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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lu en Avril 2016 suite suggestion de Babelio.... suite mon envie de recenser les Nobels de Littérature... suite à vouloir décrocher une insigne Novice en Littérature du Grand Nord ....suite Questions pour un Champion et son célèbre "4 à la suite" ;-)
Comme vous en avez pris l'habitude maintenant, je ne vais pas vous résumer ici l'histoire sans fin, d'un gars qui galère, fin XIXe, sans toit, dans les rues d'Oslo, qui se dispute avec un chien pour un os à ronger, bref qui n'arrive même pas à mettre faim à son cauchemar ! c'est peu dire !!
Je vous rappelle que pour les résumés, c'est "info" en tête de page, 4em de couverture, critiques éditeurs et résumés membres....
Par contre, par le plus curieux des hasards, sortie de Bibliothèque de Rennes Nov2016, je tombe sur un DVD film de Henning Carlsen (1966): "La Faim"....les cinéphiles apprécieront la sélection pour la Palme d'Or et le Grand Prix d'interprétation pour Per Oscarsson à Cannes en 1966 (les Césars c'est à partir de 1976, comble pour un Oscar son !) , clou de ma surprise, en Bonus : Entretiens (2002) Régina Hamsun (petite fille de Knut) avec Paul AUSTER !!!!!
Rappelez-vous "Moon Palace" de P. Auster, (ici, vous êtes obligés d'interrompre votre lecture, pour consulter (et apprécier !!) ma critique, où déjà, je faisais allusion à une certaine similitude entre ces deux romans !!!
Tout ça, pour vous dire, que Réalisateur et Acteur ont réussi avec brio à nous restituer sans conteste, la concrétisation d'une introspection, de nous projeter la vision d'une âme, de nous faire toucher à sa faim... le best, le fin du Faim, Prix mérités, mais c'est vrai "la Faim" justifie les moyens ! ! !
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Christiania, 1884. Un jeune homme erre dans les rues de la ville, en guenilles, le teint hâve, les traits tirés. C'est Knud Pedersen, qui sera plus tard plus connu sous son nom de plume Knut Hamsun, futur prix Nobel de littérature, et parfois surnommé le « Dostoïevski norvégien ».

Pedersen a quitté les îles Lofoten, cette région sauvage aux paysages impressionnants et au climat rude, et a fui son oncle autoritaire et pieux pour tenter sa chance dans le milieu littéraire de la capitale de la future Norvège.

Le pays est alors très pauvre (eh oui difficile d'y croire, mais nous sommes bien avant l'exploitation des puits de pétrole et des gisements miniers qui fera l'immense richesse de la Norvège moderne) et le jeune homme doit lutter jour après jour pour manger.

La faim, qui compte au nombre de ses admirateurs Gide, Mirabeau, Paul Auster, est le récit de cette période. Tous les jours, il faut trouver à manger, et parfois tromper l'estomac en mâchonnant de simples copeaux de bois.

Hamsun partage ici cette expérience de la faim, en en décrivant chacun des stades: maux de tête, nervosité, étourdissement, crampes au ventre, vomissement, chute de cheveux, troubles de la vue, peur, nausées causées par sa propre salive, hallucination, accès de paranoïa, … jusqu'aux sens exacerbés, jusqu'à la dissolution de l'être qui n'est pas sans rappeler les expériences extrêmes des ascètes hindous et autres mystiques.

Au-delà de la faim, de cette expérience physique, l'auteur révèle son caractère, sa honte d'être pauvre, sa douleur de ne pouvoir donner aux mendiants et la joie de donner le peu qu'il a, son sens aigu de l'honnêteté et de la droiture. Dieu en prend pour son grade, car Hamsun ne craint pas de l'interroger sur ses desseins, sur sa pseudo bonté, comportement assez atypique dans la Norvège pieuse et conventionnelle de cette fin de XIXème. On découvre un homme fier à en crever, qui tient peut-être bien plus à sa dignité qu'à la vie, et qui garde toujours une once d'espoir, certain que les choses finiront par s'arranger. C'est un bel exemple de ténacité.

