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sur 2448 notes
L'Idiot, l'une des quatre ou cinq oeuvres phares de Fiodor Dostoïevski, est un assez long roman, dans la veine russe du XIXème, c'est-à-dire avec un nombre assez important de personnages, plusieurs familles s'étageant des couches moyennes à hautes de la société (mais pas de la très haute aristocratie comme chez Tolstoï) avec différentes identités constitutives assez complexes et autour desquelles gravitent un certains nombres de satellites, tous plus ou moins intéressés (argent, mariage, élévation sociale, simple désir d'être "rincé" à l'oeil, etc.).

Le corps du roman prend racine à Pétersbourg ou dans sa proche banlieue bien que Moscou ou des pays étrangers soient mentionnés à différents endroits.

Le sujet du roman semble être l'effet produit par l'apparition dans cette société d'un homme radicalement différent, mû par son seul désir d'être agréable aux autres, toujours conciliant et bienveillant. Une telle attitude est perçue, au mieux comme de la naïveté, le plus souvent pour de la bêtise et parfois comme une pathologie.

Ce trait de caractère du personnage est d'ailleurs renforcé et rendu ambigu par l'épilepsie qui a nécessité plusieurs années de traitement au héros, le prince Muichkine, dans un établissement spécialisé.

Ainsi, ses prises de positions inattendues, sa mansuétude, sa bonhommie sont souvent mises au compte d'une déficience intellectuelle. Combinées à son humilité naturelle, cette disposition place systématiquement le prince en position d'infériorité vis-à-vis de ses interlocuteurs dans un premier temps.

Mais, le plus souvent, ses mêmes interlocuteurs, tentés de se mettre un peu dans la position d'un "dîner de cons" se retrouvent surpris du caractère pénétrant de ses réflexions et de sa subtilité et en ressentent un certain malaise, en comprenant qu'ils ont un peu été la dupe de la situation, ne sachant plus trop qui est le "con" du dîner.

Mais un roman russe du XIXème ne serait pas tout à fait un roman russe du XIXème sans d'inextricables histoires d'amour, dont une oeuvre comme Anna Karénine constitue l'un des fleurons du genre.

Notre bon prince va évidemment semer le trouble dans le coeur de ces dames, et même, de ces messieurs, qui à son contact vont parfois changer radicalement. La folie de différents personnages n'est jamais très, très loin non plus, ce qui ajoute au cocktail une touche déjantée.

C'est évidemment un très bon roman, mais je lui reproche tout de même des insertions longues et parfois ennuyeuses de personnages comme Hippolyte, jeune nihiliste, à l'article de la mort en raison d'une tuberculose, et Lebedev, un fonctionnaire rapace, entremetteur, fourbe et mielleux, qui, selon moi, n'apportent pas forcément un élan, une grandeur supplémentaire au roman, mais semblent avoir été des expédients pour Dostoïevski, lui permettant à la fois d'aborder quelques notions connexes, mais surtout, de faire des pages, lui qui publiait ses romans en feuilletons et qui avait un besoin vital de se les faire payer comme qui dirait " au poids ".

D'où mes 4 étoiles et non 5, ce qui est toujours éminemment discutable sachant bien sûr que cela ne veut absolument pas dire que je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à sa lecture, et au fait, quel genre d'idiote suis-je pour donner des avis sur des oeuvres qui ont fait leurs preuves ?
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Encore novice en littérature russe, il était grand temps que je m'y mette. Souhaitant découvrir Dostoïevski depuis un moment, c'est sur l'Idiot que mon choix s'est arrêté, je ne le regrette pas d'ailleurs.

