AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 694 notes


Le nouveau roman de Serge Joncour, "Chaleur Humaine", est un pas de plus posé sur la terre de nos grands-parents. Comment définir nos attaches familiales sans aller à la rencontre de nos terroirs, ces paysages que l'on définissait jadis par un terme vaguement savant, le monde rural.
Était-il un monde en croissance ou un ensemble à la dérive, comme des territoires mal définis. Parfois on évoque la ville et le désert des campagnes, s'y ajoute le terme médical pour souligner le manque de médecins...

La médaille du bon ordre républicain revient à l'énarque qui découpa la France en territoires, quand les randonneurs nostalgiques du passé continuent d'acheter tout simplement les guides de nos provinces.

Du monde rural aux espaces désertifiés, Serge Joncour n'a pas campé son récit dans la tradition des villages glorifiés de plus beaux villages. Il a gardé sa chaleur humaine en se portant à la rencontre des derniers mohicans encore ficelés à leurs investissements pantagruéliques que nécessiterait l'agriculture, ses productions modernisées et automatisées.

Porteur d'un message de bon sens, Serge Joncour est une fois de plus, touché par la richesse des apôtres du bien vivre et des amoureux de nos terroirs. Entretenu par sa connaissance de la nature, la délirante diversité des prairies, des plantes sauvages ou des forêts immortelles. Serge Joncour fait revivre ce présent souvent ignoré.

Les écrivains ou les poètes agriculteurs sont si rares et si peu connus, leurs visions du monde si marginales, que je souris quand des critiques les versent parmi les misanthropes. La modernité se moque des solitaires heureux qui marchent avec les renards ou qui se nourrissent de baies et de champignons. La Fontaine avait au moins le bon goût de côtoyer ses modèles dans les parcs de nos châteaux.

Depuis Chien Loup et malgré son humour décapant, notre écrivain national a construit avec Nature Humaine, une oeuvre d'une puissance comparable à celle de Pierre Michon dans Vies minuscules. Mais c'est aussi la marque de fabrique de ce défenseur de la nature de ne pas esquiver les grands enjeux de notre société.

Quel écrivain est parti en guerre contre le géant NETFLIX ? Quelle autorité a imaginé d'expliquer la main mise des grands distributeurs sur les agriculteurs isolés. Aux uns de faire des promesses, aux autres de financer les hangars de jeunes bovins, pour ne rien gagner en retour ? Quel romancier a mis en lumière l'inutilité de telle construction d'autoroute ?

Crayssac est ce personnage symbolique devenu récurrent depuis « Nature humaine » , qui nous interroge sur nos choix de société  ? Pour Alexandre, Crayssac est un sage gardien des valeurs du passé, il est son confident, ils sont si peu nombreux à vouloir rester éleveur et paysan.

Cette fiction n'est pas un acte anodin d'un écrivain catalogué parfois comme le joyeux luron des papous dans la tête. Serge Joncour s'affirme comme un lucide connaisseur de l'évolution de nos campagnes capable de faire sourire les bio, autant que les orateurs de l'agriculture productiviste, et il devient livre après livre un témoin solide de l'effritement de nos campagnes.

Dans ce roman, toutes les tendances de l'agriculture de nos provinces se croisent et s'interpellent ; qui a raison de construire les éoliennes, qui en perçoit les nuisances ? Pas les citadins. Qui s'attache à maintenir la vie dans cette campagne isolée et à quel prix ? Alexandre, celui qui est resté à la ferme, est bien le seul à soutenir les grands parents au jour le jour. C'est lui pas ses soeurs qui veille sur eux.

Qui s'implique concrètement et efficacement contre le réchauffement climatique ? Les gardiens de la terre imposent leur capacité à affronter tous les enjeux de nos climats.

Alexandre a dû tirer un trait sur une possible vie en famille avec son amie Constanze. Il a tout perdu, pour rien. Alors oui quand arrive le covid à Paris, c'est lui qui sauve sa famille et ses trois soeurs, c'est vers lui qu'elles se tournent. Les opposants d'une vie à la campagne, lui demandent le gîte et le couvert..

La fin est comme un grand éclat de rire à l'égard de ces citadins si mal élevés et qui mendient auprès d'Alexandre un peu de sagesse.

Je bénis le Quercy de nous avoir fait rencontrer un conteur si imprégné par la vraie vie et par les vraies valeurs. Un conteur qui sait si bien nous faire rire , comme lorsqu' il pose cette question ? Pourquoi dans les manifs parisiennes les personnes arrêtées sont au trois quart des hommes, oui les femmes courent plus vite. 

