On l'avait installé là en pensant peut-être que c'était la place d'honneur,
et les invités le bousculaient, le confondaient avec quelqu'un d'autre,
le déplaçaient, à droite, à gauche pour ne pas qu'il gêne,
et lui, remuait sa tête neigeuse de tous côtés avec cette expression errante
des aveugles de fraîche date,
répondant à des questions qui ne lui étaient pas destinées
ou à de brefs saluts qu'on ne lui adressait pas,
heureux dans son enclos d'oubli (...)
La fatalité nous rend invisibles.
Nous l'avons tué sciemment, dit Pedro Vicario, mais nous sommes innocent, devant Dieu et les hommes précisa Pablo Vicario. Il sagissait d'une affaire d'honneur.
Les affaires d’honneur sont des cases hermétiques auxquelles ont seuls accès les maîtres du drame.
Donnez-moi un préjugé, et j’ébranlerai le monde.
Il faut toujours être du côté du mort.
L’amour aussi ça s’apprend.
Nous l'avons tué sciemment, dit Pedro Vicario. Mais nous sommes innocents.
- Peut-être devant Dieu, dit le père Amado.
- Devant Dieu et devant les hommes, précisa Pablo Vicario. Il s'agissait d’une affaire d’honneur
Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait. Il avait rêvé qu'il traversait un bois de figuiers géants sur lequel tombait une pluie fine, il fut heureux un instant dans ce rêve et, à son réveil, il se sentit couvert de chiures d'oiseaux.
“Surtout, il lui avait toujours semblé injuste que la vie ait pu recourir à tant de hasards interdits en littérature pour qu’une mort ainsi annoncée ait pu se réaliser sans faux pas.”