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sur 2079 notes
Lignes de faille débute avec l'histoire de Sol, un jeune garçon californien de 6 ans qui préfère parfaire l'éducation patiente d'une mère trop attentionnée par son nouveau maître spirituel : Google. Fervent supporter de la politique extérieure de George W. Bush, il souhaiterait voir aussi le Grand Gouverneur Arnold Schwarzenegger, qu'il idolâtre tant, aussi intraitable que dans « Terminator », en massacrant tous les arabes de la planète Terre. En s'endormant avec des images d'Abou Ghraïb ou de sites genre « Brutal XXX » plein la tête, il n'a qu'un voeu : voir son père appelé par Bush en personne pour partir à la guerre en Irak et botter le cul à tous ces terroristes islamiques.

Pourquoi est-ce qu'un jeune garçon, issue d'une famille juive, arrive t'il à nourrir des pensées aussi extrémistes et ce malgré ses 6 ans ?

Quelques années plus tôt, Randall le père de Sol, passe son sixième anniversaire sur le sol Israélien. Nouvel enfant, nouvelle innocence...Et Randall va découvrir une nouvelle guerre : la première guerre du Liban. Nouvel apprentissage de la vie d'un garçon de six ans qui va percevoir l'existence d'une haine profonde entre les juifs et les arabes. Mais pourquoi est-ce que ces deux peuples dont il ne perçoit pas la différence se font-ils la guerre ?

Vous avez certainement compris le principe : Nancy Huston m'entraîne maintenant à la découverte d'une petite fille de 6 ans, Sadie, mère de Randall et grand-mère de Sol. Au départ, elle a l'innocence de l'âge mais apprendra vite à grandir seule, avec une mère trop souvent absente, et sans repères familiaux fixes et fiables. Elle découvrira à ses dépends la perversion et la haine d'un monde engendrées par les adultes. Là encore, dans l'insouciance des années 1960, la vie se conjugue autour de conflits (l'Amérique se faisant envahir par des « cochons »), de peurs (de soi, des autres).
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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4 enfants de 6 ans. A 4 époques différentes. On revient progressivement en arrière dans l'histoire pour essayer de connaître les origines de cette famille.
Entre ces enfants, beaucoup de différences évidemment. Mais également des points communs : ils sont liés par leur arbre généalogique bien sûr, mais surtout chacun d'eux tente de comprendre, avec ses yeux d'enfant, le monde complexe dans lequel il évolue grâce aux quelques informations obtenues auprès des adultes.
Une fois arrivée aux dernières pages, j'ai ressenti le besoin de retourner en arrière pour relire quelques paragraphes de chaque partie.
Un livre troublant qui donne un effet kaléidoscope.
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Je referme ce livre et j'en suis encore retournée. Dans ce livre, Nancy Huston fait parler 4 enfants de 6 ans des années 40 à 2000 qui ont pour particularité d'être les descendants les uns des autres. Ils nous racontent leur vie, leurs bonheurs, leurs peines et leurs secrets, chacun au coeur d'une période politique troublée. On est très touché par ces récits qui montrent à quel point l'enfance est une période difficile et à quel point elle conditionne notre vie entière.
Cette lecture m'a vraiment émue et j'aurai sans doute du mal à l'oublier. Je vous conseille donc vraiment de vous plonger dans ce livre.
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Entre 2004 et 1944, en passant par 1982 et 1962, nous partageons vie, émotions, ressentis, relations entre enfants et d'enfants à adultes, par la voix de quatre enfants âgés à chaque fois de six ans environs, à chaque fois dans un contexte de guerre très fort, violent (pour 1962, on est plus dans la menace), douloureusement intense pour les protagonistes. le côté touchant et passionnant est que ces quatre enfants deviennent adultes et pour les premiers des vieillards. Ce passage entre génération est vraiment attachant. Car l'intérêt du roman est qu'il débute par l'époque contemporaine. Ainsi de l'arrière petit fils à son arrière grand mère, grands parents, parents et enfants, vivent entre eux des rapports souvent conflictuels car ancrés dans une histoire qu'ils n'ont pas connus et ne maîtrisent pas. Les conflits de la seconde moitié du XX° siècle et du début du XXI° siécle déterminent les existences, semble nous dire l'auteur, ou tout au moins pèsent très lourds dans leur destinée. J'ai aimé cette lecture qui donne de grands éclats de rire dans sa première partie (Sol et sa mère notamment), de l'émotion et de la tendresse, pour la deuxième et troisième partie, et enfin de la tristesse et une profonde réflexion quant à notre parcours sur la terre.
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Un roman intrigant qui présente quatre histoires séparées mais fortement liées. Chaque histoire est racontée par un enfant de six ans. Les enfants, Erra, Sadie, Randall et Sol sont parents : Erra est la mère de Sadie, qui est la mère de Randall qui, à son tour, est le père de Sol. Chaque enfant raconte sa vie, son monde et les événements qu'il endure. Chaque histoire couvre donc des événements d'époques divers (2004, 1982, 1962 et 1945). Les enfants sont très différents et ils ont des caractères divergents. Cependant, ils partagent une chose : ils ont tous un grain de beauté assez grand. Pour quelques enfants ce grain est un appui, même une inspiration, pour les autres c'est une honte.



