Les bibliothécaires ont des connaissances. Elles nous indiquent les bons livres. Les bons mots. Elles trouvent les meilleurs endroits. Comme des moteurs de recherche dotés d'âmes.
La chose qu'il faut que vous gardiez en mémoire, c'est que c'est une chance, une chance rare, d'effacer toutes les erreurs qu'on a commises, et de vivre toutes les vies qu'on veut. N'importe quelle vie. Faire de grands rêves... On peut être tout ce qu'on veut. Parce que, dans une vie, on l'est.
Nora aurait voulu vivre dans un monde où la cruauté n'existait pas, mais, dans les seuls mondes à sa disposition, il y avait des humains.
Elle pensait, dans ses heures nocturnes et suicidaires, que la solitude était un problème. Mais ce n'était pas une vraie solitude. L'esprit solitaire dans la ville multidineuse est avide de connexions, parce qu'il pense que l'échange entre êtres humains est l'alpha et l'oméga de toute chose. Mais, au sein de la nature à l'état pur (le "tonique de la vie sauvage", comme disait Thoreau), la solitude prenait un caractère différent. Elle devenait une sorte de connexion par elle-même. Un lien entre le monde et elle. Entre elle et elle-même.
Il ne faut jamais sous-estimer l'importance énorme des petites choses.
Franchement, je suis un gâchis d'empreinte carbone ambulant.
C'est facile de pleurer les vies qu'on n'a pas vécu. Facile de regretter de ne pas avoir perfectionne d'autres dons, dit oui à d'autres propositions. Facile de se dire qu'on aurait pu travailler davantage, aimer plus, mieux gérer ses finances, soigner sa popularité, rester avec le groupe, partir pour l' Australie, accepter une invitation à prendre un café ou faire plus de ce fichu yoga.
Ça n'exige aucun effort de regretter les amis qu'on ne s'est pas fait, le métier qu'on n'a pas fait, ceux qu'on n'a pas épouses et les enfants qu'on n'a pas eus. Ce n'est pas difficile de se voir par les yeux des autres, et de regretter de ne pas être toutes les différentes versions kaleidoscopiques de soi qu'ils auraient voulu que l'on soit. C'est facile de s'en vouloir, et de s'en vouloir de s'en vouloir, à l'infini, jusqu'à l'expiration de son parcours personnel.
Mais le vrai problème, ce n'est pas les vies qu'on regrette de ne pas vivre. C'est le regret même. C'est le regret qui nous fait nous recroqueviller sur nous-même, nous ratatiner, et nous sentir comme notre pire ennemi et celui des autres.
Chaque vie se compose de millions de décisions. Des grandes et des petites . Mais chaque fois qu'une décision est prise au détriment d'une autre, les issues différent. Une variation irréversible se produit qui mène à son tour à d'autres variations...
Trois heures avant de décider de mourir, son être tout entier était malade de regrets, comme si son désespoir émotionnel était localisé dans sa poitrine et jusque dans ses membres. Comme s'il avait colonisé toutes les parties d'elle-même.
Mais sa vie était une cacophonie sans queue ni tête. Un morceau qui aurait pu partir dans des directions merveilleuses et qui n'allait plus nulle part maintenant.