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2,72

sur 169 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un début étonnant de qualité, aussi bien humaine que littéraire, puis un ventre mou hésitant entre nombrilisme et dispersion, avant une fin expédiée qui cherche à justifier l'entreprise par la maladie du frère : Félicité Herzog me semble plus à l'aise en interview que dans l'écriture sur la durée. Je l'ai vue chez Busnel expliquer de façon lumineuse l'objet de son livre mieux que ne le fait le livre lui-même.
Est-ce vraiment, comme l'auteure l'affirme, un roman en forme de quête sur ce qui rend fou ? Je ne sais toujours pas. En revanche, je garde de cette lecture parfois pénible quelque éclairs de beauté, des phrases et des interrogation d'une rare richesse, et l'impression d'avoir pu toucher, brièvement, la peur d'un encore plus grand malheur.
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Le héros en question est le père de l'auteur. Maurice Herzog, résistant, vainqueur mythique et mytho de l'Annapurna dans les années 1950 devient l'homme de confiance de Charles de Gaulle puis un homme politique de renom.
Sa fille nous présente ici le revers de la belle image sur papier glacé. Au fil des pages, elle nous fait découvrir un coureur de jupons insatiable, un homme à double, triple vies et foyers, un père qui tient autant de l'ogre que du tyran. A ce stade, on peut légitimement craindre un règlement de compte de la pire espèce. Je dois bien dire que la démarche est heureusement un plus sophistiquée. L'auteur tente de nous faire comprendre la difficulté que rencontrent les proches du « monstre » à vivre à ses côtés, se construire et tout simplement exister. La bonne surprise est qu'on quitte assez vite le récit de type « pauvre petite fille riche » lorsque Félicité Herzog s'arrête plus longuement sur autres personnalités marquantes de sa vie : sa mère et son frère, tout aussi flamboyant et fracturé l'un que l'autre mais aux destins totalement opposés. le véritable intérêt réside peut-être dans cette filiation maternelle qui fait de l'auteur l'héritière en ligne directe des aciéries du Creusot, des Schneider et Cossé-Brissac, ces familles qui ont écrit les plus grandes pages de l'histoire industrielle et politique de la France sur plusieurs siècles. Mais là encore, le travestissement de la vérité, les secrets bien gardés sont la marque de fabrique de ces lignées.
Dommage que la dernière partie de l'ouvrage s'achève sur la fin malheureuse du frère schizophrène. Ce choix nous replonge dans un genre qui tient plus du sensationnalisme que de la vraie littérature d'autant que son manque légitime de distance face à cet épisode douloureux affaiblit grandement son style.
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Voici un livre surprenant, qui aurait tout aussi bien pu s'appeler « L'héroïsme », ou « Les héros », car il s'interroge, au travers d'histoires vécues, sur les splendeurs et misères de ces figures éternelles.

Félicité Herzog naît en 1968. Elle est la fille de Maurice Herzog, le vainqueur de l'Annapurna, et de Marie-Pierre de Cossé-Brissac, héritière des aciéries du Creusot et de la duchesse d'Uzès.

Celle à qui toute sa vie durant on a répété la « chance » qu'elle avait d'avoir un père tellement admirable (il sera ministre sous De Gaulle – et son récit de l'ascension de l' Annapurna se vendra à des millions d'exemplaires) et une vie si confortable, met à mal ces figures bien fragiles de l'héroïsme à la française.

Son récit se décompose en trois parties, et aborde trois visages de cet héroïsme familial.

Il ne faut pas s'attendre à trouver dans ce livre la narration fidèle et détaillée de scènes de famille entre Maurice Herzog et sa fille. Il aurait pour cela fallu, en premier lieu, qu'il y eut une vie de famille. le héros avait de nombreuses conquêtes, et avait déjà presque quitté le foyer conjugal quand Félicité est venue au monde – celle qu'il nommera lui-même une « étrangère ». Peu de descriptions du quotidien donc, hormis peut être deux scènes frappantes.

La première : alors que Félicité n'avait que quatorze ans et prend le soleil déshabillée sur un rocher, son père est frappé par la vision de son corps qui est presque celui d'une femme, et tiens alors à la photographier. Maurice Herzog, déjà décrit comme un « ogre » à femmes, ne s'intéressait alors guère à une fillette. Il lui prête alors ici un rare moment d'attention, et pourtant complètement inapproprié.

