AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PhilippeCastellain


Deuxième rencontre pour moi avec l'immense écrivain lusitanien, le Balzac de Lisbonne, le Zola des rives du Tage : j'ai nommé José-Maria de Eça de Queiroz ! On applaudit bien fort s'il vous plaît. En me l'offrant, mon frère m'avait bien précisé : « tu verras, il essaye de faire de la tragédie mais il n'y arrive pas ».

Et on ne saurait mieux résumer. Son écriture fluide et élégante met en scène l'aristocratie et le plus beau monde du Portugal, que pourtant un cheveu sépare des cocottes, des décavés et des traîne-savates sans le sous. Ce petit monde se côtoie, se mêle, flirt, couche, ragote, calomnie. Une matière de premier choix pour mettre peu à peu en place une terrible situation ne pouvait déboucher que sur un magnifique et dramatique dénouement. Et pas à dire, il se donne un mal fou.Mais à chaque fois… Cela se transforme en farce. On sent que c'est plus fort que lui. On l'imagine derrière sa table, mettant peu à peu place son engrenage fatal, se répétant :  « allez, cette fois ça finira mal et ça fera pleurer dans les chaumières, paroles d'athée ! »

Et puis au dernier moment un petit événement bassement terre à terre vient briser la solennelle Noirceur et la grandiose Ignominie du moment et plouf, l'offenseur s'humilie dans une lettre d'excuse pour échapper au duel, mais en prenant le temps de vérifier l'orthographe des mots, et il faut bien courir derrière le tramway pour l'attraper si l'on ne veut pas rentrer à pieds. Caramba (ou sa version portugaise) encore raté ! Qu'on imagine Monsieur Bovary dire à son épouse : « ma chère, vous partez vivre un mois avec des métayers et arracher des patates, si après cela vous voulez toujours partir avec votre amant, vous ferez comme bon vous semble » !

On range généralement Eça de Queiroz dans la catégorie des romanciers naturalistes. Un naturaliste oui, mais qui aurait fait sienne la fameuse phrase de Shakespeare : la vie n'est pas une tragédie, c'est une farce bouffonne ! »
Commenter  J’apprécie          426



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}