Commenter  J’apprécie          373
Genre : comédie apocalyptique

Quel livre étrange !
La quatrième de couverture, un brin grandiloquente, parle d'un « roman total ». Qui embrasse notre présent et nos fautes passées.
Une nouvelle version de la bible ?
Avec trois bichons comme héros ?
Pourquoi pas…
D'emblée le ton est donné et on se demande si Serge Joncour n'a pas écrit un roman à six mains avec Aymeric Caron et Michel Houellebecq. C'est drôle, bien écrit et impeccable moralement (ou impeccablement moral).
Joncour : « Je souhaitais écrire un roman sur une émotion collective, une sensation vécue non seulement par une famille ou un groupe, mais par toute une nation, le monde entier peut-être … »
Jugez plutôt :
L'action se déroule en février et mars 2020. Nous sommes aux Bertranges, coin perdu au fin fond du Lot. Alexandre, bientôt la soixantaine, a repris la ferme familiale, il élève vaches et veaux avec respect, rigueur, bon sens atavique et soucis de la biodiversité. Un gars solitaire et solaire, la figure centrale du livre (après les bichons). Il est fâché avec ses trois soeurs qui ont profité du partage pour faire ériger trois monstrueuses éoliennes qui le narguent, au loin. Il a une amoureuse géniale, résiliente, responsable d'une forêt protégée qui attire tous les savants du monde. Ils se retrouvent le week-end et n'ont pas d'enfant. Des enfants dans un monde pareil, c'est irresponsable et ça occulte la réalité. Ça oblige à penser à court terme, sur deux générations max.
Les parents d'Alexandre font du maraîchage à l'ancienne, au fond de la vallée où ils sont redescendus, pour mettre du beurre dans les épinards (petite retraite…). Ils ont un ouvrier agricole, Fredo, qui trempe dans divers magouilles.
Les soeurs s'avèrent moins pénibles que prévu. Elles habitent en ville : Rodez, Toulouse et Paris.
Et puis on suit l'avancée de la COVID, heure après heure, jour après jour. C'est vrai qu'on avait oublié…
L'inévitable se produit : tout le monde rapplique aux Bertranges. Et en particulier Agathe accompagnée de son ethylo-complotiste de mari et de ses deux ados perturbés.
La scène de l'Intermarché où Greg (le beauf d'Alexandre) provoque un début d'émeute est absolument tordante.

On apprend tout de même deux, trois bricoles: les pâturages naturels, l'épidémie de scolytes en cours qui ravagent les forêts, le rôle des blaireaux et des renards, l'ablation du rejet de l'artichaut, le repiquage des radis etc.
On le répète, le style est enlevé, ça se lit tout seul, c'est plaisant.
La dernière partie du livre est très sympa. Tout le monde sera de la partie, il y aura des surprises etc.

Mais on est très loin du roman total et, même si j'ai de l'affection pour Serge Joncour,
force est de reconnaître qu'il n'est pas un prophète.
Mais un bon romancier...
Commenter  J’apprécie          3720
oui c'est un beau roman ( mais je n'ai pas compris en quoi on le qualifie de "roman total" et je ne sais pas ce qu'est qu'un "roman total"), fondé sur la montée de la pandémie et la mise en place des mesures dans la France qui s'affole. On voit cette famille dispersée entre villes et campagne reprendre les tensions du passé à la lumière de ces nouvelles contraintes sanitaires; c'est fort bien écrit, rythmé avec des personnages bien sculptés ( crédibles, ni héros, ni transparent) ...l'intrigue avance sans que l'on puisse imaginer de quelle coté la piece va tomber....je vous laisse le découvrir par vous même.
Commenter  J’apprécie          360
En me rendant compte que ce roman allait parler du COVID, j'ai été un peu chagriné, ai-je vraiment envie de me plonger là dedans ? N'a-t-on pas assez souffert ? Et puis j'ai pris sur moi, je me suis lancé, et je n'ai pas regretté. J'ai même bien aimé ma lecture.

Je ne connaissais pas Serge Joncour, c'est le premier roman que je lis de lui, et je me suis rendu compte que les personnages que l'on rencontre dans Chaleur Humaine ont déjà été utilisés dans un autre de ses romans. J'imagine que cela permet de mieux les connaître, en tout cas cela ne m'a pas gêné dans ma lecture.

Je me suis laissé porté par l'histoire, qui est plutôt simple mais efficace, je tenais à savoir comment les personnages allaient évoluer, et je les ai trouvé très crédibles, et en lisant on repense également aux scènes que l'on a vécu durant ces années si spéciales.

