J'avais apprécié
Elisabeta, mais le premier tome ne peut à présent que souffrir de la comparaison avec le second :
Sinteval a gagné en efficacité et en maturité. le bouquin fait plus de six cents pages et je n'avais pas envie que ça s'arrête tant j'appréciais le temps passé avec celles et ceux qui sont à l'intérieur.
Plus le temps passe, plus l'univers de la démiurge Rozenn Illiano développe ses branches reliées à un même tronc, plus j'ai envie d'en savoir plus, c'est addictif.
On explore toujours la société vampirique du Cercle, on en apprend davantage sur son histoire et son fonctionnement, ce qui est une nouvelle fois fascinant, à l'image de toutes ces formes de magies mal comprises, mal maîtrisées, ces pouvoirs vacillants qui parsèment son oeuvre. On retrouve ses membres qui subissent l'immortalité plus qu'ils n'en profitent pour passer les
600 jours d'Apocalypse à leurs côtés. Au programme : du sang (et des pénuries), de l'angoisse, des espoirs, des terreurs, différentes manières d'appréhender un avenir plus qu'inquiétant, et des questions qui ne font pas tache dans notre quotidien de simples mortels. J'ai également eu l'impression de découvrir Giovanna et
Virgile dans ce roman, sans doute parce que la plume de l'autrice a gagné en efficacité pour donner vie à ses personnages, pour faire naître une implication émotionnelle vis-à-vis d'eux (c'est ce que j'avais reproché à la première mouture de Town). (Si je relisais
Elisabeta, je craindrais d'être un peu déçue à ce niveau-là d'ailleurs.)
Encore une fois, je suis admirative du travail de Rozenn Illiano :
Sinteval fait écho et s'articule avec plusieurs romans de l'autrice, nécessitant le respect d'une chronologie précise. C'est un travail d'orfèvre assez incroyable.
De plus, je suis toujours impressionnée par la sensation de normalité qui se dégage de ses romans. Souvent, dans les romans de fantasy par exemple, même si le personnage principal est censé être – au départ – un gars ou une fille banale, il y a souvent malgré tout une touche d'exceptionnel qui s'attache à ses pas et qui ne fait que prendre de l'ampleur alors que son destin se déploie. Cependant, chez Rozenn Illiano, même quand ils sont sorciers, même quand ils sont immortels, les personnages pourraient être des gens lambda qu'on pourrait croiser dans la rue. Il y une spontanéité, une humanité, une empathie, qui n'est pas feinte dans sa façon de donner vie à ses personnages, de les faire parler, de les faire penser, dans le déroulement de l'histoire aussi. Et qui fait que j'ai pris autant de plaisir à lire les temps de doutes ou de relâche qui parsèment le quotidien que des scènes plus riches en action ou en tension.
Un roman aussi sensible que dynamique et captivant. Une très bonne lecture.
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