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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comme tous les ans, le collectif des Indés de l'Imaginaire composé de maisons d'édition spécialisées (Les Moutons Électriques, Mnémos et ActuSF) a publié ses trois « pépites », des romans écrits par de jeunes auteurs et autrices jugés particulièrement prometteurs. Chez Mnémos, c'est Louise Jouveshomme qui se retrouve cette année en tête d'affiche avec le premier tome d'un diptyque baptisé « Neighian ». Il s'agit là du premier roman de l'autrice dont le deuxième volume devrait paraître dès la fin d'année. L'ouvrage met en scène un univers de fantasy relativement classique dans lequel cohabitent plus ou moins difficilement dix peuples, eux-mêmes répartis dans plusieurs royaumes. Vampire, loup, troll, elfe, sirène, humain… : la plupart ne diffèrent guère du bestiaire traditionnellement utilisé en fantasy, et les quelques exceptions ne sont pour le moment pas suffisamment développées pour être considérés comme une véritable touche de singularité. le continent dans lequel l'histoire se déroule est donc peuplé d'une multitude de populations autrefois ennemies mais désormais rassemblées au sein d'une seule et même Union dont les fameux « Neighian », un ordre militaire basé en territoire neutre, sont chargés de veiller à la stabilité. Un conseil réunissant des représentants de chaque peuple a quant à lui pour mission de légiférer et de régler pacifiquement les litiges opposants les royaumes. Seulement cette Union commence à se faire vieille et à craquer de toute part. Une affaire en particulier va venir accélérer la déliquescence de l'alliance des dix peuples puisque, au Nord, le fils d'un seigneur elfe s'est rendu coupable du meurtre d'un chef de meute loup. A cette menace de guerre civile s'ajoute celle des Pervertis, créatures corrompues par une puissance obscure s'attaquant aux voyageurs et aux villages isolés et dont la nuisance ne fait que se renforcer. C'est dans ce contexte pour le moins perturbé qu'une Neighian, Heltia, se voit confier par son supérieur une mission visant à apaiser les tensions au Nord en prenant la tête d'une délégation. Réunissant également un elfe et un loup, celle-ci a pour destination le royaume des sirènes, prophétesses renommées dont seule la parole pourrait être à même de disculper le peuple des elfes en affirmant que l'assassin a agi de sa propre volonté. Semé d'embûche, le périple de notre héroïne ne va évidemment pas se dérouler comme prévu.

Présenté comme un véritable coup de coeur de la part de l'éditeur, le roman m'a laissée un sentiment assez mitigé. Bien que baignant dans un cadre relativement classique et réutilisant la plupart des codes propres au médiéval-fantastique, l'intrigue fourmille de bonnes idées qui permettent de donner davantage d'épaisseur à l'univers qui se révèle finalement d'assez bonne facture. L'autrice a en effet pris soin de soigner son décor, agrémentant le récit de nombreuses précisions ou anecdotes portant sur tout ce qui peu donner de la consistance à un monde de fantasy : ses traditions, son histoire, son langage, ses paysages… Cet aspect là est donc plutôt réussi, mais il s'accompagne également de maladresses qui nuisent parfois à la fluidité de la lecture. On se retrouve en effet régulièrement noyé de détails qui visent à souligner la richesse de l'univers mais ont surtout pour effet de brouiller la narration. Les petits apartés présents à chaque début de chapitres et visant à mettre en lumière un aspect particulier de l'univers (comme cela se fait souvent en fantasy) ne sont par exemple pas toujours très appropriés car trop pointus ou déconnectés de l'intrigue. de même, l'accumulation de références à des faits passés ou des croyances populaires, ou encore l'utilisation d'expressions inconnues du lecteur, finissent par perdre de leur charme et provoquer au contraire une impression de lourdeur. Il s'agit d'ailleurs là du coeur des reproches que l'on peut faire au roman qui se révèle beaucoup trop dense et aurait largement mérité d'être aéré, voire élagué, afin de gagner en fluidité. La première partie, notamment, peut s'avérer parfois assez indigeste, plombée par des descriptions qui n'en finissent pas et qui prennent trop souvent le pas sur l'intrigue. Cela s'améliore dans la seconde moitié de l'ouvrage dans laquelle l'autrice lève un peu le pied sur la présentation du cadre pour entrer enfin dans le vif du sujet et se concentrer davantage sur ce qui arrive à ses personnages et sur les évolutions géopolitiques de son univers. L'impression de lourdeur évoquée plus haut tient également, dans la première partie du moins, à une narration omniprésente et au peu de place accordé aux dialogues. On a ainsi à faire à des blocs de textes qui défilent page après page sans aucune respiration pour le lecteur ni possibilité pour les personnages de s'exprimer directement. Ce manque se ressent même dans le style de l'autrice dans la mesure où le ton plus familier utilisé lors de certains passages laissent à penser que le style direct aurait du être privilégié (l'absence de l'adverbe « ne » dans une phrase narrative négative est par exemple courante dans le but, sans doute de donner l'illusion du style direct, mais cela se révèle plus déstabilisant qu'efficace).

