Il y avait des gens partout, sur le trottoir, sur la chaussée et sous les porches des clubs et des cinémas. La musique surgissait des fenêtres ouvertes. Les néons des devantures jetaient leur éclairage coloré sur les filles qui se déhanchaient par groupes de quatre ou cinq. De temps en temps, une voiture décapotable passait en klaxonnant, se faisant joyeusement conspuer au passage, car Beale Street, le samedi soir, appartenait aux piétons. […] Au coin de la 4e Rue, un bluesman tout en os jouait de vieilles ballades pour quelques pièces. On refusait du monde dans les restaurants et les bordels. Le vaudeville de Daisy affichait complet. Beale Street palpitait au son des Big Bands et des cris de joie. On dansait sur le toit des voitures. C’était magnifique.