Joona s'interroge sur le paradoxe qui entoure le mot autopsie.
L'origine latine du terme suédois signifie recouvrir, cacher, alors que, en réalité, c'est tout le contraire.
Peut-être a-t-on inconsciemment voulu insister sur l'idée de fermeture une fois que le corps est enfin recousu et que l'intérieur est de nouveau caché aux regards.
Un bip lui annonce qu'il a reçu un SMS. encore un numéro masqué . Il ouvre et lit : peux-tu hypnotiser un cadavre ?
Comme le feu, exactement comme le feu. Ce furent les premiers mots du garçon hypnotisé. Malgré des blessures mortelles - des centaines de coups de couteau au visage, sur les jambes, le tronc, le dos, sous les pieds, sur la nuque et derrière la tête -, on l'avait plongé dans une hypnose profonde dans l'espoir de voir ce qui s'était passé à travers ses yeux.
J'essaie de cligner des yeux, dit-il d'une voix tremblante. J'entre dans la cuisine, mais quelque chose ne va pas, ça crépite entre les chaises et des langues de feu lèchent le sol.
L'agent de police qui l'avait découvert parmi les autres corps dans la maison d'un lotissement l'avait cru mort.
Il avait perdu beaucoup de sang, était en état de choc et n'avait repris connaissance que sept heures plus tard.
Il était le seul témoin survivant et l'inspecteur principal Joona Linna se disait qu'il serait peut-être en mesure de donner un signalement valable. L'auteur du crime avait eu l'intention de tous les assassiner, il était donc tout à fait possible qu'il n'ait pas pris la peine de se cacher le visage pendant l'acte.
Mais, si les circonstances n'avaient pas été si exceptionnelles personne n'aurait jamais eu l'idée de faire appel à un hypnotiseur.
Erik observe ensuite son fils un long moment. Des larmes rentrées lui serrent la gorge. Benjamin mange ses frites, le visage grave. Il est perdu dans ses pensées. Ses yeux sont vides et fixes, il est happé par ses souvenirs et les abîmes de néant qui les séparent. Erik tend son bras valide, serre les doigts de son fils et le voit lever la tête.
- Les morts ne sont pas tout à fait morts, dit Joona qui frémit en devinant un mouvement fantomatique dans le bras mou de Katja Ek.
- Mortui vivos docent- les morts enseignent aux vivants, répond l'Aiguille en sourient pour lui-même tandis que Frippe et lui retournent le corps.
- Dites que vous demandez un congé, ordonna-t-elle sévèrement.
- Quelle putain de mascarade ! m'exclamai-je en riant, puis je quittai le bureau.
Une tête sur des pieds, se dit-il soudain. Juste un cerveau, pas de coeur.
- La personne à dû s'en procurer dans un hôpital ou une clinique vétérinaire. Nous en prescrivons très peu, ça entraîne une très forte dépendance. Mais on dirait que ta femme a eu une sacrée chance.
- Comment ça ?
- Elle est en vie.
... l'une de mes thèses, la plus audacieuse, la plus frappante aussi, était fondée sur la structure ancienne de la fable : dépeindre les gens sous forme d'animaux est l'une des plus vieilles façons de parler de choses interdites, trop effrayantes ou trop attirantes.
Elle comprend qu'il ne compte pas laisser tomber avant d'avoir capté son attention. Comme tant d'hommes, il ne semble pas comprendre que les femmes ont leur propre vie, leurs propres pensées, qu'elles ne vivent pas uniquement pour boire leurs paroles.