Le Chat du bibliothécaire, tome 4 : Sinistre réputation

— L’objectif de cette soirée est de pousser les convives à se détendre pour qu’ils soient plus enclins à sortir leurs chéquiers et à y inscrire des sommes avec un tas de zéros. Plus ils se lâchent, plus le don est important, ma chère Vera. Vous ne l’avez pas encore compris ?
— Soûler les gens, même au nom de la charité, c’est carrément dégoûtant.
Vera révéla ses dents pour nous offrir sa version d’un sourire.
— Mais je suppose que River Hill n’en est pas à sa première beuverie.
Sissy Beauchamp étouffa un rire tandis que Mlle Angel et Mlle Dickce contemplaient Vera avec mépris.
— Les hommes Ducote ont toujours apprécié un bon verre, je dois l’admettre.
Mlle Dickce toussa délicatement.
— Avant que j’oublie, Vera, ma chère, comment se porte votre pauvre frère, ces jours-ci ? Est-il à son aise à Whitfield ?
Whitfield était l’hôpital psychiatrique d’État, près de Jackson, et tout le monde à Athena savait que le frère de Vera, Amory Hobson, y résidait depuis trente ans. Selon les rumeurs locales, Amory était fou à lier et avait pour habitude de se déshabiller et d’enlacer tous ceux qu’il croisait sur son chemin.

Noël était dans un peu plus de deux semaines, et j’étais ravi que les personnes que j’aimais le plus au monde soient toutes présentes pour l’occasion. Thanksgiving avait été très spécial cette année pour cette même raison, et j’avais formulé plus d’une prière fervente pour pouvoir les garder tous autour de moi. Je sentais même la présence de mes proches disparus – ma femme Jackie et ma tante Dottie – tout près de moi. C’était ainsi que les choses devaient être.

— L’objectif de cette soirée est de pousser les
convives à se détendre pour qu’ils soient plus
enclins à sortir leurs chéquiers et à y inscrire des
sommes avec un tas de zéros. Plus ils se lâchent,
plus le don est important, ma chère Vera. Vous
ne l’avez pas encore compris ?
— Soûler les gens, même au nom de la charité,
c’est carrément dégoûtant.
Vera révéla ses dents pour nous offrir sa version
d’un sourire.
— Mais je suppose que River Hill n’en est pas
à sa première beuverie.
Sissy Beauchamp étouffa un rire tandis que
Mlle Angel et Mlle Dickce contemplaient Vera
avec mépris.
— Les hommes Ducote ont toujours apprécié
un bon verre, je dois l’admettre.
Mlle Dickce toussa délicatement.
— Avant que j’oublie, Vera, ma chère, comment
se porte votre pauvre frère, ces jours-ci ? Est-il à
son aise à Whitfield ?
Whitfield était l’hôpital psychiatrique d’État, près
de Jackson, et tout le monde à Athena savait que
le frère de Vera, Amory Hobson, y résidait depuis
trente ans. Selon les rumeurs locales, Amory était
fou à lier et avait pour habitude de se déshabiller
et d’enlacer tous ceux qu’il croisait sur son chemin.

- Charlie Harris ! Vous avez fini de vous cacher dans la cuisine ? Redressez les épaules, jeune homme, et rendez-vous utile !

Diesel, mon Maine-coon, était lové entre les deux sœurs, la tête et le haut de son corps reposant sur les genoux de Mlle Dickce, et il ronronnait très fort. Il leva brièvement la tête pour indiquer qu’il m’avait vu, mais tant que les sœurs Ducote seraient à la maison, il resterait près d’elles. Ces dames étaient tombées amoureuses de mon chat dès qu’elles l’avaient vu, et Diesel semblait partager leurs sentiments.

Je me retournai pour regarder mon chat qui se prélassait à la fenêtre.— J’ai reçu des ordres, mon garçon, mais je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de les mettre en œuvre. Je tendis la main pour lui frotter la tête, et son expression de contentement me ravit. Je ne serais pas contre l’idée d’échanger ma place avec la sienne pour une semaine ou deux, même si la perspective de la litière n’était pas si réjouissante.

Noël était dans un peu plus de deux semaines, et j’étais ravi que les personnes que j’aimais le plus au monde soient toutes présentes pour l’occasion. Thanksgiving avait été très spécial cette année pour cette même raison, et j’avais formulé plus d’une prière fervente pour pouvoir les garder tous autour de moi. Je sentais même la présence de mes proches disparus – ma femme Jackie et ma tante Dottie – tout près de moi. C’était ainsi que les choses devaient être.

Helen Louise eut un rire moqueur.
— Laisse-moi deviner ce qui s’est passé. Elle voulait accueillir le gala à Ranelagh, mais Mlle Angel et Mlle Dickce ont refusé.
Je ris.
— Tu es sûre que tu n’étais pas cachée dans un coin de mon salon ?
— Mon cœur, elles mènent cette bataille depuis dix ans ou plus, et le résultat ne varie jamais. Je te parie ce que tu veux que Mlle Angel a déjà envoyé les invitations.
— Elle m’a donné la mienne avant de partir.
— Les sœurs Ducote pourraient donner des cours de tactique aux plus grands stratèges militaires, observa Helen Louise.

Je résistai au réflexe de me mettre à couvert en vue de l’explosion que ne manquerait pas de provoquer cette petite pique. Tous les regards se portèrent sur Vera tandis que nous attendions sa réaction.

— Eh bien, Charlie, commença Mlle Angel, qu’en pensez-vous ? Le repas formel ou les amuse-bouche ?
Ce n’était pas la vraie question, et nous le savions tous. Allais-je soutenir publiquement les sœurs Ducote et River Hill ou passer à l’ennemi en votant pour Vera Cassity et Ranelagh ?