AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 2958 notes
Alexis Ivanovitch est le précepteur des enfants d'un général russe veuf qui mène grand train en dépit de sa situation financière catastrophique. Alors que le général et sa suite prennent les eaux et s'adonnent au jeu à Roulettenbourg, les drames se nouent en privé. La belle-fille du général, la belle Pauline, est entourée de nombreux prétendants, mais aucun ne se déclare devant les incertitudes qui entourent sa fortune. Alexis, confident follement épris de la jeune fille, est son intermédiaire à la roulette où des sommes énormes se perdent et se gagnent en un coup de pouce. Mais la belle méprise le percepteur. « Je vous hais justement parce que je vous ai permis tellement de choses, et je vous hais encore plus parce que vous m'êtes si nécessaire. Mais j'ai encore besoin de vous. Il faut donc que je vous épargne. » (p. 29)

C'est sous la forme du journal et des notes que cette histoire est racontée, le narrateur étant Alexis, malheureux en amour comme au jeu. « Chose étrange, je n'ai pas encore gagné mais j'agis, je sens, je pense comme si j'étais un homme riche et ne puis me voir autrement. » (p. 87) Que de cynisme dans le tableau qui nous est fait de la société russe qui se divertit devant les tables de jeu ! « Vous savez que je n'ai pas d'argent […] ; il faut de l'argent pour perdre au jeu. » (p. 19) le général attend désespérément l'annonce de la mort d'une aïeule dont il devrait hériter, les intrigants se rendent indispensables et les engagements amoureux ne durent jamais plus longtemps que la chance à la roulette.

Ce roman a l'avantage d'être court, car la frénésie qui anime les personnages est rapidement épuisante. Les heures fiévreuses que la grand-mère passe devant la roulette sont éreintantes pour le lecteur qui, inconsciemment, fait des paris sur la chance de la joueuse. Décidément, Dostoievski n'est pas vraiment ma tasse de thé… Je reviendrai donc à la littérature russe par d'autres plumes que la sienne.
Commenter  J’apprécie          150
Très belle oeuvre de Dostoievski un peu méconnue mais d'autant plus intéressante. L'auteur nous fait part de la passion maladive d'un joueur de roulette et de ces dérives. Dostoievski ayant été addicte au jeu à une période de sa vie, il s'agit en quelque sorte d'une autobiographie de son addiction. Il analyse la psychologie d'un joueur à merveille et du cercle pernicieux qui découle du jeu.
Il s'agit d'un livre à conseiller à toutes les personnes de son entourage qui font du jeu une maladie afin d'éviter ce fléau.
Commenter  J’apprécie          150
Dans ce truculent roman qu'est le joueur, Dostoïevski nous entraîne dans une folle petite danse sociale et psychologique où on ne sait trop qui manipule qui. Cette mascarade sera représentée avec un grand talent littéraire par les jeux d'argent, qui rendent fou celles et ceux qui l'étaient déjà.

Les dialogues fusent avec un éclat incisif, les situations absurdes se multiplient en raison d'un amour complétement bancal, puis arrive la babouschka, et là, le roman s'envole vers des sommets de drôlerie grâce à ce personnage digne d'un bulldozer aristocrate, aussi fier de sa personne qu'acerbe avec son entourage.

La grande gagnante est décidément la folie qui se cache derrière ce beau vernis un brin tapageur de la bonne société. On vit sa vie en jetant les dés, en pensant influencer le jet avec sa volonté, et on assiste, dépité ou amusé, à un résultat qui contredit tous nos schémas.

L'auteur russe est ainsi sans pitié sur la vénalité et l'ascension sociale qui pèse sur nombre de protagonistes, tous englués dans leur petit stratagème de pacotille, qui ne prennent jamais de hauteur sur le sens de l'existence, sur la sens de leur existence.

