Il est vrai que Sam n’était pas l’homme de sa vie. L’autre, le grand amour de sa vie, Rachel l’avait également perdu d’une manière soudaine et tragique.Mais elle connaissait Sam depuis toujours car il vivait dans la ferme voisine. Il était tellement fiable, tellement solide et tellement amoureux d’elle que consentir à l’épouser lui avait semblé la bonne décision. De plus, toutes ses amies étaient déjà mariées et, après avoir enseigné deux ans à l’école amish, elle s’était dit qu’elle avait vingt ans et qu’elle ne devait pas trop tarder à fonder une famille. Certes, elle adorait ses petits écoliers, mais elle savait qu’il était temps d’avoir ses propres enfants…
Les Amish appellent rumspringa, mot qui signifie « courir dans tous les sens », leurs années d’adolescence et de première jeunesse. Durant cette période bénie, garçons et filles peuvent sortir ensemble et se coucher tard ; certains vont même plus loin dans la connaissance intime qu’ils peuvent avoir l’un de l’autre. Ils peuvent également goûter à certaines libertés interdites, et par exemple écouter la radio, aller au cinéma, fumer ou boire.
Les Amish devaient se marier entre eux de manière à perpétuer leur communauté. Accepter Eben comme époux permettrait à Rachel d’en finir une fois pour toutes avec ses difficultés financières et de ne plus devoir recourir à l’aide des autres, qui avaient tous leur propre ferme et leurs propres gosses.
Nous autres Amish, nous vivons hors du monde, inutile de l’évoquer même au passage puisque nous ne faisons rien comme le reste du monde. Quant au mariage, il est chez nous la condition légitime et indispensable de toute femme qui se respecte.
« Il n’y a pas de passé que l’on pourrait ressusciter à force d’en être nostalgique, il y a seulement le présent éternellement nouveau qui se construit et se crée à partir des éléments du passé. »
Goethe