AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Davalian


Les physiciens est une agréable découverte : une pièce de théâtre qui ne paie pas de mine mais qui se révèle d'une richesse littéraire plutôt surprenante.

Le format de la pièce, pour nous autres habitués aux canons de Racine, Corneille, Molière et autres grand classiques, est atypique. le propos tient en près de cent pages. Il n'y a que deux séquences : deux longues scènes coupées par l'arrivée ou le départ de certains personnages. de même, les descriptions et certains passages (notamment celui consacrés à Salomon) restent surprenants. le dénouement réservera également une surprise, difficile à mettre en oeuvre sur les planches.

La description de l'oeuvre, n'est, a priori, guère enthousiasmante. L'action se déroule dans un hôpital psychiatrique et le dramaturge nous propose de suivre trois malades. L'un se prend pour Einstein, l'autre pour Newton et le dernier croit être en contact avec le roi Salomon. le potentiel de l'oeuvre fera son chemin progressivement, sans laisser le temps à l'ennui de s'installer et mettant à mal les certitudes du lecteur. Les rôles s'embrouillent très rapidement et les péripéties, dramatiques ou verbales, s'enchaînent.

La pièce mêle tout à la fois une enquête policière, une intrigue empruntant à l'espionnage et une comédie franchement réussie. Les propos, les personnages, leurs échanges et surtout les critiques sous-jacentes sont drôles à souhait. Des nombreuses références sont faites, il y a du travail pour toutes les repérer et les apprécier.

Quelques évolutions prévisibles ou convenues peuvent être notées. En fonction des éditions, la quatrième de couverture pourra en révéler assez long, ce qui est toujours regrettable.

Les physiciens se révèle être une critique des temps modernes qui part dans toutes les directions : la Guerre Froide, les essais atomiques, l'utilisation des progrès scientifiques faite par les grandes puissances, la place de l'homme et du scientifique dans tout cela. L'humour est ici utilisé pour introduire une charge qui est tout aussi efficace qu'elle demeure plaisante.

Le contexte immédiat dans lequel cette pièce a été écrite (la crise des missiles de Cuba) donne à cette pièce un statut particulier : celui d'une oeuvre engagée. Si aujourd'hui le contexte à bien changé, la teneur des échanges, la substantifique moelle et le dénouement imprévu l'ancrent dans notre présent. Une oeuvre à découvrir de toute urgente, son potentiel vous le rendra bien…
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}