Ténacité aussi dans la volonté d'écrire, dans la conviction de sa vocation d'écrivain. En effet, Hamsun témoigne ici aussi de ses débuts créatifs. Il nous parle de sa facilité à inventer des histoires, à « baratiner » comme on dit avec un certain dédain. Il décrit son processus de création et décortique les mécanismes mentaux en jeu. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cette introspection du personnage principal, sorte d'anti-héros, qu'on l'appelle le Dostoïevski norvégien ? Il nous plonge au coeur de ses crises de doute et d'inspiration, quand les mots ne viennent pas, quand ils fuient à la moindre distraction, ou au contraire quand ils jaillissent comme une source et vous prennent d'assaut.

Personnellement, contrairement à une idée largement répandue, je ne crois pas qu'il faille avoir vécu un traumatisme, quel qu'il soit, pour être un artiste. Je pense que le point commun à tous les artistes est une grande force de caractère: s'accrocher coûte que coûte, se remettre en route après un énième échec et ne jamais douter d'être un jour reconnu. Et Hamsun ici nous donne une magnifique leçon de pugnacité, à garder à l'esprit les jours de doute.
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Sur le challenge XIXème siècle de Babelio,nous nous sommes posé la question de la date la plus pertinente à retenir pour marquer la fin du siècle littéraire et avions retenu 1914 comme marqueur d'un tournant definitif.
Plus je lis ce siècle et le début du suivant, plus il m'apparaît qu'une première ligne annonciatrice de la bascule se dessine dans la dernière décennie, avec des tonalités et des thèmes nouveaux qui émergent, et ce texte de 1890 me conforte dans cette impression.
Estomaquant, brutal, jamais vu avant (comme en témoigne en préface Octave Mirbeau lui-même porteur d'une voix nouvelle sur la période ), La faim porte une incandescence, une modernité et une universalité sublimes qui m'ont littéralement retourné les sens,bien longtemps après avoir séduit le jury du Nobel.
Pas de construction narrative élaborée, pas d'effets de style :rien que la voix d'un homme en permanence au bord de l'inanition,d'une intégrité absolue, dévoré par son orgueil, affamé dans un monde peuplé de silhouettes vides et de valeurs creuses qui ne le nourrissent pas.
Sidérant, dérangeant, ce texte âpre et tendu interpelle, y compris sur le fait que les dérives morales ultérieures plus que douteuses de l'auteur qui a encensé Hitler dans les années 30 puissent y être déjà contenues.
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C est pour des livres comme celui-là que je lis. Une découverte de cette ampleur à mon (grand) âge, j'avoue ne pas y avoir songer en débutant "la Faim". Et pourtant.. Chef d'oeuvre, voilà voilà, et c'est tout !! le sujet? Un pauvre homme, vivant d'expédient, tentant souvent vainement d'écrire des articles pour les vendre à un journal, crève de faim.
c'est le monologue, entrecoupé de dialogues qui fait la force de ce livre. On suit le personnage avec passion, avec espoir mais surtout avec une immense tristesse.
Il y a des tonalités russes dans ce roman. La fierté, l'orgueil, la religion, la "raison" mais aussi la folie sont les toiles de fond de "la Faim".
Les dialogues semblent sortis d'un Dostoïevski
C'est un roman court (moins de 300 pages dans l'édition de poche), mais énorme de part son sujet, si simple (!!) et sa qualité littéraire.
Bref, un monument de littérature.
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"C'était au temps où j'errais, la faim au ventre, dans Christiana, cette ville singulière que nul ne quitte avant qu'elle lui ait imprimé sa marque "

Une fois n'est pas coutume, j'ai eu envie de mettre l'incipit du roman. Car en le terminant, je suis retournée vers cette première page intriguante.

Dès les premières lignes, on vous annonce la couleur.
Le héros de cette histoire va sillonner la ville, non pas la peur au ventre mais la faim au ventre.
Qui est-il ?
Un écrivain en devenir, un écrivain passionné, qui " écrit comme possédé", mais un écrivain dont les articles de journaux sont refusés , qui n'arrive pas à joindre les deux bouts.
C'est un personnage solitaire, en marge, mais cultivé, certainement brillant. On le suit, au plus près.
On partage son quotidien. Et on ne nous épargne rien. Il tente de survivre en vendant le peu qu'il lui reste pour pouvoir écrire. Il écrira sous le réverbère, sur le trottoir, lorsque sa dernière bougie se sera éteinte.
Cette ténacité, cette passion, ou plutôt cette seconde nature qu'est l'écriture chez lui, m'a touchée.
Mais ne vous y trompez pas, ce personnage n'est pas attachant.
Il est même souvent exécrable.
Malgré tout, il n'est jamais véritablement larmoyant.
Il rejette d'ailleurs la moindre aide.
Il refuse la pitié.
Il est l'anti Bel -ami, comme j'ai pu le lire dans une autre critique.
En effet, c'est son strict opposé.
Il ne cherche pas à s'élever coûte que coûte. Il préfère endurer la faim plutôt que de demander de l'aide.
Et malheureusement, il va vite tomber dans une misère insoutenable pour nous lecteurs, qui assistons à son agonie.
Puis la faim brouillera bientôt ses pensées. On se demandera s'il devient fou. Mais peut-être l'était -il déjà ?
La faim nourrit sa folie, comme sa folie entraîne sa faim.