Le joueur est donc un roman aussi bref que jubilatoire, que je vous recommande chaleureusement !
Commenter  J’apprécie          140
Sans doute que le génie qui animait Dostoïevski quand il dictait le Joueur à Anna Grigorievna Snitkina, est le même génie qui surgit en certains de nous en face d'une situation qui a tout d'un compte à rebours. Comme ce fut le cas de l'auteur avec son éditeur cynique, Stellovski : s'acquitter de l'écriture d'un roman en moins de vingt-sept jours, sinon « libre à lui, Stellovski, d'éditer pendant 9 ans comme il le voudrait tout ce que j'écrirai sans avoir à me verser de gratification ». Quoique le génie de Dostoïevski ait quelques caractéristiques (ou caractères) d'un lutin — ses quolibets contre les sociétés européennes, notamment les juifs, les polonais et les français, qu'ils traitent des gens rompus à l'appât du gain.
Cependant le Joueur demeure l'un des romans autobiographiques des plus concis avec plus de chapitres (17), et des paragraphes alléchants qui font de lui un leitmotiv littéraire.
Commenter  J’apprécie          140
Écrit en vingt-sept jours, en plein milieu de la rédaction de « Crime et Châtiment » , afin d' honorer un contrat éditorial, « Le joueur » est mon premier roman de Dostoïevski. Cet ouvrage est réputé pour ses correspondances autobiographiques en étant notamment le reflet de l'addiction au jeu dont souffrait l'auteur. Rédigé à la première personne, c'est sûrement l'occasion pour l'auteur russe de livrer, en se confondant avec le narrateur, sa pensée et ses critiques sur divers sujets. Il en profite ainsi pour égratigner l'aristocratisme de son époque, les français qu'il ne porte visiblement pas dans son coeur. Nous parler de nos relations à l'argent et de notre tendance à l'autodestruction liée, dans ce cas, à une obsession (richesse, amour ou prestige).


Pour ma première incursion dans la littérature de Dostoïevski, je ne suis pas déçu. Son style est à la fois direct et subtile. A l'intelligence de sa plume se conjugue un rythme soutenu rendant l'histoire palpitante pour un sujet qui, de prime abord, ne m'intéressait pas plus que cela. Pour un roman dicté en vingt-sept jours, le résultat n'a rien de bâclé et offre quelques passages d'anthologie comme celles de la grand-mère en train de jouer à la roulette.


Une bonne découverte de cet auteur qui me donne envie de me plonger davantage dans son Oeuvre. C'est aussi une bonne entrée en matière avant d'attaquer ses romans plus longs.
Commenter  J’apprécie          140
Ne connaissant rien de l'auteur tant au plan de son oeuvre que de sa biographie, je me suis retrouvé totalement dérouté, quasi agacé, par le style. le supplément adossé au roman dans l'édition que j'ai lue m'a heureusement apporté tous les éclaircissements qui me manquaient et, la lumière fut comme disait le personnage célèbre d'un roman mythique. Ce qui aurait dû se terminer en un regrettable malentendu est finalement devenu une heureuse découverte. Je ne peux que vous conseiller cette oeuvre mais pas sans vous suggérer de vous pencher sur son auteur et son oeuvre auparavant.
Commenter  J’apprécie          141
Que dire, si ce n'est que cet ouvrage est un chef-d'oeuvre ? Quand on pense que celui-ci n'a nécessité que 27 jours d'écriture... J'ai pleinement vécu l'aventure d'Alexei Ivanovitch : ses déboires au casino, ses relations avec les différents personnages, etc. J'ai quelque peu été perturbé, justement, par ces relations, qui sont à la fois ambiguës et instables ; c'est là l'effet voulu par Dostoïevski, qui cherche à montrer à quel point les individus peuvent changer du tout au tout lorsqu'un intérêt est mis en jeu. Au milieu de ce tourbillon, le narrateur, qui ne cessera de s'adapter, sans révolte, aux caprices des hommes et des femmes qui l'entourent. J'ai adoré cette lecture, et la recommande : elle est relativement rapide (quand je dis "relativement", c'est par rapport aux autres oeuvres de Dostoïesvki), et se lit sans trop de difficulté.
Commenter  J’apprécie          140
Je suis passée à côté de ce livre pourtant largement salué. J'ai mis beaucoup de temps à lire ce texte qui est pourtant assez court. le style m'a paru lourd, j'ai eu du mal à comprendre les relations entre les personnages. Selon moi, le début manque un peu de mise en contexte.
Ce n'est que lors de l'arrivée de la "babouchka" que le roman a gagné en attrait et en drôlerie à mes yeux. J'ai trouvé la fin également excellente, le personnage gagnant en épaisseur et en complexité.
Commenter  J’apprécie          130
Amour et jeux d'argent dans la bonne société européenne du XIXème siècle.

