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3,59

sur 95 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je découvre Jean Hatzfeld avec ce roman pioché au hasard dans une boîte à livres. Me basant uniquement sur l'illustration de couverture, je pensais qu'il ne serait question que de sport et de compétition, et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait de bien plus que cela !

Pour mon plus grand plaisir, les 3/4 du roman se situent en Russie pendant la décennie 1975/1985 donc sous gouvernance soviétique. Et pour une fois, il ne s'agit ni de Moscou ni de Petersbourg mais du méconnu Kirghizistan, terre d'élevage de moutons et de chevaux sauvages, rude pays asiatique martyrisé par Staline et ses camarades successeurs.

A travers le destin croisé de quatre athlètes - deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles -, c'est une véritable fresque historique que Jean Hatzfeld déroule sous nos yeux, décrite par un verbe sobre et percutant. Remarquablement écrit, "Deux mètres dix" oppose intelligemment les deux blocs ennemis en fin de Guerre Froide sur le tartan des stades olympiques. Si on y songe quelques instants, c'est un angle très perspicace quand on sait la place démesurée et la symbolique à l'avenant que la compétition sportive revêt encore aujourd'hui pour ces deux blocs antagonistes. La course aux étoiles et le sport. du rêve et des jeux. Au prix de quelles souffrances pour les athlètes, sacrifiés sur l'autel des intérêts géopolitiques ?

Mais l'auteur parvient avec talent et sensibilité à réunifier ceux que L Histoire ne parvient toujours pas à concilier. Et en plaçant ses héroïnes dans la posture aérienne du saut, et ses héros dans l'ancrage primal du portage de fonte, Jean Hatzfeld rend aussi un hommage qui ne manque ni de délicatesse ni de respect à ces champions portés aux nues puis ensevelis dans l'oubli.

Une fiction réaliste bien documentée et aux personnages attachants. Mon premier coup de coeur de l'année.


Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge SOLIDAIRE 2022
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Quatre sportifs au zénith de leur discipline . Deux haltérophiles , deux sauteuses en hauteur . Deux kirghizes, concourant pour la bannière CCCP et deux américains.

Voilà les quatre portraits que nous dresse Jean Hatzfeld, très bon conteur d'histoires sportives .
Le livre est foisonnant de thèmes : La quête du Graal sportif (on n'est pas sur des amateurs du dimanche mais sur des champions olympiques) , la guerre froide à travers le sport , les effets secondaires du dopage , le dévastation morale de l'après compétition.
C'est très bien fait, les destins s'entremêlant, et l'auteur est un virtuose quand il s'agît de décrire l'acte sportif, que ce soit la course vers la barre ou l'arrivée face à la barre, l'autre , celle des hommes forts.
On ajoute un peu d'exotisme avec la vie en Kirghizie , quelques belles scènes de nature et l'on a un roman dense , plein de finesse et très touchant par ces portraits qu'il nous livre.
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«  Chère Susan,
Je m'appelle Tatyana Alymkul, mais tu m'as connue sous mon nom russe, Tatyana Izvitkaya. Peut-être te souviens-tu, nous nous sommes rencontrées à Helsinki en 1982. »
Quand Sue reçoit cette lettre, cela fait 30 ans qu'elle n'est plus la star américaine du saut en hauteur qui pulvérisait le record mondial avec 2m09 .... Cette lettre va remuer des souvenirs et changer son quotidien.

Dans son roman, Jean Hatzfeld met en scène quatre athlètes de très haut niveau: deux haltérophiles et deux sauteuses en hauteur, qui se sont mutuellement affrontés au nom de leur pays respectifs : les États- Unis pour Randy et Sue, l'URSS pour Chabdan et Tatyana.
Nous sommes en pleine guerre froide et, au même titre que la course à l'espace, les compétitions sportives et les JO en particulier sont un terrain de prédilection pour mettre en avant la puissance des deux États concurrents. Pas question de se faire battre par « les Rouges », hors de question que « l'impérialisme américain » l'emporte . Les entraîneurs sont là pour pousser les athlètes à se dépasser, quitte à avaler quelques petites pilules miracles ...
La politique l'emporte aussi parfois : les Américains boycottent les JO de Moscou en 1980 (à cause de l'invasion de l'Afghanistan) et les Russes, en réponse, ceux de Los Angeles en 1984. Deux occasions ratées pour nos 4 athlètes de se rencontrer. Hatzfeld était encore journaliste sportif à l'époque et a couvert pour Libération les JO de Moscou sous haute tension. le récit de la cérémonie d'ouverture est en fait son propre article de l'époque.

Le roman rappelle aussi que sous l'unité de façade, l'URSS comptait des républiques soumises et brimées comme celle des Kirghizes à laquelle appartiennent nos 2 sportifs « russes ».

A côté de ce contexte politique, l'intérêt du roman réside dans le regard à la fois très précis et très poétique que porte l'auteur sur ses athlètes . On sent qu'il connaît et admire l'univers de ces sportifs de haut niveau, le travail répété encore et encore, la gestuelle, les sensations , la puissance et la force physique de l'haltérophile, la grâce et la légèreté aérienne de la sauteuse. Dieux du stade à une époque, stars déchues, usées et souvent malades de trop d'efforts et trop de produits dopants..

Enfin le roman est une belle célébration de l'amitié , dans la nature sauvage du Kirghizistan, auprès des chevaux et des moutons.

On s'attache à ces personnages plus vrais que nature et j'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture. Qui aurait cru que l'haltérophilie me semblerait presque poétique !
Merci à Gwen21 d'avoir attirer notre attention sur ce roman dans le cadre du Challenge solidaire !