Le livre est vraiment captivant. Chaque histoire présente et provoque des sentiments différents. Toutes les histoires sont bien écrites. Les liens entre les événements dans chaque chapitre, les références d'une vie à l'autre, ils sont parfois subtils et parfois explicites. On peut facilement suivre les conséquences des incidents dans une vie pour les vies suivantes, même si ces incidents et conséquences sont racontés dans un ordre de succession inverse. En effet, c'est vraiment un bon choix de raconter d'abord les événements les plus récents, ça crée une tension forte. Après avoir terminé le dernier chapitre, on voudrait recommencer le premier. Vraiment excellent ! le livre a gagné le prix Femina en 2006.

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Il va falloir remonter quatre générations dans les profondeurs sombres des siècles passés pour comprendre les secrets de cette famille. le récit commence au XXIe siècle, chacun des chapitres ouvre un tiroir pour mettre en scène un enfant à l'âge de 6 ans.
En 2004, Sol est un petit garçon de 6 ans, il vit en Californie. Cet enfant se montre désagréable, mais nous allons bientôt en 1982, à New York où habite son père Randall. Sadie, la mère de celui-ci cherche à percer le secret de ses ancêtres. Elle incite sa famille à déménager en Israël. Nous la retrouvons en 1962, lorsqu'elle était une petite fille, elle habitait au Canada. le comportement de sa mère lui devient incompréhensible, mais elle ne peut pas lui poser des questions. Dans le dernier chapitre, Kristina, la mère de Sadie se trouve en Allemagne, en 1945, dans une famille qui l'aime. Alors à ce moment du récit, il est temps que des secrets se dévoilent.
Ce roman est captivant, très bien ficelé, mais justement on voit les ficelles qui parfois sont trop grosses. Il est parfois agaçant d'entendre le discours à hauteur d'enfant. Pourtant, je vous conseille la lecture qui nous transporte dans tous ces pays, à différentes époques où progressivement nous découvrons des faits terribles qui ont marqué des personnes réelles.
Nancy Huston nous a dédicacé ce livre avec ces mots éclairants : « Ces lignes de fa[mi]lle ».
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Quel beau et puissant roman que « Lignes de faille » !

Je n'avais pas encore lu Nancy Huston et je découvre une romancière qui a une belle, mais vraiment une belle écriture.
Le roman m'a marqué car il est très habilement écrit et surtout il raconte une histoire sur des secrets de familles bien enfouis et qui ressurgissent du passé.
Nancy Huston a construit un roman intelligent et brillant, avec pour fil conducteur cette tache de naissance, comme une trace de filiation.

« Ligne de faille » est un roman très riche. Il évoque les instants de vie de quatre enfants de la même famille, Sol en 2004, son père Randall en 1982, la mère de ce dernier, Sadie en 1962 et Kristina ( Erra ) en 1944/1945, à quatre époques différentes, en levant le voile chapitre par chapitre, sur les secrets parfois lourds, glauques et terrifiants, cachés de génération en génération.