Une autre scène. Maurice Herzog invite sa fille quelques temps plus tard au restaurant, avec deux intentions assumées : qu'elle convainque sa mère de réduire la pension alimentaire (il avait alors deux autres enfants d'une nouvelle épouse) et qu'elle accompagne sa toute jeune maîtresse japonaise dans le beau monde parisien. Plus incroyable encore, le repas s'achève sur une troisième requête, qu'elle l'accompagne à un diner chez Jean-Marie LePen, contre lequel elle tenait des propos virulents.

Félicité parle de son père en ces termes : « pour sauver les apparences d'une ascension de légende, il a réécrit l'histoire, trahi et négligé son entourage sans jamais avoir le sentiment d'avoir fait mal puisque la société le jugeait si bien. Tout était bon pour parfaire la statue de héros qu'on lui avait demandé d'ériger autour de sa personne. La vérité, pour lui, est une éclipse ».

Comme d'autres avant ce livre, elle remet en question la célèbre victoire contre l'Annapurna en 1950, auquel le héros avait pourtant sacrifié ses doigts et ses orteils. Au conditionnel, elle imagine le pacte qui aurait pu lier Maurice Herzog à son compagnon de cordée, afin qu'il renonce à un projet qui allait coûter la vie de l'équipée. Déjà évoquée, cette théorie n'a jamais désacralisé ce héros « gaullien », qui avait su rallumer les étoiles françaises après la débâcle de la guerre.

Débâcle de la guerre et de la collaboration. Sans fard ni détours, Félicité Herzog retrace le parcours trouble de ses grands-parents maternels sous l'occupation, leurs positions antisémites et pro-Pétain. Prenant à revers la tradition familiale de la rédaction de Mémoires, elle expose simplement cette France archaïque et pourtant si fière d'elle et de ses origines.

Elevés dans cette famille scindée, entre un père adulé par le pays entier et étranger à son foyer, et une mère rebelle mais rentrée dans le rang (elle épouse en première noce un réalisateur juif, Simon Nora, ce qui lui vaudra d'être mise au ban de la famille durant plusieurs années), Félicité et son grand-frère Laurent grandissent comme les deux enfants terribles de Cocteau, entre château d'hiver et résidence parisienne d'été. Issus d'une éducation libertaire, inspirée de Dolto, le frère et la soeur son livrés à eux-mêmes. Et lorsque la violence de Laurent s'abat sur sa soeur, personne n'ose trop s'en mêler.

Avec émotion, Félicité raconte ce frère avec qui elle a grandit, trop rivaux pour s'aimer, et trop unis pour se séparer. Ce frère écrasé par la dynastie parentale, et qui répondait « ministre » lorsque sa maîtresse d'école lui demandait ce qu'il souhaitait faire à l'âge adulte. Ce frère torturé par la peur de l'échec ou de la faille, la peur de tomber là où son père a tant gravit : « la mégalomanie du fils renvoyait à la mégalomanie du père, qui n'hésitait pas à rapporter dans un de ses livres : d'égal à égal, je dialoguais avec les 8000, les géants qui m'entouraient. Il y avait entre mon père et mon frère, dans cette inconscience, un écho : l'ignorance des réalités, d'eux-mêmes et des autres ».

Et surtout, la difficulté pour ce frère, à la sortie de ses crises maniaques, d'accepter sa vie telle qu'elle était, loin des délires et des bouffées paranoïaques.

Ce frère enfin, que l'on retrouvera mort, tombé du haut des escaliers du château familial, à 34 ans.

Félicité Herzog lui adresse ce livre, comme leur mémoire commune. Elle lui doit, car elle estime avoir vécu en quelque sorte la vie qu'il aurait dû avoir, en choisissant de faire de la finance aux USA, comme il s'y était destiné avant que ne se déclare sa schizophrénie. Comme si dans leurs rapports gémellaires, il n'y avait pas eu assez de place pour deux. N'ont-ils pas eu assez de place ? Ou peut-être justement trop. Félicité s'étonne que dans un milieu où l'on s'attache tant aux apparences, la maladie de Laurent soit autant passée au travers des mailles.

Récit sur l'héroïsme et ses ravages, Félicité propose un document intéressant. Son écriture est simple, sans prétention. Il s'agit de son premier texte, et il est assez difficile de lui prédire un avenir littéraire. Ce texte est néanmoins poignant, et nous évoque tous les récits des survivants.


