Comme dans la vie, l'horizon symbolise tous les possibles. Les rencontres, l'exaltation de la course que j'ai déjà décrite, les paysages à venir et dont on ne distingue pas encore les couleurs... Une vie sans horizon, sans objectif à atteindre, est une prison, une existence sans avenir à portée de vue. La nature même de l'existence est d'avoir un terme.
Un voyage est un individu. Il n'en est pas deux semblables.
Le vrai loisir, la vrai liberté, consiste à choisir ses propres contraintes.
Car vivre c'est avancer sans cesse.
Y a t il un bonheur plus grand que de se trouver soi, chaque jour,en allant au contact des autres, tout en ayant conscience de ses limites ? Je ne le crois pas.
Et le cours de l'Histoire ne semble être qu'un long chemin vers le rejet de l'autre.
Pendant l'effort, des verrous sautent. Des frontières dont nous n'avions pas connaissance sont franchies et l'on bascule dans un moi dont nous ne soupçonnions pas l'existence. Comme si l'âme, l'être, appelons-le comme on le souhaite, engoncé dans la coquille souffreteuse et claudicante de son corps, n'attendait qu'une chose : pouvoir en sortir. Et les paysages qui nous entourent sont alors autant d'accroches pour parvenir à un état autre, différent. La douleur est une façon de parvenir à un étonnement émerveillé permanent.
Contempler l'horizon me semble être la plus belle incitation au nomadisme. Regarder vers l'ailleurs, vers autrui, représente l'exacte opposé de se fixer le nombril ou de s'admirer dans un miroir. En projetant son regard au loin, on se donne à voir tant de possibles que l'imaginaire fonctionne à plein régime. L'attirance pour l'horizon s'oppose au repli sur soi qui germe chaque jour un peu plus dans nos sociétés et nos mentalités.