Mais Nancy Huston a su donner une autre dimension à son roman, puisqu'elle a choisi l'âge de six ans, comme point fixe, pour chacun de ses quatre personnages.
L'âge qu'avait l'auteur elle-même, lorsque sa propre mère l'a abandonnée.
C'est donc un savoureux roman, construit de dialogues et de pensées d'enfants de cet âge. Qui ne comprennent pas toujours le monde adulte, mais qui arrivent parfois à ressentir avec leurs réflexions de petites filles et de petits garçons de six ans, la gravité des situations et la conduite parfois irrationnelle de leurs parents.

Ce roman est aussi une réflexion sur l'éducation familiale et dès les premières pages, j'ai été happé par le comportement assez morbide du petit garçon Sol, dont j'en comprendrai les causes au fil des pages.
Nancy Huston y dénonce aussi l'occupation illégale des terres de Palestine par les israéliens. Elle y dénonce aussi la sauvagerie du régime nazi. Et la tragédie de ce partage insensé qui fut fait de l'Allemagne, d'après-guerre, par les pays vainqueurs, où des milliers enfants qui furent enlevés à leur famille pendant ce conflit, qui ne furent jamais rendu à leurs vraies familles.

Pour écrire son roman, Nancy Huston, cite plusieurs sources qu'elle a consultées, dont l'édifiant ouvrage, « Au nom de la race » de Marc Hillel, que j'ai lu il y a quelques années.
Vous pourrez ainsi savoir qu'étaient, pendant la dernière guerre mondiale, ces centres « Lebensborn » (Fontaine de vie), ces fameux « haras » des nazis.
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« Ligne de failles » est un roman riche et complexe, dont je vous recommande la lecture. Il s'agit d'une sorte de saga familiale en quatre parties. Chaque partie se rapporte à une génération et est racontée à la première personne par un enfant de six ans. Première partie: Solomon, en 2004. C'est un enfant-roi aux États-Unis, que sa mère surprotège pendant qu'il reproduit avec ses Playmobils des actes de barbarie qu'il regarde en cachette sur Internet ! le décalage pourrait faire rire s'il n'était pas si horrible… Ensuite, on remonte le temps en laissant parler Randall, père de Solomon, en 1982. Il s'agit d'un enfant plus angoissé; son père est un auteur qui végète et sa mère, Sadie, sacrifie sa famille à ses recherches sur les « Lebensborns », les « fontaines de vie » instaurées par les nazis pour constituer une race aryenne; elle emmène sa famille en Israël pour pouvoir y travailler.
Sadie est l'enfant de la troisième partie, en 1962. Elle passe ses premières années au Canada, élevées par ses grands-parents, avant d'être reprise à New York par sa mère, Kristina, chanteuse en perpétuel voyage, qui est l'enfant de la quatrième partie, en 1944. On la voit apprendre que ses parents allemands ne sont pas ses vrais parents mais qu'elle est ukrainienne, enlevée par les nazis dans le cadre des lebensborns.
Ce livre permet plusieurs lectures. Nancy Huston a une bonne plume (voyez les citations), on pourrait déjà prendre plaisir à lire ce livre en dilettante, sans trop réfléchir. Dans cette optique, chaque partie pourrait être lue séparément. En allant plus loin, on pourrait aussi prendre plaisir à retrouver les liens entre ces parties: on remonte le temps, les adultes d'une partie ont vingts ans de moins dans la partie suivante et on comprend petit-à-petit le début des histoires dont la fin était racontée dans la partie précédente.
Et puis enfin, on peut mener une lecture plus profonde et réfléchir sur la façon avec laquelle une personne se construit son identité à partir de ce qu'elle vit (j'ai entendu Nancy Huston expliquer que l'identité était le thème qui lui avait servi de point de départ: comment garde-t-on son identité à travers des changements de cadres de vie). On peut réfléchir aussi sur les secrets de famille. Ou encore sur les différences de cultures entre les époques ou les pays. Ou encore sur ce que Nancy Huston dit d'elle-même dans ce roman.
Bref, belle plume, richesse et densité. À lire, donc !
Néanmoins, et malgré que Nancy Huston soit parmi mes chouchous, je ne dirais pas que ce livre soit parmi mes grands favoris. J'ai du mal à justifier ce ressenti instinctif, mais je pense que ce livre a le défaut de ses qualités: sa trop grande richesse provoque une certaine dispersion, qui m'a empêché de me sentir complètement plongé dans ce livre. J'aime les romans dont la lecture soit un moment d'évasion et je me rends compte qu'il me faut pour cela une certaine unité, qui n'était pas assez présente ici. Je suis curieux de lire vos réactions…
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Je découvre Nancy Huston avec "Lignes de Faille", roman découpé en quatre parties où s'expriment dans chacune d'elles, un enfant de six ans. Outre les liens du sang, Sol, Randall, Sadie et Erra partagent un quotidien empreint de la violence des Hommes et une époque marquée par leur folie, à travers les grands conflits mondiaux et les massacres.
Sol, en 2004, vit la guerre en Irak à travers les écrans d'ordinateur.
La banalisation de la violence dans les medias et la facilité d'accès aux supports qui la permette, finissent par la rendre aux yeux du petit garçon, triviale, irréelle et même jouissive. L'auteure amplifie l'horreur en plaçant Sol dans une époque où l'enfant est surprotégé et maintenu, dans son quotidien, loin de toute violence verbale ou physique. L'amérique massacre des irakiens mais élève les enfants de ses classes moyennes dans des cocons économiques et sociaux, et avant tout, dans l'amour de Dieu.