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Il a été beaucoup écrit sur les relations de Félicité Herzog et son règlement de compte avec son père (attitude douteuse pendant la montée de l'Anapurna, coureur de jupons, dérive lepéniste)... mais elle règle aussi ses comptes avec sa mère, qui ne réagit pas quand son frère l'envoie à plusieurs reprises à l'hôpital... sans s'inquiéter de la naissance de la maladie mentale de celui-ci... Elle tape aussi sur le reste de la famille de sa mère, Marie-Pierre de Cossé-Brissac, les Schneider, collabos et profiteurs de guerre. L'Anapurna, c'était déjà une vieille histoire quand elle est née, Louis Lachenal, son compagnon de cordée finale, était déjà mort depuis longtemps entombant dans une crevasse au cours d'une descente à ski de la vallée Blanche, sans doute non loin de là où, des années plus tard, Félicit se met en danger pour suivre son frère Laurent dans un défi stupide de dépassement de soi... Au-delà de l'histoire, pourquoi dire qu'il s'agit d'un roman alors que c'est un récit autobiographique? J'ai eu du mal à suivre par moment, d'ailleurs, car ce récit n'est pas ni linéaire ni chronologique et parfois confus.


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Un effort pour sortir l'insortable, dire l'indicible, déterrer les secrets, descendre l'idole de son piédestal. Quand on connait la difficulté de l'exercice, je trouve que c'est déjà louable en soi. Il faut lui reconnaître ce courage-là.
Après, ça se répète beaucoup, surtout dans les deux premiers tiers, et tout ça ne devient réellement intéressant que dans le dernier tiers.
J'espère pour elle que la thérapie par l'écriture aura été efficace, au moins...
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Très belle écriture
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Herzog : peut-être ce nom vous dit-il quelque chose. 1950, l'Annapurna. Et une auréole de gloire autour de cet homme. Dix-huit ans plus tard lui naîtra une petite fille qui aurait préféré chez son père moins d'aura et plus de tendresse. Une petite fille trop vite montée en graine, dans l'ombre d'un père absent, à l'ombre d'une mère « fragile, une équilibriste sur un fil de vie » (p 179), sous l'ombre tutélaire de grands-parents, valeurs-refuges pour Félicité et son frère aîné, Laurent, mais dont on découvre que, sous des allures de parfaite éducation, ils n'ont pas les mains tout à fait blanches…
Dans un milieu tout en hauteur (hauteur sociale du groupe Schneider, hauteur de l'escalade et de la réputation, hauteur des ambitions), s'élabore et se noue une vraie tragédie.
Laurent, devenu chaudron de violence, versera dans la psychose et se terrassera d'un infarctus à l'âge de 34 ans. Félicité a appris à s'auto-protéger, à un prix qu'on devine élevé mais qui lui a permis de survivre ; même dans les milieux les plus difficiles : il faut lire ses pages sur le métier de trader, c'est édifiant !
Pour ma part, je regrette que l'auteur n'ait pas fait un livre plus court : allégé de certaines pages qui m'ont paru peu utiles, il aurait été plus incisif, donc plus percutant dans les enseignements qu'il porte.
Des enseignements que nous ne pouvons pas manquer.
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Rares sont les livres que je n'ai pas finir. "Un Héros" est de ceux-là.
C'est un portrait charge non seulement de son père, Maurcie Herzog, héros de l'Annapurna en 1950, mais aussi de sa famille maternelle, héritière des acieries Schneider et de l'aristocratie française.
Ce déballage de linge sale m'a mis très mal à l'aise et je trouve l'auteur particulièrement ingrate vis à vis de cette famille qui lui a permis de vivre dans un grand confort, de n'avoir eu aucun souci matériel et faire tout ce qu'elle souhaitait.
Ce livre est aussi l'occasion de rendre hommage à Laurent, son frère aîné, schizophrène et qui s'est suicidé. Cette fusion entre un frère et une soeur m'a beaucoup touché. Tous les deux étaient très complices et Féllcité voue toujours un véritable amour à ce grand frère avec qui elle était souvent en compétition.
Seule cette parti est intéressante, le reste, pour moi, ne sont que des problèmes de riches.
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Ce livre est plutôt une bonne surprise. L'écriture est très soignée ce qui change des productions françaises habituelles. Ne serait-il pas justement trop soigné ? C'est à voir, les sujets abordés sont graves, la fantaisie et encore moins l'humour ne se justifient. J'en conseille la lecture...
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