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Sue et Tatyana. Deux sauteuses en hauteurs. L'une américaine, l'autre soviétique, kirghize.
Randy et Chabdan. Deux haltérophiles. L'un américain, l'autre soviétique, kirghize.
Chacun dans sa spécialité, ils vont se rencontrer lors de championnats mais pas les JO. Dans les années 80, les jeux olympiques de Moscou seront boycottés par les américains. Les jeux de Los Angeles le seront par les soviétiques.
Jean Hatzfeld raconte le parcours sportif de ces athlètes, leur début, la reconnaissance, le travail, la pression mais aussi le dopage. Dans les années 80, c'est le temps de la guerre froide et les deux puissances rivalisent aussi sur le terrain sportif.
Des années plus tard, Tatyana invite Sue dans ses montagnes kirghize et Randy partira sur les traces de Chadan au Kirghizstan devenu indépendant à l'éclatement de l'URSS. Une façon d'évoquer ce que deviennent les sportifs après la compétition.
J'aime le sport et j'ai vraiment aimé ce livre. Jean Hatzfeld, ancien journaliste sportif, décortique les gestes sportifs tout en poésie. Il nous remet dans le contexte politique de l'époque et cela raisonne étrangement en ces jours sombres.
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Autour de 4 athlètes, Jean Hatzfeld reconstitue les conséquences de la guerre froide dans le monde du sport : 2 gymnastes, 2 haltérophiles, 2 Russes, 2 Américains qui participent aux jeux olympiques. C'est aussi l'histoire d'un pays, le Kirghizistan sous domination russe à ce moment-là. Et bien sûr, les contraintes des entraînements, l'exaltation des concours et pour les Russes, la présence continuelle du KGB. Ces 4 sportifs au parcours différent sont décrits dans leur complexité, leurs contradictions, leurs espoirs et leur déconvenue.
On suit surtout les 2 jeunes femmes, Sue et Tatyana, au corps détruit par les traitements hormonaux pour l'honneur de leur nation. On songe bien sûr aussi à "la petite communiste qui ne souriait jamais ".
Elles se retrouveront des années plus tard au Kirghizistan, entourées d'une nature sauvage et de troupeaux de moutons qui les aideront à se reconstruire.
Lecture très intéressante et d'actualité !
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Ce roman traite de la guerre froide mais Jean Hatzfeld prend le partie d'en parler du point de vue des athlètes.
J'ai beaucoup apprécié le style d'écriture. J'ai aussi appris de la géopolitique et politique de l'époque : On suit quatres athlètes de deux pays différents (Kirguizes et américains). L'auteur nous parle de leur vie mais aussi de la politique de l'époque. Certains de ses athlètes vont être amenés à se croiser.
le Kirguizistan n'est pas un pays dont on parle souvent. J'ai été captivé par le passé de ce pays méconnu. C'est l'écriture de l'auteur qui distille des informations avec parcimonie qui m'a permis d'apprécier cette lecture.
De plus, celui-ci sait tenir le lecteur grâce à des allers-retours dans le temps. J'ai souvent du mal avec ce style d'écriture et pourtant ici j'ai trouvé que cela servait le récit.
C'était ma première lecture de cet auteur mais je sais déjà que je relirai des roman de celui-ci.
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Sue est une ancienne championne américaine de saut en hauteur, un peu en perdition. Elle reçoit une lettre de Tatyana, une autre championne de saut en hauteur, kirghize d'origine koryo-saram, qui lui demande de venir la rejoindre chez elle au fin fond du Kirghistan. Les deux femmes se retrouvent dans ces montagnes paisibles peuplées de moutons et évoquent leurs années de compétition, les autres athlètes de l'époque, le dopage, la répression du peuple kirghize et les années de guerre froide. Un livre que je n'aurais pas lu si j'avais regardé la quatrième de couverture, mais que j'ai trouvé très joliment écrit, très touchant et très instructif.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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j'ai été touchée par ce roman qui raconte le parcours de 4 grands sportifs. Nous partageons leurs ascensions, leurs moments de gloire et leurs vies après leur carrière sportive. Ce roman bien écrit est plein de sensibilité.
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Livre très intéressant à de nombreux points de vue : le côté sportif avec l'évolution de ces quatre champions, le côté humain avec les relations que ces champions ont entre eux ou leur entourage, le côté politique avec le traitement des sportifs ou des populations par les gouvernement soviétiques de l'époque 1930 à 1950. C'est très souvent assez édifiant. Il y a vraiment beaucoup de choses et on ne s'ennuie pas une seconde. Un excellent livre.
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Quel plaisir de lire ce petit roman!
Beaucoup d'émotions jusqu'à la fin, surtout la relation magique, impensable des deux sauteuses(Sue et Tatiana) qui se comprennent , elle paraît impossible mais elle a bien lieu et vous envoûte car l'environnement, en pleine montagne, y participe.Malgré les histoires disparates( des sauteuses et des haltérophiles ) , nous ne sommes pas perdus.Les haltérophiles Randy et Chabdan ont des parcours différents, celui de Randy est plus heureux, il vit une retraite commode avec Heather, son épouse.En revanche Chabdan meurt dans des conditions étranges, dans un goulag sibérien, Yevgeniya se souvient de son mari et leur raconte cette triste fin à Randy et à Heather , venus lui rendre hommage.C'est émouvant...Rien n'est occulté, le dopage organisé par les fédérations respectives suivi des ravages qu'ils occasionnent....Sue souffre d'avoir consommé des médicaments et en meurt ....C'est subtil , aérien, les barres qu'elles passent , les haltères qu'ils soulèvent , les oiseaux qui pépient, les flocons qui tombent .Peu importe la nationalité américaine ou soviétique, les rivalités qui s'estompent,le bonheur est absolu.
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