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Critique de Piatka


Bienvenue chez les fous !
Voilà résumées les unités de temps, de lieu et même d’action puisqu’il s’agit d’une courte pièce de théâtre en deux actes, publiée en 1962 en pleine guerre froide, de l’auteur d’origine suisse Friedrich Dürrenmatt, qui se déroule exclusivement dans le salon d’une villa transformée en asile, au bord d’un lac sans histoire, quelque part en Europe.
Elle se dévore d’une traite, et si l’on accepte d’emblée l’absurdité totale de la situation, l’absence de repères traditionnels, c’est un petit bijou d’intrigue décalée à l’humour jubilatoire qui permet d’aborder légèrement en apparence des problèmes sérieux de l’humanité confrontée au progrès.

Jugez plutôt : au milieu de malades, spécimens issus de « l’élite mentalement dérangée de la moitié de l’Europe », un trio improbable de physiciens de renom, Einstein, Newton, Möbius, rien que cela, se trouve regroupé à l’écart des autres patients du fait, c’est évident n’est-ce pas, de la similitude de leurs mondes imaginaires respectifs. D’ordinaire très calmes, les deux premiers ont récemment étranglé leurs infirmières, quant au troisième qui obéit aux ordres du roi Salomon, il ne vaut guère mieux.
Inspecteur de police, infirmières, médecins vont et viennent, échangent, cherchent à comprendre, puis renoncent, manifestement déboussolés par l’attitude des physiciens qui donnent le change à merveille et finissent par les faire douter de leur propre santé mentale.

Qui est réellement fou dans cette histoire ?
Voilà en définitive LA véritable question. Les supposés scientifiques, les médecins ? Par extension, cette pièce soulève bien sûr le problème de la responsabilité des scientifiques directement impliqués dans le sort de l’humanité grâce à leurs découvertes. Serions-nous entre les mains de physiciens irresponsables ? Sommes-nous prisonniers ou eux-mêmes de leurs avancées ?
Impossible malheureusement de vous en dire davantage. Mais après avoir bousculé ses lecteurs et spectateurs, Dürrenmatt livre quelques pistes de réflexion regroupées à la fin de l'ouvrage : « La physique est l’affaire des physiciens, ses répercussions sont l’affaire de tous. » « Le drame peut duper le spectateur en le mettant face à la réalité, mais ne peut pas le contraindre à lui résister, et encore moins à la maitriser. "
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