C'est avec plaisir que j'ai retrouvé les personnages de «
Nature humaine » dans ce dernier roman de serge Joncour.
L'histoire s'étire sur un temps très court, celui du confinement de mars 2020 pendant le coronavirus.
A cause de ce virus qui fait peur à tout le monde, les soeurs d'Alexandre débarquent à la ferme des Bertranges pour fuir le confinement et la folie humaine qui sévissent dans les villes.
Entre les trois soeurs qui ne s'entendent guère, le beau-frère Greg et les deux ados, le climat est électrique, tous sont à cran et il faut la patience et le bon sens paysan d'Alexandre pour calmer le jeu.
Alexandre est le seul à avoir poursuivi l'existence rurale de ses parents dont il s'occupe et ses soeurs parties aux quatre coins de la France découvrent ce frère qu'elles considéraient un peu comme un plouc et qui va devenir le pivot de cette famille désorientée.
Bien des péripéties viendront animer les journées et faire oublier la peur de la maladie.
L'épidémie, on la suit avec les actualités à la télé. Tout cela nous rappelle combien cette épidémie a été dramatique. Mais à la campagne, loin de tout, elle perd de sa gravité car, ici, il faut s'occuper des bêtes, semer les patates, repiquer les salades et surtout, faire face aux attaques d'insectes qui déciment les arbres.
C'est avec Constanze, amie d'Alexandre et conservatrice d'une réserve de forêt, que l'on découvre les méfaits du réchauffement climatique.
« le changement climatique était une tempête invisible, sournoise. La hausse des températures faisait perdre à la partie superficielle des troncs les molécules qui lui permettaient de noyer les parasites dans la sève ou la résine, des sortes d'anticorps. Si les étés trop chauds et les hivers trop secs continuaient de s'enchaîner, les défoliateurs et les scolytes n'en finiraient plus de pulluler. »
Au-delà de l'épidémie de covid, Serge Joncour nous montre que c'est toute la nature qui est en danger, à cause de la folie des hommes et du réchauffement climatique. Pourtant, dès que l'activité humaine ralentit, elle reprend ses droits.
« Depuis le confinement, on croyait le monde à l'arrêt, alors que toutes les vies non humaines retrouvaient dans cette pause une terre à nouveau libre, en cessant leurs activités, les hommes libéraient toutes les autres formes de vie… partout les animaux reprenaient le dessus. »
En auteur engagé, Serge Joncour sait mettre le doigt là où ça dérape, il expliquer les dérives de l'élevage intensif, les dérèglements climatiques et la diminution des ressources en eau sans oublier la désertification des campagnes qui manquent de médecins et de vétérinaires.
A travers cette histoire de famille que l'auteur décrit avec ironie et affection, c'est une esquisse de notre monde un peu bancal et fragile qui nous est offerte.
J'ai beaucoup aimé la tendresse de l'auteur pour ses personnages et son engagement environnemental.
Un roman qui se lit avec passion