AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Méditations du haut des cimes (13)

Dans le monde moderne, deux choses principalement font obstacle à la réalisation du sens de la spiritualité, telle que la connut notre tradition la plus reculée : le caractère abstrait de notre culture et l'exaltation d'une force privée de lumière.

D'une part, nous avons des personnes pour qui I'« esprit » évoque la simple érudition livresque, la salle de cours, les jeux intellectuels de la philosophie, l'esthétisme littéraire ou vaguement mystique. De l'autre, nous voyons les jeunes générations faire du sport une véritable religion et ne rien connaître d'autre que l'ivresse de l’entraînement, de la compétition et de la conquête physique. Le sport n'est plus ici un moyen, mais un but en soi, une idole.

Aux yeux de certains, cette opposition apparaît comme un dilemme. L' « homme cultivé », en effet, éprouve implicitement une certaine répugnance pour toute espèce de discipline physique, tandis que chez le sportif la sensation de la force physique alimente un mépris pour les pâles tours d'ivoire reléguées parmi les livres et pour les batailles de mots qui ne prêtent pas à conséquence.

Ces deux attitudes sont erronées, fruits, l’une comme l'autre, de la décadence moderne. Toutes deux sont étrangères à la vision héroïque de l'esprit, qui fut l'axe de notre meilleure tradition classique, évoquée avec profit par le mouvement de renouveau actuel de l'Italie.

On a trop souvent oublié que la spiritualité exprime une manière d'être ; qu'elle n'est pas fonction de ce que la tête a emmagasiné en fait de notions, théories, etc., mais de ce qu'on a réussi à faire vibrer au rythme de son propre sang, et qui se traduit dans une supériorité, dans une purification profonde de l'âme et du corps.

C'est précisément dans cette optique qu'il faut envisager une discipline qui, bien que concernant les énergies corporelles, ne commence ni ne finit avec elles, mais sert de moyen pour réveiller une spiritualité vivante, organique. (pp. 23-34)
Commenter  J’apprécie          90
Dans le combat contre les sommets et les vertiges des hauteurs, l’action est en effet libre de tout ce qui est machine, de tout ce qui affaiblit le rapport direct de l’homme avec les choses. Et, à l’approche du ciel et de l’abîme – dans la grandeur silencieuse et immobile des cimes, dans la violence implacable des vents et de la tourmente, dans la clarté désincarnée des glaciers ou dans la redoutable verticalité des parois -, il est possible de réveiller, par ce qui peut sembler d’abord un simple exercice physique, le symbole d’un dépassement, une lumière virilement spirituelle, et de communiquer avec les forces primordiales enfermées dans les membres du corps : l’effort physique du grimpeur est plus que physique et l’ascension victorieuse peut représenter quelque chose qui n’est plus simplement humain. Dans les anciennes mythologies, les sommets montagneux étaient considérés comme la demeure symbolique des « dieux », et c’est là un mythe, mais c’est aussi l’expression allégorique de quelque chose de réel, et dont on peut toujours faire de nouveau l’expérience en soi-même.
Commenter  J’apprécie          30
Tout, dans la civilisation moderne, tend à étouffer le sentiment héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l'embourgeoisement, au nivellement réglé et prudent, à la fabrication d'êtres prisonniers de leurs besoins et privés de toute autonomie. Le contact est rompu avec les forces profondes et libres de l'homme, des choses et de la nature. Le démon des métropoles pétrifie toute vie, empêche toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pusillanimes encouragent le mépris des valeurs qui furent la base, en d'autres temps, d'une organisation sociale plus rationnelle et plus limpide. Dans les anciennes communautés, on trouvait l'aristocratie guerrière au sommet de la hiérarchie ; mais aujourd'hui, sous l'influence des utopies pacifistes et humanitaires de type essentiellement anglo-saxon, on cherche à faire du guerrier une sorte de figure anachronique, un être dangereux et nocif qu'une prophylaxie opportune saura éliminer à l'avenir, au nom du « progrès ».

