De temps en temps
Les nuages donnent un répit
Aux contempteurs de lune.
BASHÔ - Automne
La conscience de n’être jamais qu’un voyageur vous lave les yeux.
Il faut toutefois remarquer que cette parole du haïku reste toujours parfaitement simple et naturelle, ou du moins le paraît. Mais ce qui paraît simple et naturel n’est pas du tout facile ( comme ont l’air de le croire ceux qui fabriquent aujourd’hui du haïku en série ). Il faut viser d’autant plus juste que sont peu nombreux les éléments du poème, en peser le poids sur des balances d’autant plus sensibles qu’ils sont légers. Alors seulement, la cible atteinte n’est plus une cible, mais une ouverture où la flèche se sera engouffrée ; alors seulement, le coup d’éventail imperceptible aura produit une onde capable de se propager à l’infini.
Silence.
Le cri des cigales
Creuse les rochers.
BASHÔ - Été
Devant l'échoppe
Les presse-papiers sur les livres de peintures :
Le vent de mars !
KITÔ - Printemps
Qu'il est digne d'admiration,
Celui qui, devant l'éclair,
Ne pense pas : "Que la vie est brève !"
Bashô - Été
La première luciole !
En allée, envolée,
Le vent m'est resté dans la main.
ISSA - Été
Allumant une bougie
À une autre bougie :
Une soirée de printemps
Buson
Le soleil
Dans l’oeil du faucon
Revenu sur mon poing.
TAIRO - Hiver
« Maigreur » d’été, répliqua-t-elle ;
Puis
Les larmes coulèrent.
//Kigin