Étrange paradoxe, se dit-il, se référer à l'appréciation des autres pour demeurer étranger à soi-même. Et puis, qui sont les autres, sinon des désillusions potentielles? On se confie à quelqu'un, immédiatement on devient son otage; on s'éprend d'une personne et, d'un coup, on se met à découvert; on s'habitue à un être cher et, s'il vient à disparaître, il ne laisse que chagrin et déroute derrière lui.
page 101.
Ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler, tu ne penses pas? Il m'arrive de causer seul, mais que puis-je me dire que je ne sache déjà? On est rien sans les autres.
page 80.
Eh oui, il y a des nations qui construisent des panthéons pour leurs génies, et d'autres qui les vouent aux gémonies.
page 50.
Quand je serai guéri, j'irai dans un pays où les gens sont tellement gentils qu'ils ne t'adressent même pas la parole. Ti dis bonjour, tu dis salam, personne ne remarque que t'es là. Sûr que ça me botterait de vivre dans un coin où il y a du monde et où tu passes inaperçu. Je veux pas finir dans ce camp d'internement. Si l'enfer existe, il ne peut pas être aussi chiant qu'ici.
page 42.
Dieu n'est disponible que pour les morts, Adem... Quand aux vivants, ils n'ont qu'à se démerder.
page 16.
Lorsque l'évidence vous met au pied du mur et que l'on s"évertue à chercher dans l'indignation de quoi se voiler la face, on ne pose pas les bonnes questions, on triche avec soi-même.
page 14.
Tu me prends pour qui? Pour une branche qu'on écarte pour poursuivre son chemin comme si de rien n'était? Je suis de chair et de sang. Tu n'as pas le droit de ma faire ça. Je suis ton mari. Tu es mon épouse. Il y a un contrat moral auquel on ne déroge pas, des limites que nous ne sommes pas autorisés à franchir. reprends-toi, bon sang. Dis-moi que tu me fais marcher, que tu ne penses pas un mot de ce que tu racontes.
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Il y a trois choses qui ne connaissent ni satiété ni retenue... la gloire, le pouvoir et l'argent.
Une femme a le droit de se défaire d'un homme qui la déçoit , ou qui la maltraite, ou bien qui la retient en otage. Elle doit vivre sa vie comme elle l'entend. Elle n'a pas à sacrifier son bonheur pour qui que ce soit.
Le guerrier, le vrai, est celui qui met ses pas dans la marche de son temps, un livre sous le bras. Car l'ennemi implacable, l'ennemi de toujours, l'ennemi commun est l'arrogance.