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3,56

sur 697 notes
Cette courte nouvelle de Flaubert est une merveille. Les déceptions, les drames et les quelques joies fugaces qui jalonnent la vie de Félicité, servante de Madame Aubain. Je l'ai relu et relu, toujours avec autant de plaisir. C'est beau et souvent triste.
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Dans ce roman Flaubert nous décrit avec sa plume si talentueuse et si fine le quotidien de la vie de Félicité, humble servante, à qui la vie n'a pas offert grand chose.
On la suit, effacée au service des autres, totalement invisible, à travers une existence minable, tout en n'étant pourtant pas totalement misérable.
Le roman ne tient que par l'écriture de Flaubert, qui, tout en pudeur, nous décrit ses douleurs successives.
Et c'est dans ce livre que l'on trouve le fameux perroquet vert, dont Julian Barnes a, bien plus tard, pris l'idée pour le titre d'un de ses livres plus ou moins consacré à l'écrivain : le Perroquet de Flaubert.
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Flaubert connaissait il le tableau de Delacroix, femme nue style odalisque couchée caressant de sa main lascive un perroquet au sol et celui de Courbet, d'un érotisme mâtiné de mysticisme, un perroquet survolant ailes déployées une femme nue offerte ?
A t il vu le tableau de Manet, sa femme au perroquet évoquant non pas l'érotisme, mais la chasteté et la décence : une femme vêtue des pieds à la tête d'une longue robe rose et un perroquet gris du Gabon sur son perchoir à ses côtés ?
Flaubert, qui connaît bien les pays exotiques, et dont l'expérience en cela se rapproche plus de Delacroix et Courbet va pourtant utiliser le modèle de la femme de Manet pour son conte « Un coeur simple » : une femme prude, une pauvre fille de la campagne.

Les couleurs ont pour lui une importance capitale. En Egypte, il se « fait une ventrée de couleurs » qui l'intéressent par leur symbolisme. Dès le début du conte, les qualités des choses sont décrites par leur couleur : le noir couleur de l'abandon et du deuil, le gris de la poussière et de la pauvreté. « Chacun de nous a un prisme à travers lequel il perçoit le monde ; heureux celui qui y distingue des couleurs riantes et des choses gaies. », dit il.

Dans une approche qui n'implique que moi, je vais essayer de lire « Un coeur simple » à travers ce prisme.

Félicité, malgré son prénom, va de déception en désespoir .Elle perd son amoureux, alors qu'il avait pourtant imaginé « qu'elle le devinait », dit Flaubert, qu'elle le calculait dirions nous je crois.
Chagrin désordonné quand elle apprend qu'il s'est marié à une autre, et enchainements de pertes et de morts, celle de Virginie la petite dont elle avait fait le centre de sa vie , avec qui elle allait au catéchisme et contemplait la colombe grise du Saint Esprit. Virginie est l'objet unique de son amour, puis Victor son neveu, qu'elle aime inconditionnellement, et qui la quitte pour partir en Amérique. Comme Virginie, morte en pension loin d'elle, Victor part dans un pays étranger qu'elle avait imaginé rempli d'anthropophages dangereux, où il meurt. le départ, l'abandon précèdent dans les deux cas la survenue et l'annonce de la mort.

Félicité a tout perdu, amour, tendresse, maternité de seconde main lorsqu'un perroquet entre dans sa vie. D'Amérique, envoyé sans doute par Victor, croit elle. Un oiseau, comme la colombe du Saint Esprit, de plus revenu d'Amérique, et de plus, il parle. Non, il ne sait pas encore lire, mais elle non plus et elle parle à peine. Et de plus, il rit, et il la fait rire. Elle a perdu et persévère toujours, son « dévouement bestial » prend une allure mystique, d'autant plus qu'elle devient sourde à tous les bruits qui ne sont pas les trois phrases que Loulou répète, et qu'elle le confond avec le Saint Esprit.

Il est vert, ce perroquet Loulou, avec le bout des ailes roses, son front bleu et sa poitrine dorée. Pourquoi pas gris avec la queue rouge, ceux qui parlent ? Ou comme la colombe qui l'avait tellement fascinée ? ou comme celui peint par Manet, gris? Il semblerait que Flaubert, qui a déjà parlé de la pauvreté de la maison grise, donc de la saleté, et du noir, couleur du deuil, tienne à mettre de la couleur lors du dernier amour de Félicité. Qui s'investit exclusivement dans la compagnie de son Loulou, comme elle l'avait fait avec Virginie et avec Victor. Elle a bien mérité un peu de couleur, non ?