L'intrigue, elle, est très lente à démarrer, au point qu'on serait dans un premier temps tenté de croire que le voyage à destination du repère des sirènes pourrait constituer le seul et unique fil rouge de l'histoire. Il n'en est heureusement rien et le récit finit par accélérer et finalement décoller dans une deuxième partie qui met l'accent sur les enjeux politiques de la guerre civile qui couve. Les rebondissements ne sont pas légion mais l'autrice réussit tout de même à mettre en scène de jolis coups de théâtre qui viennent relancer (toujours dans la seconde partie) l'intérêt du lecteur. Les personnages, eux, sont en demi-teintes. Heltia est une héroïne froide qui maintient tout au long de ce premier tome une grande distance avec tout le monde, ce qui rend difficile de s'y attacher. L'armure dont se part la protagoniste ne se fendille ainsi que rarement, la rendant difficile à cerner, et ce malgré le fait que l'essentiel du récit nous est narré selon son point de vue. Les autres personnages sont encore plus en retraits mais certains parviennent à titiller la curiosité du lecteur, comme c'est le cas de l'elfe taiseux qui voyage avec la Neighian, ou encore du chef de son ordre, le vampire Ebleon. D'autres encore ne font que des passages éclairs, le récit se décentrant alors du personnage d'Heltia pour se focaliser sur un ou une anonyme dont le lien avec le reste de l'histoire est parfois bien trop flou et renforce l'impression brouillonne déjà évoquée.

Avec « Neighian » Louise Jouveshomme signe un premier roman prometteur mais perfectible qui séduit par la richesse de son univers et la complexité de son intrigue mais qui souffre, aussi, d'une trop grande lourdeur due à une abondance de détails sur l'univers et à un mode de narration pas toujours approprié. Bien que lente à démarrer l'histoire se fait de plus en plus intéressante à mesure que l'on s'approche de la fin, si bien qu'on ne peut s'empêcher, malgré les maladresses, de vouloir connaître la suite.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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J'ai d'abord été attirée par la couverture. Malheureusement je n'ai pas apprécié cette lecture. Même si l'univers et les personnages sont bien construit, je n'ai pas réussi à accrocher.
J'ai trouvé l'ensemble trop mou. Je m'attendais à tellement plus d'action.
Je passe mon tour pour le tome 2.
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Lecture très exigeante, formulation complexe, un style plutôt soutenu mêlé de sarcasme, une association déroutante de familiarité (à la limite de la vulgarité) et de déférence qui met la plume sur la complexité de l'univers du roman. Voilà comment je résumerais ce roman complexe et pointilleux.
