Je suis tombée toute petite dans la marmite Audiard car mes parents étaient (et sont toujours) de grands fans des films du dialoguiste. Chaque fois qu'UN SINGE EN HIVER, LES TONTONS FLINGUEURS, LE CAVE SE REBIFFE, MÉLODIE EN SOUS-SOL, GARDE À VUE ou encore TENDRE POULET passent à la télévision, mes parents sont au rendez-vous et moi aussi.
Aussi je n'ai pas pu résister à offrir
L'ENCYCLOPÉDIE AUDIARD (DU PRIMUS, DU BRUTAL ET DE L'HARMONIE) à
mon père sachant pertinemment qu'il me prêterait le livre dès qu'il l'aurait fini.
Chez
Michel Audiard, il y a du génial, du très bon mais aussi du très mauvais (en petite quantité) et c'est l'ensemble de l'oeuvre du «petit cycliste» que Stéphane Germain nous propose de découvrir. L'auteur est un grand admirateur d'Audiard, il ne s'en cache pas mais il ne réagit pas pour autant comme une godiche béate d'admiration. Lorsque
Michel Audiard a participé à un mauvais projet ou lorsque son travail est imparfait, il n'hésite pas à le dire. L'ENCYCLOPÉDIE AUDIARD n'est en aucun cas une hagiographie et c'est tant mieux.
Après une présentation globale de la carrière d'Audiard, Stéphane Germain revient dans le détail sur chaque oeuvre du dialoguiste. Il débute par les différents romans écrits par Audiard et je reconnais avoir fait de nombreuses découvertes en la matière. J'avais entendu parler du livre NE NOUS FÂCHONS PAS pensant qu'il s'agissait de la seule incursion du dialoguiste dans le monde littéraire. Incursion que j'imaginais uniquement guidée par des buts financiers et publicitaires. Or
Michel Audiard compte dix livres à son actif dont une grande partie ne mérite pas forcément qu'on s'y attarde d'après Stéphane Germain. L'auteur conseille toute de même
LE PETIT CHEVAL DE RETOUR, PRIEZ POUR ELLE, VIVE LA FRANCE et surtout LA NUIT, LE JOUR ET LES AUTRES NUITS que l'artiste a écrit après la mort de son fils.
Ensuite, Stéphane Germain revient en détail sur chaque film et livre des anecdotes souvent jubilatoires sur l'auteur et ses comparses.
La présentation est claire et magnifique puisque chaque fiche est agrémentée de photos du film et d'affiches parfois inédites. On y trouve le résumé du film, les interprètes, le réalisateurs, une citation extraite du film et l'avis de Stéphane Germain sur le long métrage. J'ai souvent partagé son point de vue qui, comme je l'ai mentionné plus haut, n'est pas celui d'un intégriste.
Enfin, la dernière partie du livre est consacrée aux acteurs et actrices avec lesquels
Michel Audiard a le plus travaillé : Jean Gabin, Lino Ventura, André Pousse,
Annie Girardot, Jean Lefebvre,
Michel Serrault,
Mireille Darc, etc. Ces petites biographies sont illustrées par les magnifiques dessins de Gérard Gargouil dit «Gega».
Le seul petit bémol que j'aurai à formuler vient du fait que Stéphane Germain s'acharne un peu trop sur les cinéastes de la Nouvelle-Vague qui ne pouvaient pas encaisser Audiard et qui ont écrit des critiques virulentes sur le dialoguiste. C'est d'autant plus dommage que l'auteur affirme avec justesse dans sa préface que l' «on est désormais en droit d'aimer les deux, ce qui prouve que les avoir opposés était artificiel.» Il est vrai que lorsque l'on aime un artiste on a envie de le défendre becs et ongles mais j'ai parfois trouvé que Stéphane Germain enfonçait trop profondément le clou.
Quoiqu'il en soit
L'ENCYCLOPÉDIE AUDIARD (DU PRIMUS, DU BRUTAL ET DE L'HARMONIE) est un très beau livre, instructif et drôle qui plaira à tous les fans et qui pourrait bien réconcilier les réfractaires avec l'oeuvre du «petit cycliste».
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