Et si par cette couleur verte et rose de Loulou, Flaubert nous donnait une autre vision de Félicité ? le vert du perroquet répond aux verts de la nature normande, les prairies, le renouveau, la renaissance. le bleu de sa tête évoque le bleu du ciel, celui que prie Félicité, la paix et l'amour, celui dont elle ne se déprend pas, même si les objets changent. le doré de la poitrine de Loulou rappelle bien évidemment les ors des églises et l'espoir d'un autre monde. Sous les jupes grises de Félicité, ses bas gris et son allure de vieille fille, elle porte un jupon rouge. Et lorsqu'elle se trouve en face d'un taureau furieux, elle le torée avec ardeur et succès pour protéger la famille qu'elle sert.

Courageuse, vitale, malgré ses déboires qu'elle accepte sans rancoeur, l'héroïne de Flaubert n'est pas aussi terne et grise qu'elle peut le paraitre. Son perroquet contient toutes les couleurs et les qualités dont elle a besoin. Et puis elle s'appelle Félicité.
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Un chef-d'oeuvre que j'ai particulièrement apprécié dans son édition audio. La voix qui lit magnifiquement le texte le met en musique, en quelque sorte, et l'on sait combien Flaubert était obsédé par les sonorités de ses phrases.
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N'ayant jamais rien lu de cet auteur auparavant, je me demande en refermant ce livre d'où lui vient cette grande réputation. Certainement pas ce conte. Non pas que ce soit mauvais, mais certainement pas marquant non plus. D'un conte je m'attends à un récit original qui apporte au lecteur soit une émotion, ou en enseignement, ou matière à réflexion, ou une simple évasion. Or les malheurs de Félicité ne m'ont pas particulièrement touché, ni agréablement diverti, et j'y cherche encore une signification un tantinet inspirante.

Ceci étant dit, je ne me suis quand même pas ennuyé. Malgré l'accumulation de malheurs et mésaventures, Félicité reste, dévouée, dure à la tâche, altruiste dans la mesure de ses faibles moyens, compatissante à la douleur de sa maîtresse; en cela elle est non seulement résiliente, mais aussi admirable. Plusieurs font tout un plat du perroquet. Il n'arrive qu'aux deux tiers du conte et est empaillé pour la moitié de sa présence; difficile d'y prêter un rôle transcendantal ! Peut-être étais-je de mauvais poil lors de cette lecture, mais “Madame Bovary” et “ L'éducation sentimentale” ont sensiblement reculé dans ma pile à lire depuis. . .
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Déception pour cette nouvelle de Flaubert, que j'ai trouvé très insipide.

J'ai eu plaisir à lire car la plume de Flaubert est très agréable à lire, mais alors aucun intérêt. Nous n'y apprenons rien de plus que la vie d'une servante sans personnalité spéciale.

