AU PLUS GRIS DU CORPS
à l’intérieur de soi
gît la menace de
l’arbre
ses racines qui
creusent
sa terre
comme une langue
creuse
la gorge
… sa parole de
feuille à peine éclose
déjà éteinte
jour et nuit
maintient
la terreur
souterrain
en devenir de
sous-langue
au-dessus
l’espace froissé
de rides jaunes
la tentation de déterrer
ce qui se pense
au plus gris du corps
Extrait
tant d’eau et si peu de mirages…
sur les espaces désertés
d’intimes séismes hissent
à la surface
l’indifféré de la matière
ce soir on désosse le réel
le ciel a des accents
de cire cachetée
l’eau est sale dans le verre
des lèvres inconnues
s’acharnent en ce lieu
où repose l’épave de la parole
on bute sur l’absence
le désir est plus limpide
que le sommeil qui coule
vers son terme
la confusion des strates abrège l’au-delà
à l’instant de se noyer
de rejoindre
les fragments épars du monde…
Une frontière se tisse de non-dits…
Une frontière
se tisse de non-dits
qui ne
nous appartiennent pas
comme un sourire
qui durcit les matins
un appel quotidien
dont
la durée se mesure
en années d'enfance
ne pas répondre
jeter le minuscule téléphone
qui nous reliait au monde
mourir au dire