De l'amour il en est question, l'amour que voue le narrateur Alexei pour Pauline, par exemple, ou l'amour du général pour Mademoiselle Blanche. Des jeux d'argent il en question également. de façon très visible à travers la table de roulette du casino de Roulettenbourg, mais aussi à travers les dettes et les hypothèques du général, et à travers la perspective d'un héritage de la vieille grand-mère ... Tout le monde croit qu'il va gagner !

C'est l'illusion du jeu et de la vie. de façon générale beaucoup perdent, et certains perdent gros, très gros même.

Ce court roman, écrit sur commande, est un brin mélancolique. Notamment ce personnage d'Alexei, précepteur chez le général, qui représente ce qu'on pourrait appeler "l'âme russe" et qui contribue par la narration qu'il fait des évènements à donner le ton. On alterne les sentiments de joie intense et de tristesse profonde. Comme sur la table de roulette, lorsque la mise fût la bonne à plusieurs reprises et que l'heur tourne.

Si l'amour est un jeu, est-ce un jeu de hasard ? Comment saisir sa chance au bon moment ? Comment discerner ce qui chez l'autre indique qu'il est temps de s'en aller, de sortir, de quitter définitivement cet enfer ? En matière d'amour et de jeux, les conseils des "amis" ne sont jamais avisés, mais ici, comme souvent, même un homme averti ne vaut pas grand chose, surtout s'il perd.