Et l'histoire du perroquet, mais pourquoi ? mise à part mettre en exergue la vie tellement solitaire de ces servantes qui avaient pour seul ami un animal, je n'en vois pas l'intérêt.
Quand on pense aux nouvelles De Maupassant, qui se situe en Normandie comme celle-ci, aucune comparaison.
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Ce coeur simple, c'est Félicité. Orpheline, fille des champs, elle devient bonne après une déception amoureuse. Elle restera au service de la même famille toute sa vie : une veuve et ses deux enfants.
Félicité n'a pas besoin de grand-chose sur le plan matériel et fait le ravissement de sa patronne. En revanche, elle est avide d'affection et s'attache à tous ceux qui passent, trouvant dans la religion de quoi exprimer un certain mysticisme. Cependant, c'est par un perroquet qu'elle connaît l'amour le plus pur. Enfin c'est ce qu'elle croit car son manque d'instruction et d'intelligence lui fait confondre bien des choses en ce bas monde.
Félicité, c'est la représentante de toutes ces femmes dévouées aux autres, dépourvues de mauvaises intentions et qui prend la vie comme elle vient. Ses bonheurs sont aussi exaltés que ses chagrins. C'est une bonne âme que tout le monde aime même si personne ne la considère.
Est-ce un hommage de Flaubert à ces femmes de basse condition ? Est-ce une moquerie de la religion ? Je ne connais pas assez l'auteur et son oeuvre pour en juger.
Ce que je retiens de ce texte c'est un peu d'ennui et beaucoup de compassion pour Félicité.
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J'ai lu ce livre car il était dans les recommandations Babelio
Il s'agit d'une nouvelle sur la vie d'une femme simple d'abord ouvrière agricole puis domestique
Ça se lit vite c'est quelque fois drôle, je pense au perroquet et quelques fois triste.
Un coeur simple pour une vie simple, pauvre en argent mais riche en altruisme
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Lire Un coeur simple, cela m'a permis de renouer avec un auteur que j'ai longtemps boudé à cause des lectures imposées des cours de français. Et oui, en bonne ado rebelle qui se respecte, je ne supportais pas que l'on m'impose des lectures, et bien souvent, je les survolais. Aujourd'hui, j'ai décidé de reprendre ces lectures car après tout, oui je le reconnais, certaines m'avaient quand même bien intéressée, et Voltaire est devenu un de mes auteurs classiques favoris...

Un coeur simple, oserais-je le dire, c'est une histoire simple, parlant d'une personne simple. Félicité est domestique et vivra son lot de malheurs et de pertes, en restant toujours digne et respectueuses des conventions. Une vie sans réels remous, une vie sans réels encombres si ce n'est ceux de la vie quotidienne, bref, il y a très peu d'action dans ce roman, c'est plutôt contemplatif. On pourrait s'ennuyer mais comme c'est court, nous n'en avons pas vraiment le temps. Flaubert cherche à dresser le portrait de la vie des domestiques à cette époque, classe sociale qui n'est pas forcement la plus représentée dans les classiques, Dowton Abbey était encore très loin ! On passe un petit moment sympathique, il n'y a rien de transcendant dans cette oeuvre mais cela peut permettre de découvrir l'auteur grâce à ce court récit et ainsi se décider à poursuivre avec des oeuvres un peu plus abouties. Pour ma part, je pense que je vais relire Madame Bovary, histoire de me rappeler pourquoi j'ai boudé Flaubert si longtemps, lui qui a une plume si plaisante à lire. Et pourquoi pas me pencher sur L'éducation sentimentale, quand le coeur m'en dira !
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Dans l'édition du Livre de poche que j'ai acheté, il y a une petite présentation au début, écrite par Marie-France Azéma. Elle est intéressante car elle nous permet de nous placer dans le contexte et de faire la connaissance de Félicité, la protagoniste de ce conte. Cependant, après avoir lu ces quelques pages, on connaît l'histoire dans son intégralité. C'est dommage car on n'a pas vraiment envie de se lancer dans une histoire quand on vient d'en lire un résumé détaillé… Mais la présentation n'est pas le gros point négatif de ce livre (plutôt de cette édition en fait). En effet, bien que ce livre fasse 95 pages, je ne peux pas dire qu'officiellement j'ai lu 95 pages. On va dire que j'en ai lu la moitié. Pourquoi ? Car une page est, en gros divisé en deux : le conte rédigé par Flaubert / les notes de Marie-France Azéma. Il y en a trop! Beaucoup, beaucoup trop! Au début je les lisais, car je me disais, bon c'est pour la fac, on peut en avoir besoin pour les partiels, donc je me motive et je les lis. Mais j'ai très vite arrêté. Tout d'abord, j'ai trouvé ça ennuyant (certaines notes ne servent littéralement à rien) mais surtout je perdais le fil de ma lecture! Je devais à chaque fois relire la phrase qui contient la note, voire même recommencer le paragraphe. Bref, cette lecture pourtant si courte n'en finissait pas! Et puis, il faut bien le dire, elle a pris les lecteurs pour des idiots finis. Par exemple, à un moment Flaubert dit que « Tous les lundis » des vendeurs exposent leurs marchandises. La petite note spécifie : « C'est le marché hebdomadaire. » Hm. On l'aurait pas deviné tiens. C'est d'autant plus dommage que certaines notes sont utiles, principalement quand le mot employé ne fait plus partie du vocabulaire actuel. Mais on est franchement découragé en voyant la tonne de texte et on ne prend même plus la peine de chercher ce qui nous intéresse.

