Sur terre, chaque individu est fait pour compléter la vie d’un autre, de sorte que tous deux deviennent complémentaires et vivent en osmose. Une fois que le couple est formé, il ne peut être séparé sous peine d’anéantissement de leurs composants. Seulement, la plupart des couples qui se forment s’aiment très fort, certes, mais ils restent vulnérables car ils n’étaient pas destinés à former une entité pleine et entière.
Un jour je viendrai te chercher et ce jour-là nous nous quitterons plus. Si tu m’aimes aussi fort que je t’aime, tu me suivras. Tu es à moi et tu le resteras à jamais.
- J’ai besoin de ta presence, de sentir ton parfum, de respirer ton haleine. Donne-moi de ta douceur Justine, donne-moi de ta tendresse. J’en ai tant besoin.
Pour moi un homme et une femme qui sont amis peuvent coucher ensemble, juste comme ça, parce qu’ils en ont envie. C’est comme ça que je conçois l’amitié entre les deux sexes.
Les romantiques ont disparus, les poètes aussi. Je préfère avoir une vie libertine plutôt que d’être un petit bonhomme bien sage qui attend dans son coin que la mort vienne le chercher.
Justine pose son verre, se lève en soupirant, se dirige vers la porte d’entrée en traînant des pieds. Elle signe le reçu et retourne dans le salon après avoir remercié le coursier.
—Combien serez-vous ce soir pour l’anniversaire du petit ? Cinq ?
—Oui, cinq, Augustine.
La bonne reprend le chemin de la cuisine et Justine retourne s’asseoir en regardant, intriguée, cette enveloppe. Dans l’angle, il y a la mention Confidentiel. Elle vérifie que cette dernière lui est bien adressée personnellement, fronce les sourcils et l’ouvre frénétiquement. Elle lit ensuite le courrier et sa main se met à trembler. Puis ses yeux se remplissent de larmes qui, très vite, coulent le long de ses joues. N’ayant plus la force de tenir le pli, son bras s’abat sur sa cuisse, comme si elle se trouvait lasse et tout à coup, tout son corps se secoue, pris de violents spasmes, en sanglots. La lettre tombe à terre et, d’un bond, elle se lève, se saisit de la bouteille de whisky et la jette dans l’âtre de la cheminée au fond duquel elle se brise en produisant un bruit épouvantable. Elle fait la même chose avec le verre qu'elle n’a même pas pris soin de vider. Alertée par le bruit, Augustine vient voir ce qu’il se passe.
—Madame Justine ! Quelque chose ne va pas ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi pleurez-vous ainsi ?
Sa patronne se met à respirer brutalement, comme si elle reprenait son souffle après une immersion en apnée. Elle pose alors ses mains sur sa poitrine comme si son cœur était en train de se broyer.
—Vous voulez que j’appelle le docteur ?
—Non, Augustine, merci c’est gentil. Tout va bien.
La bonne aperçoit alors la lettre au sol et se penche pour la ramasser.
—Ne touchez pas à ça !
Surprise par la réaction hystérique de Justine, Augustine sursaute et fait un pas en arrière en se redressant. La jeune femme se baisse, s’empare du courrier et le plie en quatre. Du revers de main, elle essuie ses larmes et se tourne vers la bonne.
—Excusez-moi Augustine, je suis un peu nerveuse.
C'est être constamment amoureux toute sa vie comme au premier jour sans qu'une autre femme puise provoquer le désir en soi
l'amour est morbide. Il rend fou, il blesse, il fait pleurer.