Dans l'enclos de la pagode, la foule se presse, indolente.
On y chemine les pieds nus sur le marbre chauffé au soleil
de janvier. La pierre noire brûle tandis que la blanche,
tiède sous les pas, délasse le marcheur. Du sol au ciel,
regard figé, le moine immobile plane dans la touffeur de
l'air et s'élève dans un néant oblique. Sa bouche charnue
garde le souvenir de la feuille de bétel bien pliée, emplie
de chaux et de tabac. Du mélange mastiqué, il ressort, à
intervalles réguliers, un jus carmin qui rougit les gencives
avant d'être recraché sur la terre battue. Tandis que la
réverbération des incarnats trace une diagonale sur
l'échiquier du monde, les lèvres de corail statufiées
remâchent doucement la protestation.