L'autrice a travaillé sur une fantasy de haute qualité qui rappelle un Tolkien ou un Martin. Catapulté dans leur monde sans mode d'emploi, c'est la chute dans le grand bassin sans les brassards, il y a intérêt à comprendre rapidement sinon impossible d'apprécier ou même de continuer le roman. Pourtant habituée à ces catapultages dans l'inconnu, cette fois-ci la magie n'a pas pu prendre le dessus et je devais sans cesse relire trois fois la même page pour réussir à imbriquer les morceaux du puzzle que l'auteur nous envoie à l'aveugle. En partie par le vocabulaire utilisé, on se sent à mi chemin entre le moyen-âge et carrément une autre langue. J'ai parfois croisé des phrases où en dehors des pronoms ou déterminants, je ne comprenais tout simplement rien. Alors qu'on est sur un style extrêmement contemplatif et descriptif (à l'outrance je dirais même), rien n'est expliqué sur l'univers où nous débarquons, il faut absolument tout deviner, jusqu'à l'espèce des personnages alors que les villes sont décrites et personnifiées comme rarement.
J'ai achevé ma lecture uniquement parce que c'était une masse critique, mais à contre coeur et en la survolant. J'ai fini par lâcher l'affaire et juste "lire" les phrases mais sans en comprendre le sens la plupart du temps parce que je n'avais pas envie de subir cette concentration indispensable au milieu d'une fatigue incompatible. Je suis déçue de cette lecture parce que j'avais perçu un grand univers bien imaginé, complexe et sombre, et j'avais raison, il est tout ça. Mais son écriture balaie malheureusement tout le reste et va bloquer beaucoup de lecteurs alors que l'histoire mérite du succès.
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Je me suis jetée sur Neighian, faisant une confiance absolue aux éditions Mnémos - Quand en plus l'ouvrage est annoncé "Pépite de l'imaginaire 2023", il n'y a pas une minute à perdre !
... Peut-être en attendais-je trop ?
L'intrigue repose sur la menace d'une guerre provoquée par un meurtre. Une base certes classique, mais surtout efficace, qui permet de créer une délégation de différents personnages, et surtout de différentes créatures (vampires, elfes,... et surtout les fameux neighian qui donnent leurs noms à l'ouvrage). Une construction classique, et un univers de dark fantasy qui donne envie d'être découvert. Des personnages complexes, anti-héros et badass pour la plupart.
Pourtant, je n'ai jamais réussie à entrer dans l'histoire : les descriptions très détaillées m'ont perdues, et surtout, ont dilué mon intérêt au fur et à mesure des pages. J'ai tenté de m'accrocher, mais en vain. Je ne suis pas contre un peu de description, on sent que l'autrice a énormément réfléchit à son univers, et qu'elle le présente au lecteur avec plaisir. Mais là, c'était trop pour moi.
Je n'ai également pas réussie à éprouver quoi que ce soit pour les personnages : pas de sympathie, ni même de haine, rien du tout, zéro empathie. Je ne me suis pas attaché à eux, et l'histoire a fini par me lasser, car j'ai eu un très net sentiment de ne pas avancer : le groupe voyage, et malgré les embûches de leur périple, c'est avant tout très monotone. Ajoutons à cela un texte écrit tout petit, avec des marges très étroites, et le tout sur presque 600 pages : ma vue en a pris un coup !
Bref, pour ma part, je suis complètement passée à côté. L'ouvrage n'en est pas dénué de qualité, loin de là, et pour un premier roman, c'est épatant. Je n'étais juste pas la bonne cliente. A conseiller toutefois aux amateurs de dark fantasy aux univers complexes et détaillés !
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Tout d'abord, je remercie les éditions Mnémos pour l'envoi de ce roman !
J'avais quelques idées de ce que j'allais rencontrer dans Neighian (des créatures fantastiques tels que des loup-garous, des elfes…), de l'aventure et du complot. Ces éléments ont été au rendez-vous et l'originalité en plus. Clairement, si Neighian part d'un postulat simple (un meurtre qui génère des tensions entre différents peuples d'un continent et implique la menace d'une guerre), la façon dont c'est traité, le choix des typologies de personnages, d'introduction de l'univers, de style narratif… C'est là que L. Jouveshomme a sorti ses atouts et prouvé qu'on peut encore écrire sur les elfes, les vampires, les nains, tout ça mélangé, de façon à surprendre.
