Citations sur La péninsule aux 24 saisons (130)
Le temps passait, ces heures à la fois longues et brèves qui réunissaient mère et fille. La mère âgée, la fille qui le serait bientôt, la soirée s’avançait, une soirée de saison des pluies. Chose curieuse, c’était précisément par ce temps gorgé d’humidité et peu lumineux que les lucioles voltigeaient gaiement. Ou plutôt, plus la saison des pluies se prolongeait, plus les lucioles vivaient longtemps.
À mon intention, dix kilos de riz. C’était toujours comme ça avec ma mère. Quand elle venait à Tôkyô, il y avait du riz au fond de son sac, qu’elle me donnait en disant que c’était du riz nouvellement récolté, du riz nouveau en somme. Elle nourrissait une grande affection à l’égard de la rizière qu’elle faisait entretenir par quelqu’un. Le riz qu’on y récoltait était devenu pour elle, après la disparition de son mari, la marque précieuse du soutien apporté à notre famille.
Comparé au calendrier qui divise les douze mois en trente ou trente et un jours, celui qui répartit les périodes de l'année en vingt-quatre saisons donnait du relief à la monotone répétition quotidienne et me causait une légère excitation. Ces saisons qui arrivaient tous les quinze jours étaient comme des gares où on montait et descendait. Telle petite gare montrait soudain son visage quand on sentait le changement de l'air.
[…] ce monde habité seulement par le bruit des vagues, entouré de falaises, me semblait une terre appartenant aux temps anciens. Peut-être était-ce à cause du sable, des coquillages avec lesquels l’eau amère et au goût de sel jouait à sa guise. C’est le monde des origines, chacun de nous y a vécu un jour.
Les forêts des histoires de mon jeune âge étaient étayées par les rêveries candides de l’enfance, mais si, une fois adulte, l’attrait puissant et l’intine proximité que j’éprouvais à l’égard des forêts ne se sont jamais éteints, c’est parce que j’ai compris que là se trouvait le jardin secret des femmes.
Je ne voudrais pas oublier de souligner l’importance de cette prise de conscience, cette volonté délibérée de ne pas s’immiscer dans les profondeurs de la communauté locale, qui a un passé riche et une longue histoire, de rester “un étranger”, quelqu’un venu d’ailleurs.
Dans le calme de la péninsule, on s'aperçoit bien vite à quel point la télévision est vulgaire et gênante. Contrairement à la musique que je peux choisir selon mes goûts, j'ai beau changer de chaîne, je ne tombe que sur des émissions abrutissantes. Alors, j'éteins le poste et je sors sur la véranda.
"Il faut faire vite !", inexplicablement. Vite, vite. Sinon, il ne sera plus temps. Seule une décision fait aller les gens en avant. Oui, vite. Autant que possible.
"Même l'hiver, la mer est sensuelle et hardie".
"On parle de terroir, d'esprit du lieu, mais finalement, ce qui compte, c'est d'être là".