Les gosses sont quand même drôles : offrez-leur un super jouet et ils s'amuseront avec la caisse en carton... Pareil pour les bébés : il existe un tas de jouet à mâchouiller quand ils font leurs dents, mais ici, la petite ne trouve rien de mieux que de fourrer une côte dans sa bouche. Non, non, pas une côte de porc, mais une côte humaine ! A ce stade, nous ne savons pas si elle appartenait à Adam ou Ève...
À Erlendur de résoudre l'affaire du corps enterré depuis 50 ans dans une maison en construction. Un squelette qui, à peu de choses près, pourrait être offert à l'école du coin pour servir de "Oscar" aux cours de biologie. Bon, une fois qu'on l'aura extrait de la terre qui le recouvre, le tout délicatement.
Ami(e) lecteur(trice), si tu cherche un roman policier dont l'enquête se déroule à vitesse "Fast and Furious", laisse tomber ce roman, ou plutôt, range-le délicatement dans l'étagère de la librairie.
Le commissaire Erlendur prend son temps... Son auteur prenant un malin plaisir à jouer avec son lecteur, faisant monter l'affaire en douceur tout en lui mettant la tête dans la misère humaine et dans une certaine fange.
Par contre, si vous aimez la lenteur (qui n'est pas ennuyante) et plonger plus profond que l'enquête elle-même, ouvrez-le livre et dévorez-le ! Mais attention, c'est sombre... Violent, sans concession.
Ce que j'aime chez
Indridason, c'est
L Histoire dans l'histoire : pendant que Erlendur cherche QUI est le squelette (tout en tentant de sauver sa fille, miss cocaïnowoman), nous suivons l'histoire d'une femme qui a fait l'erreur d'épouser un homme brutal.
Durant tout le roman, les deux récits sont en alternance, le suspense de l'enquête montant crescendo tandis que nous suivons la "via dolorosa" de cette femme et de ses trois enfants obligés de subir les coups, les humiliations, l'abaissement plus bas que terre, sans que personne ne lève le petit doigt.
Petite note : une envie folle m'a prise d'entrer dans le roman, armée d'une carabine au canon scié pour faire la peau de cette ordure. Oui, je suis comme ça moi quand je m'énerve : aux quatre coins de Reykjavik on l'aurait retrouvé, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile!
Dans les romans que j'ai lu d'
Indridason, j'ai eu une propension à aimer les coupables de meurtre et à cracher sur les victimes, qui l'ont souvent bien méritée... Serait-ce pareil ici ? Parce que, toute fière que j'étais, je ricanais dans ma cape, sachant bien QUI se trouvait enterré-là et pourquoi. Mhouahahaha !
Ah, ma douleur fut cuisante, j'ai souffert dans les cinquante dernières pages, implorant l'auteur de faire preuve d'un peu de compassion pour ses pauvres personnages.
Par contre, il n'a eu aucune compassion pour moi : le coup de pied au cul que je me suis prise ! "Je sais, je sais..." Tu parles que je savais ! Je sais qu'on ne sait rien, oui ! Tiens, un autre coup de pied pour m'apprendre à ne pas ricaner que "je sais" alors que je ne sais rien.
Une fois terminé, j'ai posé le roman sur la table et je me suis dit qu'un kleenex ne serait pas du luxe...
Que dire de plus pour la 100ème critique du livre ? C'était beau, c'était grand, c'était magistral, c'était dur, émouvant, terrible... C'était
Indridason, tout simplement.
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