à-dire qu'ils sont très éloignés du degré de détail d'une photographie, mais il n'y a pas de doute sur ce qui est représenté. Pourtant les séquences engrangent les éléments de nature diverse et variée : cocktail Molotov, librairie, toilettes d'un bar, vieille mission espagnole, toitures en tuile ou en zinc, machine à écrire, dauphin, forêt de bambou, camp d'entraînement militaire, etc. La liste est longue et très hétéroclite. de la même manière, la mise en scène rend vivante les conversations par des changements d'angle de vue, par des plans qui permettent de voir ce que font les personnages, par leurs déplacements. Enfin les séquences d'action sont vivantes que ce soit par la vivacité de la représentation du mouvement (le parcours à moto, la course poursuite sur les toits), ou par la force des coups assénés (le carnage à Zanzibar).

Le lecteur se rend compte qu'il s'habitue tout aussi facilement aux instructions qui courent le long de la bordure gauche des pages, soit en les lisant avant de lire les cases de la page, soit en les lisant par paquets de 5 ou 6 et en se demandant si elles ont un lien direct avec l'action sur la page (il y a au moins un passage dans ce cas-là). La gestion des remarques de la voix désincarnée s'avère un peu plus délicate, car le lecteur doit à la fois voir en quoi la remarque se rapporte à ce qui est montré dans la case, mais aussi les garder en mémoire pour les réévaluer une fois qu'il a compris qui les a prononcées. Comme il n'y en a pas énormément et que le phénomène disparaît une fois l'identité du locuteur révélé, cela ne représente pas un effort insurmontable.

Il reste encore au lecteur à profiter des 2 pages de fin d'épisode. Chaque numéro comprend 24 pages, 22 consacrées à l'histoire principale, et les 2 dernières présentant un personnage ayant appartenu à l'organisation Mind Management. le lecteur fait ainsi la connaissance de Duncan Jones (le futuriste), des jumelles Perrier, de Karl Box (le publicitaire), d'Ella Jean (Animal kid), de l'Archiviste (un réseau de moines écrivant l'Histoire de l'humanité), de Rico Stane (le tireur d'élite). L'épisode zéro apporte des précisions sur un autre agent, sur les conditions dans lesquelles Meru Marlow a écrit son livre (portant le titre de Prémédité), et sur l'un des premiers agents recrutés pendant la première guerre mondiale. Ces courts récits étoffent la toile de fond du récit lui donnant plus d'épaisseur, sans surcharger la lecture de ce tome.

Une fois ces ajustements effectués, le lecteur est sous l'emprise des choix narratifs du créateur. Passé le premier épisode, l'histoire s'avère étonnamment facile à suivre. le scénariste déroule son récit en suivant un personnage principal : Meru Marlow. Grâce à cet ancrage central, le lecteur peut alors facilement remettre de l'ordre dans les séquences présentées dans un savant désordre chronologique. Il reçoit, comme elle, les informations relatives à Henry Lime, et à l'organisation dont il a fait partie. Kindt a pris soin de faire découvrir la situation par les yeux d'une personne novice, c'est-à-dire dans la même situation que le lecteur. L'histoire s'inscrit dans le genre espionnage et anticipation, le titre renvoyant à des capacités psychiques extraordinaires (Mind management). Les choix narratifs permettent de faire ressortir que ces dons parapsychiques placent les individus dans une situation de pouvoir. La manière dont ils les utilisent renvoient une image déformée et surtout amplifiée de la place de l'individu dans la société, derrière des conventions de divertissement. En particulier l'histoire d'Henry Lime s'avère être une réflexion délicate sur l'altérité et la capacité d'imposer sa volonté à autrui.

À la fin de ce premier tome sur 6, le lecteur en ressort dans un étrange état d'esprit. Il se dit que finalement cette lecture était un peu légère du point de vue de l'intrigue, oubliant par là même l'effort d'adaptation de son mode de lecture qu'il a dû faire. Il se dit que Matt Kindt ne fait que resservir des conventions très classiques des récits d'aventure, en oubliant la qualité de la tension narrative, l'inventivité des situations, la dimension ludique de cette histoire à laquelle le lecteur participe bien volontiers pour essayer d'en trouver le sens aux côtés de Merlu Marlow. Il se dit que l'auteur abuse un peu des clichés propres aux récits d'espionnage de la deuxième moitié du vingtième siècle, en oubliant à quel point ce récit est original. Il se dit que les dessins étaient vraiment quelconques, en oubliant toute leur originalité graphique et l'aisance de lecture qui en découle, et qui ne sacrifie en rien la densité narrative. Ce premier tome est à nul pareil, introduisant un monde complexe, une intrigue riche, et un regard décalé sur la volonté de l'individu.

En repensant à sa lecture, le lecteur éprouve même des difficultés à croire que ces épisodes contenaient autant d'éléments. Est-ce que vraiment Matt Kindt a réussi à comparer Meru Marlow à une princesse chinoise en habits traditionnels ? Oui, un petit retour en arrière prouve que l'auteur a réussi à imprimer cette image dans l'esprit du lecteur. Il a également réussi à parler de politique étrangère, avec une évocation de la guerre en Iraq, de la maltraitance des animaux et de la relation que l'individu entretient avec son milieu social. L'auteur ne se gargarise ni d'un vocabulaire psychanalytique, ni de termes de science-fiction. Il utilise les incroyables capacités psychiques de certains personnages comme une métaphore de l'individu imposant sa volonté aux personnes qui l'entourent. Là où le commun des mortels le fait avec des actes et des paroles, les recrues de Mind MGMT le font par la puissance de leur esprit, mais le principe reste le même. En écoutant l'histoire personnelle d'Henry Lyme (un clin d'oeil à Harry Lime, le mystérieux personnage du film le troisième homme d'Orson Welles, 1949), le lecteur est amené à s'interroger sur ses propres interactions avec les personnes qu'il côtoie et l'environnement dans lequel il évolue. Cela l'amène à une réflexion existentielle sur l'impossibilité de s'émanciper de l'égocentrisme de la condition humaine.

Dans ce premier, Matt Kindt développe un environnement très riche, en utilisant divers modes narratifs (les remarques dans la marge, les présentations de personnages en fin d'épisode) dans lequel il utilise des conventions de récits d'espionnage. Ces éléments viennent nourrir le récit, et l'auteur s'en sert pour bâtir plus vite sa toile de fond, et pouvoir ainsi aborder des questions philosophiques sur l'existence, la relation de l'individu à son environnement.
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critiques presse (1)
Actualitte
27 février 2020
Règlements de compte dans les toilettes, poursuite de toit en toit, tentative d'assassinat à bord d'un avion, puis sur une jonque au fond de l'Asie, tous les clichés du récit d'action et d'aventure sont convoqués par l'auteur pour mieux nous embarquer dans son histoire de... dingues.
Lire la critique sur le site : Actualitte

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Vidéo de Matt Kindt
La conclusion de la saga épique de l'immortel B., créée par Keanu Reeves, co-scénarisée par Matt Kindt (Folklords, Grass Kings) et dessinée par Ron Garney (Wolverine, Captain America), bientôt adaptée sur Netflix. Dans cet ultime tome de la trilogie, les anciens mystères sur les origines de notre anti-héros et son destin final sont dévoilés ! Alors que la fureur de B. se déchaîne, une nouvelle découverte promet d'apporter les réponses qu'il cherche depuis des siècles. Mais alors que l'équipe voyage pour enfin comprendre les mystères de la naissance de B., va-t-il atteindre son objectif, ou tous ses efforts auront-ils été vains ?
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