AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Dans la guerre (96)

...le soldat Brêle avait raison : l'armée allemande disposait de tireurs d'élite équipés de jumelles, elle avait aussi des obusiers lourds capables de tirer à des kilomètres hors de la portée de notre propre artillerie. Les fantassins n'avaient qu'à en faire les frais, pensait le jeune homme, qui tâchait d'oublier les militaires vantards sans imagination de l'Ecole polytechnique. Il arrive qu’avec retard la vie donne raison à vos avis, mais il est trop cruel aux témoins de le faire remarquer.

Pour gagner la guerre contre les Boches, ironisait parfois Jean Bourgeois, il suffirait de créer Polytechnique en AIlemagne ! C'était un propos que l'on prêterait plus tard à Clemenceau, mais à ce moment l'idée pouvait mourir avec le jeune lieutenant.
Commenter  J’apprécie          470
Nous avons créé un nouveau héros, dit Jean Bourgeois ce soir-là à toute sa section, un guerrier pacifique et silencieux, efficace et bienfaisant.

Un héros inhumain ! ironisa Brêle pour lui-même. Et Jules songeait que l'on ne pouvait mieux dire.

Qui avait plus que l’homme déçu les attentes dont il était l'objet ?

Qui d'autre, ayant reçu le langage en cadeau, avait toujours à la fin choisi les armes plutôt que les mots ?
Commenter  J’apprécie          381
Joseph Joffre avait gagné ses galons jusqu'à devenir chef d'état-major général en 1911, puis commandant en chef de toutes les armées en ce inois d août 1914. Il avait alors soixante-deux ans, une chevelure coupée court tout à fait blanche, une forte bedaine qui faisait plisser la veste de son uniforme autour des trois derniers boutons. Pour figurer sur les clichés, souriant au milieu des généraux, il portait son képi très enfoncé sur les yeux et se tenait bien planté sur ses jambes un peu écartées. Il n'arborait pas toujours ses décorations. Des jambières de cuir couvraient le haut de ses souliers lacés, et une paire de jumelles pendues au cou reposait sur la saillie de son ventre. Une épaisse moustache, blanche elle aussi, incurvée entre le dessous du nez et les lèvres, imprimait à son visage un mouvement descendant. Sans vouloir abuser des analogies animalières, l'expression de ses traits faisait songer à celle des morses. De ces mammifères marins, il avait aussi la composante exotique : c'était au Tonkin, au Soudan, et à Madagascar, qu'il s'était distingué. Autrement dit : il n’avait jamais mené une guerre sur son propre territoire.
Commenter  J’apprécie          310
A la guerre, on fabrique des hommes morts et, pour les camoufler, on les appelle des héros, dit Brêle.
Commenter  J’apprécie          272
Alors les femmes restèrent seules. Sur le versant silencieux de la guerre : non pas sous l'orage d'acier mais dans le ruissellement des pleurs, loin du pétillement de la bataille mais dans l'attente anxieuse de ses effets, là où se froisse un visage quand arrive un papier timbré, où une larme se fraye son chemin dans une chevelure jusqu'à l'oreiller.
Commenter  J’apprécie          260
Mais serait-il juste d’attendre de celui qu’on éduque les vertus que l’on ne possède pas soi-même ?
Commenter  J’apprécie          240
On a tort de croire qu’on se prépare à la dureté par la dureté, écrivit-il à Félicité. C’est par la douceur qu’on se prémunit contre le malheur. N’hésite pas à gâter notre fils, protège-le de la tristesse, offre-lui des plaisirs, goûte-les avec lui, montre-toi joyeuse. Le bonheur de l’enfance illumine toutes les ombres de la vie. Dans la joie de celui qui grandit pousse la force d’un homme.
Commenter  J’apprécie          213
La guerre était venue trop vite. Être là, quand une semaine avant on s'en allait regarder les progrès du maïs, c'était un conte à dormir debout. Que savaient-ils vraiment du feu ces hommes, et lui-même, cavalant sous la mitraille ? Il voulait se convaincre que les généraux eux-mêmes n'en savaient rien. Sans quoi qu'étaient-ils d'autre que de stupides assassins ? Etaient-ils prêts et capables ? Sans doute ni l'un ni l'autre.
P.85
Commenter  J’apprécie          160
La compagnie avait perdu du monde, toutes les sections se retrouvaient réduites à presque rien. Ils le disaient, ils se le racontaient, ils passaient des mots sur leur plaie. C'était un rude moment de guerre! Une apocalypse! Les marmites avaient fait rugir le ciel. Chaque obus tuait. Où qu'il tombât. Puis l'essaim des Boches avait déboulé pour un assaut sauvage, comme s'ils avaient décidé de ne pas compter leurs morts ! La terre s'était enduite d'une croûte d'hommes. Sous le couvert forestier le bruit de la fusillade était décuplé. On racontait aussi que les hommes, saisis de panique, avaient pris leurs jambes à leur cou et que le caporal Toulia s'était mis en travers de leur route. C'était une exagération qui faisait une belle balade dans le régiment.
Commenter  J’apprécie          160
Comment je vais faire sans toi ? demandait piteusement Félicité à son mari. Mais Jules n'eut pas le temps de dire un mot. Tu feras comme les autres ! lançait déjà sa mère qui avait l’ouïe fine. Tu pleureras pas longtemps le soir dans ton lit parce que tu tomberas comme un mort. Tu auras jamais tant travaillé ! Y aura plus d'homme à commander ! Et tu seras toujours moins à plaindre que nos gars ! (...) Oui, fit Julia en regardant sa bru, c'est ça la guerre pour les épouses : être à la maison à la fois un homme et une femme, le père et la mère.
Commenter  J’apprécie          160







    Lecteurs (986) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Alice Ferney

    Alice Ferney, de sa véritable identité Cécile Brossollet, épouse Gavriloff, est née à Paris en ...

    1941
    1951
    1961
    1971

    10 questions
    52 lecteurs ont répondu
    Thème : Alice FerneyCréer un quiz sur ce livre

    {* *}