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EAN : 9781094680699
Le Serpent à plumes (02/06/2016)
4.3/5   5 notes
Résumé :
L'Orient est, par excellence, ce pays des rêves. Quatre jeunes Kurdes ont voulu suivre le leur, qui la liberté, qui la fortune, qui une photo de femme. Ils quittent chacun leur pays, Syrie, Iran, Turquie, Irak, et dirigent vers un même lieu , Paris.
En chemin, ils croiseront un aigle faiseur de roi, un tortionnaire réformateur, sept guerriers assyriens engagés chez Saab et poussant leur route plein nord.
La magie, l'illusion, l'espoir, ouvrent dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Orages pèlerinsFawaz Hussain / le serpent à plumes Décembre 2016

Ces « orages pèlerins » sont quatre, quatre kurdes emblèmes de la diaspora kurde, de la résistance d'un peuple épars, pillé, ils viennent des quatre plus importantes communautés kurdes : celles de Syrie, d'Iran, de Turquie et d'Irak. Tous les quatre ont décidé de tenter l'aventure de l'exil, tels des Rastignac de la mondialisation, ils rejouent en mode demandeurs d'asile le fameux « à nous deux, Paris ! ».
Le récit de leurs picaresques périples vers la France constitue la première partie du roman. On les suit chacun à leur tour jusqu'au lieu commun de rendez-vous avec leur passeur : Sino a « pris la décision de quitter la misère kurde, la violence de la Turquie » pour rejoindre une « Europe qui souriait aux entrepreneurs »; Dara, lui, abandonne ses montagnes d'Irak pour « réussir ce grand saut vers l'inconnu…réclamer sa part à la vie», pour lui, Paris est un portrait de femme, une photo/appât du passeur ; Shérko Shikaki, l'iranien, aspire lui « à vivre heureux non comme un poisson dans l'eau mais plutôt comme un toutou choyé dans un appartement somptueux » ; enfin Rustemé Zal, kurde de Syrie c'est à dire « étranger sur le sol où lui et ses ancêtres avaient vu le jour » poursuit son rêve d'un « monde juste ».
Ce qui est retenu, vécu ou rêvé, du parcours de chacun d'eux, illustre un imaginaire collectif des migrants où se mêlent espoirs et peurs, persécutions et projets, un espace mental où l'on choit, où l'on se noie et où, malgré tout, on poursuit le chemin.
L'arrivée à Paris, la vie qu'on tente de se bâtir en France, forment une deuxième partie dans laquelle les illusions viennent se cogner aux réalités triviales du quotidien, une poursuite de l'histoire où le réel agrippe sans ménagement les quatre héros et fait main basse sur leurs rêves. Eux aussi ont donc participé à ce « scénario séculaire », se déplaçant « dans la vie comme des pions sur l'échiquier noir et blanc de l'absurde » selon la formule finale de Fawaz Hussain.
Un personnage secondaire du livre, Ali Réza, tente de maîtriser la place de l'adjectif épithète dans la langue française, comme son ami Shérko tente de maîtriser sa place dans la société française mais voilà il n'y a pas de règle absolue et dans cette grammaire de la géopolitique, les Kurdes depuis si longtemps survivent, tenaces et admirables exceptions. N'est-ce pas là ce que nous disent ces pages alertes d'un auteur pèlerin en voyage permanent entre deux langues ?


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Un récit magistral sur l'épopée du peuple kurde à travers ses quatres personnages venu de différente parties d'Orient et qui a l'occasion de leur périple vers l'Europe recompose ce peuple morcelé et apatride qu'est le peuple Kurde .c'est à la fois un récit passionnant et envoûtant .l'auteur a su ménager nos émotions en prenant soins de nous faire survoler la misère et la détresse de ce peuple .Fawaz Hussein nous dépeint un environnement sombre ,lugubre et désolant avec doigté ce qui contraste avec l'optimisme de nos quatres personnages en quête d'un avenir radieux.Il y a aussi une allusion au côté mercantile et para normal de la chose religieuse un monde ou les âmes simples et crédule ne peuvent qui adhérer malheureusement .tout ceci est savamment distillé par l'auteur que je qualifierai d'habile et percutant .Je recommande chaudement cet ouvrage qui vous fera entrer dans un monde envoûtant et Ô combien captivant..
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Dans ce roman, et cela de manière rigoureusement construite (deux parties, une par monde, et quatre chapitres par partie, un par voyageur), nous assistons à la confrontation entre deux mondes bien différents : l'Orient, terre de conflit, de manque d'avenir, à laquelle veulent échapper nos quatre voyageurs, alors que pourtant cette terre est aussi celle du merveilleux, de la magie, et donc du rêve, de l'imaginaire ; l'Occident, la destination rêvée pour nos quatre épris de liberté et d'une vie meilleure, alors qu'au contraire c'est là que se trouvent la véritable violence, le manque d'avenir et le cynisme d'une société de plus en plus autarcique.