Mon avis

Gros avantage des challenges : nous faire découvrir de nouveaux auteurs.
Et cette année, figure dans le challenge solidaire, Knut hamsun, un écrivain norvégien, prix Nobel de littérature, qui m'était, je l'avoue, complètement inconnu.
Une lecture donc, assez intimidante, que j'ai lu finalement avec beaucoup de plaisir.
Le style est agréable et ne manque pas de romanesque. Toutefois, l'intrigue est mince. L'unique sujet est la faim. Rien ne nous est épargné : maux de ventre, vomissements, perte de cheveux, et troubles psychiatriques. C'est bien cela qui me faisait peur. Mais l'auteur a un talent fou car il nous en fait une histoire très digeste (sans mauvais jeu de mots). Son approche psychologique est très intéressante, et inspirera beaucoup d'autres auteurs comme Kafka par exemple et lui vaudra le surnom de Dostoïevski norvégien. Flots de pensées et réflexions parfois cyniques pourront même vous amener à sourire, voire à rire.
Un roman grandement autobiographique qui nous rappelle le statut précaire des écrivains et artistes en général.
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Le narrateur n'a pas de nom. Il est pauvre, très pauvre. Il erre dans les rues de Christiana (Oslo), à la recherche d'un toit pour la nuit ou d'un morceau à avaler, fait quelques rencontres, observe le monde qui l'entoure. Tenaillé par la faim, son état frôle parfois la folie et pourtant il ne connaît qu'un impératif : écrire.

Depuis un an ou deux, je vois passer ce titre régulièrement, mais il ne me tentait pas vraiment. le thème de l'indigence, sans doute, me rebutait. Et puis, Knausgaard, un autre auteur norvégien, a aiguisé ma curiosité. Il parle beaucoup de Hamsun et de la faim dans Fin de combat (une de mes lectures en cours). Après, j'ai réalisé que L'art de la faim d'Auster analyse aussi l'oeuvre de Hamsun. J'ai adoré ce roman qui nous conduit dans les méandres de la pensée, dans un style annonciateur du flux de conscience, et nous montre la misère de l'intérieur, paradoxalement sans misérabilisme. J'avais du mal à le lâcher et je crois qu'il laissera sur moi une trace durable.
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A plus de 30 ans, en 1890, Knut Hamsun (Alias Knut Pedersen) publie son premier opus : « La Faim ».
Ce travail que la vie même de l'auteur permet de penser très largement autobiographique décrit l'errance de son narrateur dans les rues de Kristiania - en fait Oslo - avant qu'il n'embarque sur un bateau et ne quitte la Norvège pour l'Amérique.

On découvre un personnage, vivant de petits articles dans les journaux, jusqu'à ce que les commandes viennent à manquer.
Il découvrira alors, sans le sou et sans toit, l'âpreté des rues pluvieuses de Kristiana, les nuits humiliantes passées dehors et celles non moins humiliantes mais néanmoins réparatrices au poste de Police… Mais plus qu'à toute autre déchéance, il fera l'expérience de la faim qui le conduira à sucer un morceau de bois ou un os quémandé chez le boucher…
La faim qui le mène à la destruction physique et à la folie…

On peu cependant se poser la question : n'y a-t-il pas plus ou moins consentement de sa part à cette situation qu'à plusieurs reprises il peut briser, tout au moins temporairement : comme une autodestruction ?... On peut le croire quand on le voit donner cinq Couronnes à un mendiant, qu'on vient de lui rendre par erreur, au prétexte de l'honnêteté à retrouver…où de sa dignité elle aussi à retrouver quand il jette ses dix dernières Couronnes au visage de sa logeuse qui vient de l'expulser…

Selon l'expression consacrée en pareil cas : un livre dont on ne sort pas indemne et que, pour ma part, j'élève au même niveau que les meilleurs Zweig.