Le père de Sol, Randall, vit en 1982, une tragédie familiale, tandis que son père, ingénieur, travaille sur des projets robotiques. le petit garçon s'inquiète de l'effort patriotique, exigé de Ronald Reagan de tout citoyen américain, fourni par son père, pour écraser les iraniens dans le conflit secouant le moyen-orient. Nancy Huston évoque dans ces deux premiers chapitres, la manipulation des masses par la sphère politique pour cautionner les conflits, sous prétexte d'un patriotisme exacerbé, conflits dissumulant le plus souvent des intérêts économiques et financiers.

Dans la troisième partie consacrée à Sadie, la mère de Randall et grand-mère de Sol, l'auteure évoque la solitude d'une petite fille face à l'absence de sa mère, qui n'est pas sans rappeler son histoire personnelle. En effet, Nancy Houston a six ans quand sa mère part refaire sa vie ailleurs. Elevée par ses grand-parents, la petite Sadie mène une vie triste et routinière. Sa vie ne s'éclaircit que lors des rares visites de sa mère, chanteuse populaire, happée par le domaine artistique pour lesquel les grand-parents n'expriment que du mépris.

Enfin, dans la quatrième partie, 1944-1945, l'auteure livre la clé de l'histoire familiale. Car au delà de ce qu'elle dénonce à travers le vécu des petits protagonistes, elle reconstitue le déroulement des événements depuis l'enfance d'Erra, arrière grand-mère de Sol, maman de la petite Sadie. La source des rancunes, le secret des origines, la psychologie des personnages se découvrent ici et les choix passés s'expliquent, alors que le contexte est le plus lourd. En effet, la guerre touche au plus près la petite fille, bouleverse son destin et forcément impacte celui de ses descendants.
Ce roman, portant sur la filiation, sur l'enfance ravagée par les choix individuels et collectifs des adultes, me permet de découvrir l'écriture, très fluide, très subtile de Nancy Houston et m'a donné envie de continuer la découverte de son oeuvre.


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"Ligne de faille" est l’un des très très bons romans signés par Nancy Huston. Il se singularise par sa construction. L’auteure a choisi d’écrire dans le sens inverse de la chronologie: les quatre parties du livre correspond à des moments de plus en plus éloignés dans le passé. Ces parties mettent en scène successivement des enfants appartenant à la même famille: à partir de Sol (un garçon vivant en 2004), le lecteur découvre son père, puis sa grand-mère, enfin son arrière-grand-mère (en 1945). Et plus on avance dans la lecture, plus on est captivé par cette plongée dans le passé. Pourtant, le climat dans l’ensemble du livre est plutôt sombre. En particulier, l'auteure met en exergue le "Lebensborn", programme nazi de développement de la soi-disant race aryenne. Dans les quatre parties, les jeunes enfants - personnages tous très intéressants - sont âgés de six ans et ont une même caractéristique: une tache de naissance sur la peau; mais surtout ils appartiennent à la même lignée et, à ce titre, sont sujets à des angoisses et à des non-dits. Nancy Huston connait bien l’Histoire et la nature humaine. Elle a ainsi produit ce grand roman, écrit de main de maître, que j’ai eu le plaisir de lire il y a quelques années et que j’aimerais relire.
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