La collection III de Québec/Amérique, que je découvre avec cet essai intimiste, regroupe des récits où on a demandé à des auteur(e)s d'élaborer autour de trois souvenirs les ayant marqués. Les deux parents de Rafaële Germain - des personnalités médiatiques bien connues au Québec et aujourd'hui décédées – ayant souffert de troubles cognitifs sévères, c'est tout naturellement qu'elle a choisi d'explorer les thèmes de la mémoire et de l'identité, et de leur imbrication. Elle évoque les années de jeunesse de sa mère, la relation qu'elle avait avec ses parents, leur déni de la maladie… Pour reprendre ses mots : « Que veut-on garder de ce que le monde a déposé en nous ? » et « … que saurions-nous de nous-mêmes sans les récits qui nous entourent ? » Sans concession en même temps qu'avec pudeur, cet essai aux jolies envolées poétiques remplit son mandat de nous faire réfléchir sur ce qui nous constitue.
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Ce livre est magnifique. Depuis que je l'ai lu j'y pense souvent. La maman de Raphaël a été une figure importante du développement culturel au Québec et malgré leur belle vie comme elle dit qui devait la protéger de la souffrance, elle est morte de la maladie d'Alzheimer. Raphaël écrit avec une grande justesse et une sensibilité qui m'a beaucoup touché. C'est très beau.
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Un peu déçue à cause des critiques élogieuses, malgré tout j'ai beaucoup aimé la partie 1, c'est avec la 3e que cela se gâche, ça ne fini plus, on a droit a plusieurs versions de ses « états d'âmes » avec un vocabulaire très riche et souvent superflus. Je crois que ce livre ne s'adresse pas à nous les lecteurs , mais pour elle, un exercice de mémoire.
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Je suppose que nous portons tous une idée de notre enfance construite à partir des récits qu’on nous en a fait – quelques morceaux choisis plus ou moins consciemment par ceux qui racontent, selon qu’ils ont voulu donner un spin à l’histoire ou, au contraire, la rendre le plus fidèlement possible. Toutes les familles couvent leurs légendes, en mettant en lumière certains petits pans de vie qui semblent dignes de faire partie de l’histoire et qui deviennent, par la force des choses, l’histoire tout entière. C’est là que ma mémoire de mes premières années a poussé, dans un terreau nourri de récits, fondations à demi fictives écrites et contées par ceux qui, dans tous les sens du terme, m’ont mise au monde.
Les histoires dont nous nous drapons sont rarement vues pour ce qu’elles sont, des histoires. Leurs fibres souples et délicates sont des deuxièmes peaux, des extensions de nos vies, des filtres qu’on ne saurait remettre en question. Lorsque je tente de retrouver ce que voyaient mes yeux d’enfant lorsqu’ils regardaient au travers, des décors s’agitent lentement, des impressions passent et parfois, comme en rêve, un moment figé se révèle, pris dans le verre. Tout est insaisissable.
Alors je demande : sans pour autant passer le temps qu’il nous reste à patauger dans les eaux traitresses de la nostalgie, ne pourrait-on pas, un peu, devenir conservateurs de nos souvenirs alors que nous sommes encore pleinement présents au monde ? Ne devrions-nous pas ?
le ravissement est un papillon éphémère qu'on ne peut jamais garder pour soi, il est écrit sur ses ailes irisées qu'il partira au moindre coup de vent
Ne plus se souvenir de son histoire, à l’échelle personnelle comme à l’échelle sociale, c’est commencer à s’éteindre.