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Voilà un roman bien étrange qui a tout pour me plaire à l'exception des dérives de son auteur car vers la fin de sa vie Knut Hamsun a cautionné honteusement le nazisme. Il est mort dans un hôpital psychiatrique et ceci explique peut-être cela. Mais je ne ferai pas le procès de l'auteur (il en a eu un) puisqu'il n'est pas question d'idéologie dans son premier roman qui date de 1890 et que j'ai beaucoup aimé.
Son titre a changé dans la dernière traduction de Régis Boyer qui considère que "Faim" est plus juste que "La faim". Effectivement, ce n'est pas la même chose. Il faut dire que je pensais avant d'ouvrir le livre qu'il s'agissait d'un essai sur la faim mais pas du tout, il est question d'un jeune norvégien famélique errant dans les rues de Kristiania, une ville qu'il connaît bien.

Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, on navigue dans l'esprit torturé du narrateur qui pourrait ne pas être sans cesse sur le point de mourir de faim. Mais il a probablement besoin d'être dans un état de manque, affamé, pour trouver l'inspiration, cherchant à écrire pour vendre ses textes aux journaux afin de gagner quelques sous pour vivre.
Je l'ai pris pour un fou m'attendant au pire mais non, il est juste différent de son entourage.
C'est comme s'il cherchait volontairement à dépouiller son âme et sa raison semble vaciller. Il est borderline même en amour alors que tout semble possible dans sa vie s'il n'avait pas d'absurdes sursauts d'orgueil. Il déborde même de générosité par moments, préférant donner que recevoir quitte à rester plusieurs jours sans manger.

Expérience vécue ou pas, Knut Hamsun explore la psychologie tortueuse du narrateur de façon surprenante avec un langage très moderne pour l'époque comme quand il écrit "Mon cerveau nerveux sorti ses antennes" expression amusante que j'aime bien.
Une deuxième lecture du lauréat du prix Nobel de littérature 1920 va s'imposer rapidement.


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Un ver solitaire se promène dans le corps d'un parasite et le parasite se promène dans les rues de Christiania (Oslo). Notre charmant ténia est invité à consommer du pain, du beurre, un bifteck, du fromage, des gâteaux, tout ce qu'ingurgite son hôte et l'hôte, du coup, meurt de faim. Cependant, il se nourrit de sa faim, en tant qu'observateur, en tant qu'écrivain qui n'écrit que lorsqu'il a faim. Je citerai enfin Artaud : "S'il nous importe à tous de manger tout de suite, il nous importe encore plus de ne pas gaspiller dans l'unique souci de manger tout de suite notre simple force d'avoir faim."
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La Faim raconte l'histoire d'un homme qui crève littéralement de faim. Un homme qui, au moment où le texte commence, est chassé de la chambre de bonne qu'il ne peut plus payer. Cet homme parvient de temps en temps à placer un article dans le journal pour gagner quelques couronnes. Survient alors un court moment d'espoir, une nuit à l'abri et quelques repas. Mais très vite la misère et la faim reviennent. Comme un leitmotiv, une douleur sourde qui vous dévore physiquement et surtout moralement.

Orgueilleux et solitaire, l'homme refuse toute aide et n'accable en rien la société. Résigné, il réserve ses protestations à Dieu. La faim n'est donc pas un roman social. C'est un roman purement psychologique proposant une analyse minutieuse des effets du manque de nourriture sur l'organisme. Seul résultat possible, la folie. le lecteur, devant une telle description clinique, pourrait sortir du livre aussi accablé que le héros mais il est au contraire tenu en haleine par la succession de moments d'espoir et d'abattement. L'écriture d'Hamsun y est pour beaucoup, notamment grâce à l'alternance entre des passages lyriques et d'autres plus mélancoliques.

Roman de l'exploration du subconscient, La Faim montre un homme seul dont la raison ne parvient plus à contrôler les mouvements de l'âme. Publié une première fois en France en 1895, le texte est réédité dans une version définitive en 1926 avec une introduction d'Octave Mirbeau et une préface d'André Gide. Entre temps, Knut Hamsun aura obtenu le prix Nobel de littérature en 1920 pour L'éveil de la glèbe.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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