Une belle surprise et une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          362
L'auteur m'a replongée dans cette période difficile de l'épidémie de COVID. En fait, j'avais oublié, et pourtant ce n'est pas si vieux, à quel point la panique avait envahi la planète. Depuis la grippe espagnole de 1918, qui a fait quand même entre 30 et 50 millions de morts, le Monde n'avait pas connu semblable pandémie et personne ne savait comment l'endiguer.
Pour Serge Joncour, c'est un prétexte pour nous démontrer que lorsque l'Homme s'arrête, la Nature repart. Et il fait ça avec beaucoup de tendresse ( ses personnages sont très attachants ) et d'empathie.
J'ai beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie          340
A 58 ans, Alexandre est un agriculteur qui mène une vie bien réglée, entre ses parents qui vieillissent doucement et son amoureuse de toujours Constanze, conservatrice de réserve. Ses trois soeurs se sont éloignées et mènent une vue citadine, loin de ce frère qu'elles ne comprennent plus. Mais quand le Covid fait son apparition, la demeure d'Alexandre, les Bertranges, devient l'arche où toute la famille va se réfugier. Caroline, professeure divorcée, Agathe et sa tribu, Vanessa la Parisienne : voilà la famille réunie à nouveau . Et la routine d'Alexandre vole en éclats…

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir les personnages de « Nature humaine » ! Les personnages ont mûri et ont gagné en épaisseur. le contexte historique (les gilets jaunes, le covid, le confinement) est traité avec un humour qui fait du bien (les réflexions des parents devant les différentes annonces gouvernementales à la télévision ou l'agitation du restaurateur Greg ! 😊). Il y a des scènes très drôles (les patates ! 😊, les bêtises des chiots), qui alternent avec des moments plus émouvants (ceux dans la réserve) . le roman mêle adroitement le récit avec des fils conducteurs (sauver les chiots car ces pauvres bêtes sont souvent en difficulté !, l'arrivée successive des soeurs), avec des thèmes importants qui font réfléchir (l'Humain et la Nature, l'écologie, le vivre ensemble, l'importance de la famille…). J'ai refermé ce livre avec un peu de tristesse, espérant retrouver bientôt les aventures de cette famille qui a su se retrouver, malgré ses différences.
Et j'avoue : j'ai vite relu « Nature Humaine », car si je me souvenais bien du conflit lié aux éoliennes, je ne me souvenais plus vraiment de tous les personnages (la famille d'Agathe / de Caroline…). Donc, mon conseil : (re) lisez « Nature humaine » pour apprécier encore plus « Chaleur humaine » ! 😊
Commenter  J’apprécie          341
On va suivre, du début de janvier à la fin de mars 2020, le quotidien d'une famille aux Bertranges, dans la ferme d'Alexandre et de ses parents. Alors que l'on redoute à nouveau la grippe aviaire et la tuberculose bovine, et que chacun travaille au quotidien, les parents et les légumes, car il se sont reconvertis, à la retraite, laissant la maison d'enfance et l'élevage à Alexandre.

A la suite du partage, ses soeurs ont hérité d'un bout de terre et chacune a fait installer une éolienne, au grand dam d'Alexandre, car elles défigurent le paysage (sans oublier la nuisance sonore) et depuis tout le monde est fâché : Vanessa, Agathe et Caroline sont parties pour la ville où elles ont fait leur vie, traitant au passage leur frère de débile car il restait à la ferme.

Mais, une mystérieuse maladie fait son apparition, accompagnée du confinement et va venir rebattre les cartes : dès l'instant qu'il faut s'enfermer, la ville devient la chose à fuir et on se rappelle de la ferme dans le Lot pour s'inviter…

Serge Joncour reprend très bien la chronologie de ce qui deviendra épidémie, puis pandémie, les errances, les masques qui manquent, les urgences qui débordent, les morts qui augmentent de jour en jour, les élucubrations, avec le beau-frère, gilet jaune convaincu qui est dans le déni absolument : tout ceci n'est qu'une manipulation pour mettre les gens en cage, puis les discours solennels du président, les épidémiologistes qui défilent pour donner leur avis, puis les vaccins…

En parallèle, il démontre de fort belle manière la catastrophe écologique qui se prépare : les maladies qui touchent d'abord les animaux avant de se transmettre à l'homme, les océans qui montent, l'eau qui devient une ressource rare, la disparition des espèces…

C'est un hymne à la Nature qui s'accompagne d'une réflexion sur la cécité humaine, l'égoïsme des hommes, ainsi qu'un petit coup de patte au passage sur l'indifférence général qui risque de revenir sitôt la pandémie oubliée, trop vite...

