Je poursuis mon voyage dans l'univers de
Méndez, l'inspecteur barcelonais de
Francisco Gonzales Ledesma.
La recette ne me lasse pas. Mieux, plus je progresse dans la lecture, plus je jubile.
Des morts bien pires est la dernière enquête de
Méndez. On se demande pourquoi Ledesma s'en débarrasse ainsi. Une balle chopée alors qu'il vient d'élucider une affaire de meurtres des plus sordides perpétrés par un réseau international de traite des blanches dirigé par un barcelonais du nom de Müller (sic).
La méthode
Méndez est toujours la même. Courage, désobéissance, opiniâtreté, doutes.
Je ne partage pas cette assertion de la 4ème de couverture « en difficulté avec ses supérieurs, le vieil inspecteur
Méndez… »
En fait,
Méndez se fout complètement de ses supérieurs. Il joue pour eux le rôle qu'ils s'attendent à le voir jouer :
-Putain de merde,
Méndez !
- Putain de merde, Monsieur le commissaire !
Et tous deux se regardent droit dans les yeux. le dialogue entre gentlemen, le contact humain, est enfin rétabli.
-
Méndez, vous êtes arrivé de cet immeuble du parc
Cervantes dans un véhicule de patrouille. Vus aviez l'air complètement paralysé (…) comme si on vous avait obligé à tailler une pipe au beau milieu des Ramblas.
(…)
- Fait chier, Monsieur Monterde !
- Fait chier,
Mendez !
- Je dois vous poser quelques questions, car il m'arrive d'avoir la sensation de ne me souvenir de rien.
Comme toujours chez Ledesma, l'histoire mérite le détour, bien construite, crédible, jamais très loin de l'actualité et de la réalité des adhérences, via des couches empilées les unes sur les autres, entre le pouvoir et le grand banditisme. La question de la prostitution dite de luxe et de la présentation qu'en font les médias (cf les « affaires » DSK ou Trump) est traitée avec un luxe de détails jamais racoleurs.
L'existence de réseaux, s'abritant derrière des motifs humanitaires, faisant miroiter à de jeunes femmes, venus le plus souvent de pays d'Europe centrale et orientale, mais aussi d'Afrique et d'Amérique du Sud, la possibilité de carrières artistiques fulgurantes à l'ouest, est le ressort de l'intrigue.
En Espagne, et à Barcelone particulièrement, les agissements d'une filière ukrainienne sortent de la discrétion souhaitée par les commanditaires.
Méndez fait tout de suite la bonne analyse, mais sa hiérarchie redoute son côté rentre-dedans et lui interdit d'investiguer plus avant.
Son réseau de relations dans la Barcelone d'autrefois, son instinct, son flair, vont le conduire directement à la solution.
« Il arrêta de penser, ce qui était mauvais signe. Cela voulait dire que
Méndez finirait par entreprendre une action illégale malgré son indiscutable respect de la loi et du serment afférent à sa fonction. »
La conduite de l'enquête par
Méndez est l'occasion d'un voyage surréaliste dans Barcelone :
« Rue Tallers, le dernier endroit de la ville où l'on peut encore trouver des machines à écrire. Boutiques de disques pour collectionneurs. Un ou deux restaurants pour une tambouille de première nécessité, une boulangerie, un tabac où l'on achetait des volutes de fumée, et peut-être, des volutes de temps. Nous avons tous besoin de bribes de temps afin de nous persuader que la vie ne nous accule pas. »
Lien :
http://desecrits.blog.lemond..