Au nord de la frontière

 Le passé est le passé. On ne peut pas le changer, quoi qu’on fasse. La seule chose qu’on puisse faire, c’est modifier la façon dont on le voit.  

 Qui que vous soyez, les choses changeaient quand l’endroit où vous vous sentiez chez vous disparaissait. 

« Bon Dieu, ils vous apprennent ça à l’école de police, pas vrai ? 
Landis secoua la tête.
« Non, monsieur. Je suis devenu aussi idiot tout seul.  

 Satolah, dans le comté de Rabun, était situé à environ cinq kilomètres au sud de la frontière avec la Caroline du Nord. À l’est, suffisamment proche pour être visible, se trouvait la Caroline du Sud, et la vaste étendue de la forêt nationale de Sumter. Les États étaient séparés par la rivière Chattooga, qui était devenue la Cahulawassee sous la plume du romancier James Dickey. Dans les années 1970, Dickey avait publié un livre intitulé Délivrance. Hollywood en avait fait un film, propageant ainsi l’idée fausse que les gens de la région étaient des sociopathes ignorants et racistes. En réalité, rien n’aurait pu être plus éloigné de la vérité, mais comme l’adaptation avait rapporté un paquet d’argent, personne n’en avait grand-chose à faire. 

Ce qui semble évident et la réalité sont rarement la même chose […]

Pas besoin d'être mauvais pour être sage.

Landis savait que toute histoire vraie comportait une poignée de mensonges.

- Je dois aller à l'anniversaire de la fille de mon frère samedi. Vous savez quel genre de cadeau conviendrait à une gamine de onze ans ?
- A cet âge là ? Là d'où je viens, ce serait un bon couteau à dépecer ou un pistolet.

La chose qui lui manquait le plus était l'espoir. L'espoir que tout aurait un sens quand il serait plus vieux.

L'imagination de l'homme semblait infinie quand il s'agissait de souffrir.