Autre point que j'ai adoré : Alexandre et sa famille notamment Greg, le beau-frère, qui dit n'importe quoi et ne croit que ce qu'il voit sur Internet : il râle contre tout, les masques, le confinement, la Chine, le gouvernement liberticide et j'avoue que j'ai retrouvé cette envie de l'étrangler qui me prenait chaque fois que je voyais les gens sans masque qui se faisaient la bise, ne respectaient pas les gestes barrière…

J'ai adoré ce roman, me suis indignée quand il le fallait et mon personnage préféré est sans contexte Alexandre dont je partage la philosophie, le bon sens et le pessimisme (je préfère parler de réalisme en fait) sur l'avenir de la Terre, mais les dinosaures ont bien disparu alors, pourquoi en serait-il différent pour les humains …. La Terre pourra faire sans nous, si nous ne l'avons pas définitivement plombée.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          335
Serj Joncour - Chaleur humaine - Roman - Albin Michel - 2023
Amour de jeunesse, femme, animaux et forêt; le tout porté par une superbe plume; le Livre bien mis en page...
C'est bien écrit mais il se passe pas grand chose!
Né en 61, l'auteur n'a pas forcément la même vision des choses que moi.
On est à la fois ennuyés et divertis c'est très particulier!
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          322
J'ai lu presque d'une traite ce roman. Chaleur Humaine, continue l'histoire d'une famille, d'une région, de façons de voir le monde, la vie, la nature. Pour autant il n'en est pas une suite au sens où il faudrait avoir le premier pour comprendre l'histoire du second mais plutôt, si on a lu le premier, une connivence, comme des retrouvailles, le plaisir des allusions aux années passées comme si on faisait partie de la famille ou du moins du cercle des amis.
Il y a une évidence dans l'écriture de Serge Joncour qui rend crédible son propos.
Le texte est fluide et simple, attachant. Les personnage sont précis, fouillés et pourtant mystérieux, vivants ! presque réels!!
Cette histoire nous replonge dans ce moment étrange, moment incroyable et pourtant vite oublié dans sa violence et ses détails, l'année du COVID avec ses certitudes et ses questions.
La force de l'écriture tient également dans la simplicité et la proximité, le récit est à hauteur d'humain, sans poncifs et sans leçons données, sans pourtant éviter la complexité et les contradictions.
La nécessité de rester connecter au monde, à la nature: regarder, comprendre, s'adapter... la nécessité de la paix...
J'ai aimé la confiance en la vie que transpire ce roman, surtout dans ses dernières pages, même si la fin n'est pas une happy end à proprement parler...
Commenter  J’apprécie          320
C'est avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume de Serge Joncour. Je découvre que dans "Chaleur humaine" on renoue avec les protagonistes de "Nature humaine".

Mars 2020, la famille éclatée d'Alexandre, notre agriculteur du Lot, le rejoint dans la ferme familiale, poussée par la peur du virus et l'obligation de confinement. Devant les divergences d'esprit, il va falloir faire contre mauvaise fortune bon coeur et à ce jeu-là, certains sont mieux disposés que d'autres. (A ce propos, Alexandre n'est-il pas un peu trop gentil devant cette intrusion massive ? J'ai eu du mal à croire à tant de sagesse...)

C'est assez bizarre (je n'ose pas dire drôle) de revivre tous les évènements liés à cette pandémie, que la famille découvre chaque soir devant la télévision. Leurs réactions, diverses et variées, face à ce phénomène inédit, nous les avons eues aussi. On est pourtant bien loin d'une ambiance pesante car l'auteur sait distiller malice et humour dans son récit. Bien sûr avec l'arrivée des citadins, deux mondes vont s'opposer mais Serge Joncour le fait avec bienveillance, c'est avant tout à des retrouvailles que le lecteur va assister.
Fidèle à ses thèmes de "Nature humaine", il évoque le lien indéfectible entre l'homme et la nature, l'homme et l'animal. Face aux nouveaux fléaux générés par le dérèglement climatique, ils sont tous liés.

La plume poétique de l'auteur me parle, le thème de la ruralité et de l'écologie également, d'où un 16/20 accordé à cette lecture. Je regrette cependant que la parenthèse ait été trop brève et la fin trop brutale. J'ai eu l'impression que l'auteur n'était pas allé vraiment au bout de son travail. Donc pas de coup de coeur pour ce titre, comme pour "Nature humaine".
Commenter  J’apprécie          310





Lecteurs (1543) Voir plus



Quiz Voir plus

Nature humaine : Serge Joncour

Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

VRAI
FAUX

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Nature humaine de Serge JoncourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..