Chaque ouvrage de
Philippe Forest est une exploration de la vie de son auteur marquée, s'il est besoin de le rappeler, par la mort de sa petite fille malade. Rien ne sera plus comme avant. de Deuil à Enfant, en passant par Gloire, Néant, Vertige ou Zanzibar,
Philippe Forest propose, en vingt-six mots empruntés à l'oeuvre rimbaldienne, une lecture de sa vie. On le devine comme ayant atteint un seuil de souffrance au delà duquel l'on semble comme anesthésié. Non pas tant dans le sens ou il ne souffre plus mais bien au contraire au sens ou cette souffrance fait tellement partie de sa vie qu'elle en devient en quelque sorte un élément consubstantiel à sa chair. Il faut avoir connu les affres de la souffrance humaine comme lui pour porter ainsi un regard aussi aiguisé que celui-ci : « Il n'y a pas à triompher du néant. Il n'y a pas même à se guérir de lui. Il y a juste à en soutenir l'épreuve. » le style de l'auteur est sublime comme à chaque fois. le tragique, l'absurdité et la somme des hasards constituent selon lui l'essence même de notre monde. Aucune religion ne viendra apaiser ou donner du sens à ce qui ne peut en avoir. La mort d'un enfant est l'expérience la plus tragique que l'on puisse endurer. Forest cite
Aragon (dont il a écrit une biographie référence) : « Etre un homme, c'est pouvoir infiniment tomber. » Une certitude demeure à mon sens, avec
Philippe Forest, on élève la littérature à son pinacle.
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