Pour moi, la créativité vient avant tout du style d'écriture et de la palette de personnages qui ont tous plus ou moins une vibe "anti-héros".
Pour moi, ça a été une lecture mitigée. Et ce qui m'a le plus bloqué est le style d'écriture et la narration. Je suis un peu frustrée de n'avoir pas pu complètement apprécier ma lecture à cause de ça, car les personnages sont intéressants dans leur côté atypique et l'univers recèle d'enjeux. Malheureusement, c'était beaucoup trop descriptif et contemplatif pour moi. Ecrit dans un autre style, ce T1 de plus de 500p aurait pu en faire 300. Je n'ai jamais aimé les récits de fantasy portés par les longs voyages accompagnés de descriptifs et c'est malheureusement ce qui arrive dans une bonne partie du roman. Les 150 dernières pages ont été plus palpitantes avec plus d'action et des révélations, mais j'ai eu du mal à rentrer dans le livre et j'ai même lu certains passages en diagonale car c'était que de la description.
A cause de ça, j'ai en plus eu un sentiment de redondance pendant le voyage des protagonistes. Ils passaient de ville en ville, mais j'ai eu cette impression de lire la même chose en boucle pendant 200 pages et c'était très frustrant. Pour autant, je sais que c'est un ressenti complètement personnel et que ce côté plus contemplatif, bourré des descriptions sensorielles, plaira à d'autres lecteurs. En ce qui concerne le style d'écriture en lui-même, je reconnais à L. Jouveshomme un vocabulaire riche, recherché et un jeu autour des niveaux de langage très intéressant. On sent que la langue française est un terrain de jeu pour elle et qu'elle s'éclate avec.
Pour parler des personnages, comme je le mentionnais, j'ai eu cette impression "d'anti-héros" assez flagrante. L'héroïne est brute de décoffrage, elle reste mystérieuse et assez inaccessible dans ses pensées et émotions profondes. On se concentre beaucoup plus sur ses ressentis physiques qu'émotionnels. Les personnages secondaires jouent sur d'autres typologies de caractère, mais j'ai rapidement ressenti un bon travail sur eux et qui me donne envie de connaître leur avenir avec le T2.
Enfin, l'univers a été à la fois un point très intéressant et un point très frustrant pour moi dans ce T1. Evidemment, le lore est toujours un élément hyper cool à explorer en fantasy et j'adore découvrir les univers que s'inventent les auteurs. Ici, nous avons un continent au bord de l'asphyxie, étouffé par des tensions territoriales, politiques et raciales. Cette imminence de guerre reste en arrière-plan car nous partons à "l'aventure" avec l'héroïne et les personnages secondaires. Ce qui m'a le plus frustrée est le manque d'un lexique en fait je pense lol. Il y a pas mal de termes propres au lore de Neighian et l'autrice ne nous prend clairement pas par la main. Ce n'est pas tant de l'info-dumping que l'inverse : on en sait assez peu, peut-être pas assez pour saisir tous les enjeux et s'en inquiéter réellement. Et quand on nous apprend des choses, c'est de façon détournée et pas si exhaustive que ça. Pour le coup, j'aurais aimé qu'on m'accompagne un peu plus hehe.
Malgré cet avis mitigé, je suis curieuse de découvrir la suite car la dernière partie du roman a lâché quelques bombes scénaristiques qui me donnent bien envie de savoir quelle destinée vont connaître les personnages. J'espère juste que ce sera moins descriptif et plus tourné vers l'action ou les complots politiques (et je vote pour un listing des personnages du coup, car y'en a beaucoup et, pareil, difficile de s'en rappeler tous).
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