Ou comment, par ce roman magnifiquement écrit, qui mime les contrastes entre ces deux univers par le choix même, très différent entre les deux parties, des mots, des couleurs, des phrases, Fawaz Hussain décrit avec beaucoup de justesse l'illusion première, et la réalité tragique finale, pour beaucoup, de l'exil en terre européenne. J'ai adoré, autant dans le fond que sur la forme : une nouvelle belle découverte que cet auteur en somme, que je vais désormais suivre de près.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Quatre Kurdes, chacun d'un pays différent ( l'Iran, la Syrie, la Turquie, l'Irak), puisque ce peuple, grand oublié de l'Histoire, est resté sans terre, prennent la route périlleuse de l'exil vers l'Europe rêvée, guidés par leur passeur. Leurs raisons sont diverses, mais elles révèlent la détresse de ces hommes qui ne veulent au fond qu'une chose : vivre. Fawaz Hussain nous décrit le parcours semé d'embûches pour arriver jusqu'à la porte d'Orléans, puis l'attente et l'espoir de bénéficier du droit d'asile. La dernière partie est liée à la décision de l'OFPRA, dont je ne dirai mot pour ne rien dévoiler.
Un récit poétique, tout en émotion et terrible à la fois. L'immigration n'est pas un fléau, elle est un drame pour tous les déshérités de la terre, nos soeurs et frères humains. Merci Fawaz pour ce très beau texte.
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Racontant tour à tour le départ des quatre protagonistes, puis leur parcours à Paris, ce roman a un aspect sociologique. le déplacement dans le bus, la vie au village de la femme de Rustémé Zal… Mais en même temps, il y a une composante de fantaisie ou de merveilleux qui vient contrebalancer ce côté documentaire. Sherko arrive dans une grande ville et se retrouve pris dans une aventure digne des Mille et une Nuits. Sino a une aventure avec une étrange sorcière. La rencontre de la jeune fille de la photo est-elle un hasard romanesque ou un symbole d'une destinée déjà toute tracée ? Bien que ces traits fantaisistes fassent aussi partie de l'univers mental des protagonistes, ils font passer le roman du réalisme au poétique tout en mettant une dose d'ironie tragique dans le regard porté sur les personnages. Sherko fait son rêve de petit chien français, comme un conte des Mille et une Nuits, Rustémé Zal subit une mort absurde, presque un suicide involontaire, réduit qu'il était à une tentative absurde pour obtenir un permis de séjour. Tous subissent un destin tragique à l'exception de Sino qui tout en étant plus cultivé, est aussi plus malsain, vicieux, réussissant et vivant en croque-mort sur la vie échouée de ses compatriotes. le roman est surtout noir et dur avec les illusions des immigrés. On devine assez vite l'absurde des motivations malgré la fuite d'une situation géo-politique. Les illusions de Dara sont particulièrement criantes, échouant lamentablement alors même qu'il réussit par le plus grand des hasards son rêve initial… Là encore, la trajectoire de Sino qui semblait avoir moins de raison de fuir son pays est la seule réussite et finalement la plus cohérente puisqu'il peut employer ses capacités et son esprit.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
p. 112-113 :
Dans les rames, il palpait l'âme de cette Europe qui l'avait attiré et qui le rejetait à présent […]. Entre cinq et six heures, il savait qu'il allait tomber sur les femmes de ménage maghrébines et africaines qui se rendaient dans les bureaux à nettoyer avant l'arrivée des employés et des fonctionnaires. Les ouvriers kurdes, turcs ou égyptiens s'en allaient eux sur les chantiers de construction, ils luttaient contre le sommeil tenace en serrant contre leur ventre leur gamelle de midi. Entre huit et neuf heures, un autre visage de la société s'offrait à ses yeux émerveillés. Les Françaises et Français « de souche » qui voyageaient alors en grand nombre lui laissaient une impression de gens endeuillés. Dans un silence de cimetière, chacun enfonçait son visage récemment lavé, maquillé ou rasé dans un roman policier américain où des assassins fous commettaient des meurtres à la chaîne et découpaient les victimes en rondelles ou en quartiers comme dans une boucherie. Le soir après une journée de travail harassante, les mêmes Françaises et Français « de souche » s'en revenaient encore plus silencieux et lugubres. Il s'abîmaient davantage dans leurs lectures et l'envie de devenir des criminels fous furieux les obsédaient davantage. Si des Africains ou des Chinois criaient au lieu de parler dans la rame, alors beaucoup de ces Françaises et Français enfonçaient encore davantage leur nez dans les pages dégorgeant de sang et l'envie de passer à l'acte occupait la moindre cellule de leur corps. Armés de tronçonneuses ou de haches, ils s'imaginaient laisser la rame dans un bain de sang, le sang de ces étrangers qui venaient manger le pain des Françaises et Français et qui les empêchaient de lire leurs romans américains en paix.
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Videos de Fawaz Hussain (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fawaz Hussain
Fawaz Hussain, Yasmine Chouaki, RFI. 1
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