Un bon roman qui permet une entrée en matière pour découvrir l'auteur sans s'attaquer aux monuments.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          130
Le joueur/ Fiodor Mikhailovitch Dostoievski /Livre de poche : version intégrale.
En 1862, Dostoievski visite pour la première fois l'Occident et notamment les plus célèbres salles de jeu : Baden-Baden, Ems, Wiesbaden …
Au cours d'un second voyage, il y perdra toute sa fortune à la roulette.
Lui viendra alors l'idée d'écrire un roman sur le jeu, l'enfer du jeu dès 1863.
Mais ce n'est que plus tard, après la mort de sa femme, puis de son frère, acculé par les créanciers qu'il se décidera à signer chez un éditeur pour une édition de ses oeuvres complètes agrémentée de ce roman inédit. La date butoir est fin 1866.
Pour aller plus vite, il engage une secrétaire qui copie sous dictée durant 25 jours l'intégralité du roman « le joueur ».
Ce roman va être une manière d'exorcisme : en la décrivant, il va tenter de neutraliser sa passion du jeu. le bouc émissaire sera son personnage Alexis Ivanovitch
Il demandera ensuite sa main à sa secrétaire, Anna Snitkine huit jours plus tard et l'épousera trois mois écoulés.
Deux mois après le mariage, couverts de dettes, Dostoievski fuit la Russie pour l'Allemagne où il va jouer jusqu'en 1871 avec l'argent de sa femme. C'est alors qu'il lui envoie une lettre dans laquelle il lui annonce qu'il a cessé de jouer.
L'exorcisme avait oeuvré.
Dans le roman, Alexis est obnubilé et fasciné par cette boule de roulette dont le mouvement est rigoureusement imprévisible, mais il ne peut se faire à cette idée, comme tous les joueurs, et va tenter d'élaborer des systèmes pour gagner. Mais c'est en jouant de façon irrésolue qu'il va le plus gagner…
S'engage alors une réflexion sur la probabilité de voir sortir le rouge ou le noir. Ce n'est pas parce que le rouge est sorti 16 fois de suite que le noir va sortir la 17é. Car à chaque fois, il y a une chance sur deux et pas davantage que ce soit telle ou telle couleur. Peut-on user de la statistique pour jouer, statistique qui veut que sur un très grand nombre de fois, le rouge et le noir s'équilibre ? Là est la question. C'est un dilemme irritant pour le joueur qu'est Alexis.
« Par une fantaisie bizarre, ayant remarqué que le rouge était sorti sept fois de suite, je m'y attachai. Je suis convaincu que l'amour-propre entrait là pour une bonne moitié ; je voulais étonner les spectateurs en prenant un risque insensé et (étrange sensation !), je me souviens nettement que je fus soudain, sans aucune incitation de l'amour-propre, possédé par la soif du risque. »
Amoureux de Pauline, la fille du général, il va dans un premier temps jouer pour elle car dans la bonne société, une jeune fille ne joue pas. Mais cela n'est pas si simple car en jouant pour Pauline il lui semble qu'il hypothèque ses chances s'il gagne, lorsqu'il jouera ensuite pour lui. Question de statistique !
En fait, dans ce bref mais dense récit, les huit premiers chapitres sont assez insipides, le joueur ne jouant pas beaucoup mais faisant plutôt une cour maladroite à la belle Pauline Alexandrovna qui ne s'en laisse pas conter et repousse ses avances.
Dès le début de la deuxième partie, l'arrivée impromptue d'Antonine Vassilievna, la charismatique et fortunée grand-mère, tante du général, va produire un électrochoc au sein du petit groupe désoeuvré. Alors qu'elle était supposée être à l'article de la mort, la voici qui débarque le sac empli de roubles et ne s'en laisse conter par personne. Il faudra attendre pour l'héritage ! le général est la principale cible de sa vindicte, et Alexis son protégé. Infirme, (elle se déplace en fauteuil roulant), âgée de 70 ans, excentrique au possible, elle a la passion du jeu. Mais elle ne sait pas jouer. Et elle a prévenu le général : elle ne lui prêtera pas un sou.
Alors vont avoir lieu des parties de roulette ébouriffantes où Antonine va conjuguer le meilleur et le pire, toujours dans l'excès et l'extravagance et n'en faisant qu'à sa tête dans un style de jeu tout à fait hors norme.
Des retournements de situation vont amener Alexis à jouer pour son compte de façon effrénée et ce pour les beaux yeux de la capricieuse Pauline. Tour à tour précepteur, secrétaire et laquais pour se renflouer, il joue et il joue, fiévreusement jusqu'à la frénésie. Il passe même par la case prison pour dettes de jeu mis de bons amis l'en sortiront. La tentation hystérique qui s'empare des joueurs à l'approche de la table ne l'épargne pas. Emporté hors du temps et de l'espace, il ne pense plus qu'à ce plaisir compulsif qui ne peut que le mener à la ruine.
À noter que Dostoievski dans ce récit ne fait jamais oeuvre de moralisateur.
D'autre part, tout en vantant le caractère russe qui vit de passion sans calcul, il fustige les pays européens et surtout la France et l'Allemagne qui pour lui ne sont que des calculateurs.
Un livre intéressant pour aborder l'immense oeuvre de Dostoievski.


Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (8931) Voir plus



Quiz Voir plus

Crime et Châtiment

Qui est le meurtrier ?

Raskolnikov
Raspoutine
Raton-Laveur
Razoumikhine

9 questions
200 lecteurs ont répondu
Thème : Crime et Châtiment de Fiodor DostoïevskiCréer un quiz sur ce livre

{* *}