Cela ressemblait à cette émotion particulière, lorsqu’on se sent immédiatement à sa place dans un lieu que l’on découvre ; ou en connivence parfaite avec une personne qu’on rencontre la première fois. Le présent l’envahit entièrement, chassant le passé et l’avenir, pour laisser place à une hégémonie totale du maintenant.
Un homme avait choisi comme épitaphe : "J'ai enfin trouvé une place où me garer."
Ces vacances qui auraient pu être celles des retrouvailles devenaient chaque jour davantage celles de la séparation.
Tout paraissait pourtant si calme, sans la moindre acidité émotionnelle. Il arrive qu'on se quitte tout comme on meurt paisiblement en plein sommeil.
Il arrive qu'on se quitte tout comme on meurt paisiblement en plein sommeil.
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On a toujours envie de savoir ce qui se cache derrière le bonheur.
L'histoire personnelle d'Eric continuait d'entrer en collision avec celle de chacun.
La perte de liberté, le sentiment de l'éphémère, l'angoisse existentielle: l'expérience de ces fragilités-là poussait les humains à se redéfinir. Il fallait, plus que jamais, donner un sens à sa vie.
Dominique était devenue professeure d’histoire-géographie ; elle se plaignait régulièrement d’une jeunesse préférant avoir que savoir.
Plus que jamais, l'humanité se construisait dans le poison de la comparaison. On vivait sa vie en regardant celle des autres, ce qui ne manquait pas d'accentuer le moindre sentiment d'échec personnel.
Eric avait bien retenu l’essentiel : il devait paraître enthousiaste, savoir accueillir le moindre contrat avec une joie sans mélange. Mais, pour un homme qui n’a plus vraiment l’habitude d’afficher le bonheur sur son visage, ce n’était pas chose aisée. Il lui arrivait parfois de déclencher un sourire à un moment peu opportun, comme quelqu’un qui ne maîtriserait pas tout à fait un véhicule fraîchement acheté.