Mais parlons plutôt du conte en lui-même. Gustave Flaubert nous raconte ici l'histoire d'une servante, Félicité, qui passa la majeure partie de sa vie au service de Mme Aubain. Elle voua à sa maîtresse une fidélité sans faille depuis que Mme Aubin, jeune veuve avec deux enfants, a perdu son mari. Bien évidemment, Félicité n'est qu'une servante, par conséquent, sa vie n'est pas des plus heureuses. Elle n'a pas de famille, hormis un neveu qui vient rarement la voir, pas d'amant, le seul qu'elle ait jamais eu l'ayant abandonnée, et ses seuls loisirs consistent à aller à l'église ou à s'occuper des enfants. Pourtant, elle ne s'en plaint pas. Elle est très reconnaissante envers sa maîtresse et offre tout son amour à Paul et Virginie (les deux enfants de Mme Aubain) ainsi qu'à son neveu Victor qu'elle chérit plus que tout. Son quotidien semble donc banal et réglé comme du papier à musique… jusqu'à que plusieurs drames viennent bouleverser sa vie…

Un des souhait de Flaubert était d'écrire « un livre qui n'aurait presque pas de sujet, ou du moins dont le sujet serait presque invisible ». Je crois qu'avec Un Coeur simple, il a visé juste. En effet, même s'il y a un personnage principal, Félicité, il n'y a pas de sujet. C'est juste une sorte de biographie de la servante. Mais l'auteur ne se focalise pas sur un épisode de sa vie, ce qui est assez déroutant en fait. Ce que je vais dire peut sembler irrespectueux envers cet auteur encensé par tous les professeurs et autre adorateurs des oeuvres classiques, mais pourquoi écrire ce conte ? J'essaie de trouver le but, le message que Flaubert veut nous faire passer mais je ne trouve pas. Certes, l'auteur a sûrement écrit cette oeuvre, juste parce qu'il en avait envie, et c'est déjà une raison bien suffisante! Cependant je n'ai pas trouvé d'intérêt à cette lecture.

Attention, je ne dis pas que ce livre est d'un ennui mortel. Non, il est même plutôt agréable à lire puisque la plume de l'auteur reste assez fluide et ne s'attarde pas sur des descriptions inutiles. On tourne les pages machinalement, on suit le cours de la vie de Félicité puisque, après tout, on veut savoir ce qu'elle devient. En revanche, je ne dirais pas que je me suis attachée à elle. Tout va un peu trop vite, on n'a pas le temps d'en apprendre assez pour s'attacher à certains personnages ou pour en détester d'autres. En fait, même si Marie-France Azéma et d'autres, s'attardent sur le moindre petit détail ou analysent la moindre petite virgule, cette lecture est simple et plutôt légère. Comme je l'ai dit plus haut, on tourne mécaniquement les pages, on n'a pas besoin d'une réflexion très poussée pour comprendre ce livre. Bien sûr, j'imagine qu'on pourrait faire tout un tas de commentaires composés et autres dissertations pour comprendre tout ce que Flaubert a voulu nous transmettre au travers de ce conte. Cependant pour moi, toutes ces études de texte ne font que dénaturer le texte même. Chacun a une approche différente et aucune n'est meilleure que les autres, selon moi. Enfin bref! J'ai préféré lire Un coeur simple comme une courte histoire qui se lit facilement et sans prise de tête plutôt que de voir ce conte comme un grand classique écrit par un maître de la littérature française.

En résumé, même si ce petit livre n'a pas été un coup de coeur, j'ai apprécié ma lecture. Je suis contente de l'avoir choisi pour commencer ma découverte des oeuvres de Flaubert. J'ai souvent entendu que son écriture était trop lourde et désagréable à lire or ici, c'est plutôt léger. Bien sûr, le thème abordé reste tragique, mais c'est tellement court qu'on a à peine le temps de s'apitoyer sur le sort de la pauvre Félicité. Je pense lire les deux autres contes qui accompagnent Un Coeur simple dans le recueil Trois Contes pour voir si le style d'écriture reste tout aussi abordable. Ensuite, si je trouve le courage, je me lancerais dans Madame Bovary!
Lien : https://alltimereadings.word..
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