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Critique de Creisifiction


Tout écrivain, n'est-ce pas, même parmi les plus grands, aura publié des livres qu'on considérera « moins bons », voire parfois pas bons du tout, c'est à dire carrément ratés!
Suis-je tombé dans ce cas, en commençant la lecture de l'oeuvre d'Ismail Kadaré, salué par la critique et par de très nombreux lecteurs dans le monde entier comme l'un des plus grands écrivains européens contemporains, par ce livre qui m'aura profondément déçu?

D'une part, un récit que j'ai trouvé trop éclaté, sans vrai fil conducteur, hésitant entre différentes approches narratives, pour la plupart, à mon sens, inabouties. Puisant pêle-mêle dans des sources à la fois romanesques et existentielles, historiques, sociologiques, politiques, métaphysiques et/ou mythologiques, quasiment tout dans ce livre reste inexpliqué, ou peu développé, voire par moment introduit puis abandonné tout simplement. (Qui est Zef, par exemple, l'ami proche que Mark semble chercher, sans véritablement chercher d'ailleurs, et dont on n'aura plus aucune nouvelle dans le développement postérieur du récit ?).

D'autre part, des personnages qui ne m'auront suscité aucune empathie, aucune identification (c'est la moindre des choses, il me semble, que puisse attendre un lecteur qui s'investit !!).

À commencer par Mark Gurabardhi, l'artiste, personnage central et sorte de Mersault encore plus inconsistant que l'original, qui ne passe même pas à l'acte comme le personnage de Camus, ne s'engageant à pas grand'chose, si ce n'est peut-être à avoir peur de se prendre une balle perdue par la baie vitrée de son atelier, à s'accommoder tant soit peu à la réalité environnante d'un ville de province où il se sent étranger, et à faire l'amour avec son amie et modèle de laquelle il ne sait pas grand'chose non plus, même pas son nom de famille!

Bien-sûr, on pourra toujours invoquer l'argument que c'est exactement ce que l'auteur voulait décrire, à savoir le « flou » qui a suivi la fin de la dictature communiste en Albanie, à partir de années 1990, les premiers pas, encore incertains à l'époque, d'une nouvelle démocratie en train de se chercher et, surtout, l'insécurité face à l'avenir, associée à l'angoisse de la résurgence de vieux fantômes restés ensevelis longtemps par la répression du régime communiste, dont notamment la « kanun », code d'honneur traditionnel albanais d'origine médiévale basé sur l'honneur et la "vendetta" entre familles et clans, entraînant à nouveau dans les régions reculées du nord du pays de nombreux bains de sang en série.

Certes...
Néanmoins, de mon point de vue de lecteur, je trouve qu'on ne réussit pas forcément à décrire le "flou" par une écriture et une construction de récit qui seraient elles-même "floues", abusivement elliptiques ou laissées inabouties, comme c'est le cas de ces Froides Fleurs d'Avril, ni tout à fait allégoriques, ni vraiment réalistes.

En définitive, je reste sur ma faim sur ce plat choisi au hasard, servi trop froid à mon goût..!
Et concernant la cuisine de cet auteur, j'espère à l'avenir être conseillé préalablement par de vrais "connaisseurs", avant de m'y risquer à nouveau...

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