Le VoyantJérôme Garcin
Edition Gallimard
Merci à Babelio et le Prix Relay des voyageurs lecteurs pour l'envoi de ce livre hors du commun.
Jérôme Garcin, subrepticement, inscrit «
le Voyant » au fronton de la consécration des cinq sens de la fondamentale humanité des Hommes de Bonne Volonté et d'un homme en l'occurrence le visionnaire
Jacques Lusseyran.
Le Voyant, parabole ésotérique, ouvre la voie du grand. Plus qu'une biographie perfectionniste,
Jérôme Garcin devient le double gémellaire de
Jacques Lusseyran
. L'auteur se perd volontairement et s'efface des jeux d'écriture pour ne laisser que le meilleur de la vie humaniste de
Jacques Lusseyran. Lorsque ce dernier dit dans la post face : « Je ne vous ai pas dit que j'avais vos yeux. J'ai dit que j'en avais d'autres. »
On pressent dès les premières lignes, les formidables envergures de la personnalité de
Jacques Lusseyran, fraternelles et engagées. On ouvre le livre qui mène à la rive des nobles causes.
Jacques Lusseyran aveugle à huit ans, résistant à dix- sept ans, vit à pas de géant et de gloire. Visionnaire, pur, sa force réside dans l'altruisme et la magnanimité. Sa foi quasi laïque gouverne ses projets mais le scintillement de son coeur provient de sa croyance en Dieu et en l'homme.
Page 66 : « Car j'avais appris que la liberté c'est la lumière de l'âme. Il n'y a pas d'autre cause à mon engagement dans la résistance »
Page 67 : « La résistance protège ceux qui la font »
« Tu as raison, elle interdit la saleté. »
« Elle nous protège, elle est notre abri contre nous-mêmes. Elle est notre raison de vivre, notre chance supplémentaire et juste d'être heureux. »
L'héroïque parcours d'un bienfaiteur et brillant résistant aux ailes brisées à 47 ans, opère une fusion avec le lecteur qui en mimétisme emblématique marche dans les pas du « Voyant ». Ce dernier a bâti sa citadelle grâce aux transmissions anthroposophiques de
Rudolf Steiner.
Page 46 : « Quand tu tentes de faire un pas en avant dans la connaissance des vérités occultes, avance en même temps de 3 pas dans le perfectionnement de ton caractère en direction du bien. »
Jérôme Garcin délivre les pans de l'oubli. Dans le flot vertueux, rythme de l'accomplissement de la lumière, l'encre des mots délivre les noeuds de la finitude.
C'est un livre qui donne à voir.
« La lune voudrait que je redevienne un homme très ancien. Elle n'aime pas mes désirs, elle n'aime que mes souvenirs. Je ne suis plus à son goût, elle me blesse. »
Le Voyant gagne en beauté et en reconnaissance. Il mérite cette pépite mémorielle, l'hommage posthume lié d'une rencontre entre le devoir d'écrire et l'écriture du silence.
Jérôme Garcin puise dans la source du souvenir l'essence existentialiste de la formidable volonté qui gouverne le coeur des hommes.
Plus qu'un livre de respect et de volontaire passerelle vers le bien ; c'est un cri silencieux qui écarte les voiles de la nuit pour nous donner à voir « Ce que la lumière fut. »
A lire d'urgence.