Je suis là, devant ma feuille, un crayon à la main, et les idées se bousculent dans ma tête suite à cette lecture. Elles ne manquent pas donc, et pourtant, j'ai du mal à trouver mes mots, à organiser mes idées. Que dire ? Comment le dire ? Faut-il le dire ? Il faudrait que je publie ce billet sous sa forme brute pour que cela reflète le chamboulement interne et le fourmillement anarchique de mes pensées. Elles filent, je n'arrive pas à les attraper, à les aligner correctement. C'est fou ! Habituellement, la critique vient toute seule, les mots coulent sur le papier sans trop d'efforts ou de ratures. Ce n'est pas le cas ici ! … Je regarde la couverture et je vois Algernon qui tourne dans la tête de Charlie... Ma tête ? *criii* ça grince...
Bah merde alors, je ne suis pourtant pas si fleur bleue que ça habituellement. Rares sont les récits, quel que soit le support, étiquetés comme "poignants", "humain", "touchant", qui me font de l'effet. Et pourtant, «
Des fleurs pour Algernon » ne m'aura pas laissé de marbre. Je pense avoir passé en revue l'intégralité du spectre émotionnel lors de cette lecture, c'est perturbant. Je suis passé par toutes les couleurs sans pouvoir définir laquelle prédomine à la fin. Je pense à Algernon, à Charlie, Alice, Fay, Norma, Rose, Gimpy, Matt, Burt, Nemur et les autres. Je revois leurs actes et leurs pensées, je condamne et puis je cautionne, ou l'inverse, je reste de marbre et je suis ému, ou l'inverse, peu importe. Dans ces pages, l'être humain est exposé sans far ni poudre, sans artifices, il est présenté dans toute sa complexe simplicité, c'est désarmant. À peine embarqué par un (res-)sentiment, le cadre s'élargit, l'éclairage est modifié, enrichi. Je pourrais disserter en long, en large et en travers sur les considérations éthiques soulevées dans ce roman, les dilemmes sociaux, les notions d'intelligence et de « nature humaine », des différents points de vue qui animent les personnages en fonction de leur vécu, comment ces notions ont résonné à travers mes propres souvenirs, convictions etc. Peut-être plus tard, avec du recul, quand j'aurais réussi à digérer ce petit monceau d'humanité que représente ce livre. Pour l'instant, j'ai juste envie d'aller cueillir
des fleurs pour Algernon et Charlie.