Étouffée, la volonté héroïque se cherche d'autres débouchés à travers le filet, qui l'emprisonne un peu plus chaque jour, des intérêts pratiques, des passions et de l'envie. La fièvre du sport, chez les modernes, en est une expression. Mais elle doit être revivifiée, rendue consciente d'elle-même, portée au-delà des limites de la matérialité. (pp. 24-25)
Commenter  J’apprécie          30
On oublie trop souvent que la spiritualité est essentiellement un mode de vie et qu’elle n’est pas déterminée par ce qu’on a emmagasiné de notions, d’idées, de théories, mais par ce qu’on a réussi à faire vibrer dans les courants de son sang, et qui se traduit ainsi par une supériorité par une profonde noblesse de l’âme et du corps lui-même.
Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’être insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du "progrès".
Commenter  J’apprécie          20
Tout, dans la civilisation moderne, tend à étouffer le sentiment héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l'embourgeoisement, au nivellement réglé et prudent, à la fabrication d'êtres prisonniers de leurs besoins et privés de toute autonomie. Le contact est rompu avec les forces profondes et libres de l'homme, des choses et de la nature. Le démon des métropoles pétrifie toute vie, empêche toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pusillanimes encouragent le mépris des valeurs qui furent la base, en d'autres temps, d'une organisation sociale plus rationnelle et plus limpide. Dans les anciennes communautés, on trouvait l'aristocratie guerrière au sommet de la hiérarchie ; mais aujourd'hui, sous l'influence des utopies pacifistes et humanitaires de type essentiellement anglo-saxon, on cherche à faire du guerrier une sorte de figure anachronique, un être dangereux et nocif qu'une prophylaxie opportune saura éliminer à l'avenir, au nom du "progrès".
Commenter  J’apprécie          10
On a trop souvent oublié que la spiritualité exprime une manière d'être ; qu'elle n'est pas fonction de ce que la tête a emmagasiné en fait de notions, théories, etc., mais de ce qu'on a réussi à faire vibrer au rythme de son propre sang, et qui se traduit dans une supériorité, dans une purification profonde de l'âme et du corps. C'est précisément dans cette optique qu'il faut envisager une discipline qui, bien que concernant les énergies corporelles, ne commence ni ne finit avec elles, mais sert de moyen pour réveiller une spiritualité vivante, organique. Chez l'ascète, cette discipline est présente sous une forme pour ainsi dire négative. Chez le héros, en revanche, elle apparaît sous une forme positive, affirmative, qui est propre à l'Occident. La victoire intérieure sur les forces les plus profondes qui affleurent à la conscience dans les moments de tension ou de danger mortel, est la condition du triomphe au sens extérieur du terme ; mais c'est aussi le signe d'une victoire de l'esprit sur l'esprit, d'une transfiguration intérieure. Ainsi s'expliquent le nimbe du sacré qui entourait, dans l'Antiquité, le héros et l'initié, et le fait que certaines figures de héros furent élevées au rang de symboles de l'immortalisation.
Commenter  J’apprécie          10
La haute montagne peut permettre à certains d'assouvir leur goût stupide du risque pour le risque; elle peut permettre à des gens plus ou moins "entraînés" et inconscients de pratiquer une activité sportive banale; elle peut être le luxe que se paient des hommes à l'esprit étroit pétrifiés par la "civilisation" des plaines de regarder à la jumelle des "panoramas" touristiques. Mais, pour d'autres, elle n'est rien de tout cela: elles est une voie de libération, de dépassement, d'accomplissement intérieur.
Les deux grands pôles de la vie à l'état pur, l'action et la contemplation, s'y confondent.
L'action, c'est la responsabilité absolue, le fait de se sentir absolument seul, de ne pouvoir compter que sur sa force et son courage, joints à une maîtrise de soi lucide et chirurgicale.
La contemplation, c'est l'essence même de cette expérience héroïque: le regard devient circulaire et solaire, il n'y a plus que le ciel et des forces pures et libres qui reflètent et figent l'immensité dans le chœur titanique des sommets.
Commenter  J’apprécie          10
On oublie trop souvent que la spiritualité est essentiellement un mode de vie et qu’elle n’est pas déterminée par ce qu’on a emmagasiné de notions, d’idées, de théories, mais par ce qu’on a réussi à faire vibrer dans les courants de son sang, et qui se traduit ainsi par une supériorité par une profonde noblesse de l’âme et du corps lui-même.
Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’être insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du "progrès". 
Commenter  J’apprécie          00
Cette nature profonde de l’esprit qui se sent infini, toujours au-delà de lui-même, toujours au-delà de toute forme et de toute grandeur qu’il trouve en lui ou en dehors de lui, s’éveille et resplendit – dans la « folie » de ceux qui, sans but matériel, sans raison spécifique, sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à défier les sommets, portés par une volonté qui triomphe de la fatigue, de la peur, de la voix de l’instinct animal de prudence et de conservation.
Commenter  J’apprécie          00
Mais dans la civilisation moderne, tout vise à étouffer le sens héroïque de la vie. Tout tend à la mécanisation, à l’embourgeoisement, à la grégarisation méthodique et prudente d’être insatiables et dont aucun ne se suffit lui-même. La communication avec les forces profondes et libres de l’homme et avec celles des choses et de la nature est rompue, le démon des métropoles pétrifie toute vie, syncope toute respiration, contamine toute source. Qui plus est, des idéologies pacifistes attisent le mépris des valeurs qui, à d’autres époques, servaient de base à une organisation sociale plus rationnelle et plus éclairée ; car, dans les anciennes communautés, le sommet de la hiérarchie était occupé par la caste de l’aristocratie guerrière, tandis qu’aujourd’hui, dans les utopies pacifistes et humanitaires, on cherche à faire du guerrier une sorte d’anachronisme, un être dangereux et nuisible, qui, dans l’avenir, sera éliminé par une prophylaxie opportune, au nom du "progrès".
Commenter  J’apprécie          00




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (25) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Noms de famille et la nature

    Noms; trois ont pour origine le bois, mais un quatrième est l'intrus, lequel?

    Dubreuil
    Bosh
    Combescure♧
    Wood

    10 questions
    108 lecteurs ont répondu
    Thèmes : Noms de personnes , nature , montagnes , métier d'autrefois , animauxCréer un quiz sur ce livre

    {* *}