L'histoire est celle du prince Muichkine, épileptique, qui après avoir passé une grande partie de sa vie en Suisse pour recevoir les soins adéquats à sa maladie, revient à Saint-Pétersbourg pour retrouver une de ses parentes éloignées, Elisabeth Prokofievna( la générale Epantchine). Grâce à son titre et cette parenté avec la générale, notre bon prince va accumuler les rencontres avec des personnages hauts en couleurs. Son immersion dans une société calculatrice et corrompue va entraîner cette âme pure vouée à faire le bien dans une spirale d'intrigues superficielles qui placeront le prince en position d'idiot, car lucide dans son analyse des choses et des gens qui l'entourent. Débordant de simplicité et de gentillesse, Muichkine va vite devenir l'agneau dans la meute de loups...

Magnifique, grandiose, phénoménal, ce roman ne m'a pas laissée indifférente, j'ai presque honte d'avoir fait un court résumé car cette oeuvre ne se lit pas, elle se vit page à page. Grâce à ses nombreux personnages,tous pourvus de caractères bien distinct, le récit offre un portrait intéressant de la société russe du XIXème siècle. le prince, catapulté au milieu de ces gens prêts à tout fait un peu office de ver dans la pomme, chamboulant les conventions, disant tout haut ce qu'il ne faudrait pas mentionner. Malgré tout, le prince n'est pas si idiot que ça, je l'ai trouvé irradiant de beauté, comme un ange descendu du ciel pour accomplir une mission, finissant par forcer l'admiration des hommes et la passion chez les femmes. Ce livre est fort, malgré son nombre conséquent de pages (900), il nous entraîne dans les abîmes de la folie humaine au fur et à mesure des événements. Tout comme son héros, Dostoïevski "sait raconter" et nous offre une intrigue vivante et haletante avec une fin magistrale à couper le souffle. J'ai adoré et je dirait aux lecteurs qui souhaitent découvrir l'Idiot de ne pas se laisser décourager par la taille du livre et certains passages relativement longs, il faut le lire avec le coeur, prendre le temps de le ressentir, il en vaut la peine!
A lire !
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La bonté existe-t-elle ? Y a-t-il une place pour elle dans ce monde ou n'est-elle considérée que comme une marque de faiblesse voire d'idiotie qui rendrait inapte à la vie sociale ? L'homme bon, s'il existe, est-il forcément voué à n'avoir qu'un destin tragique, ne connaître que les tourments de l'existence et jamais le bonheur qui est impossible à atteindre ?

Un lecteur Babelio écrivait, à propos des Frères Karamazov, qu'il était hermétique à la dimension métaphysique qu'on trouve chez Dostoïevski à cause du grand pessimisme sur le fond de la nature humaine que recèlent ses oeuvres. C'est au contraire la seule dimension qui me parle et qui fait que j'aime autant cet écrivain.

Il offre une découverte de la société russe du XIXe siècle et nous invite à nous poser des questions, même si elles n'ont pas forcément de réponses uniques, dogmatiques et immuables. C'est le propre de toute démarche philosophique. J'aime cette façon de mêler intrigue romanesque, philosophie, politique et de nous inciter ainsi à réfléchir sur nous-mêmes, autrui et le monde.

Dostoïevski le fait dans L'Idiot à travers l'évocation du destin tragique du prince Muichkine qui revient de Suisse où il était soigné pour épilepsie. Dès son arrivée à Saint-Pétersbourg, il apparaît comme un être différent, un homme infiniment pur dont la candeur est objet de curiosité, de moqueries et de fascination. Elle ne lui permettra pas de sauver la trop belle Nastassia Philippovna. Sa maladie fait qu'on le croit idiot mais il est en fait plus intelligent que ne le pensent les gens. Il perçoit avec une sensibilité et une acuité intolérables le drame que vit Nastassia et veut donc à tout prix l'aider, quitte à sacrifier son propre bonheur. Il ne supporte pas le mal sous toutes ses formes et fait figure d'inadapté social. Il n'accepte pas le fonctionnement classique de la société dont la majorité s'accommode fort bien.

Nastassia est une orpheline. Totski l'a recueillie et en a fait sa maîtresse, il veut désormais épouser une femme respectable et non une courtisane. Il entreprend de se débarrasser de Nastassia. Il propose cent mille roubles à Gania Ivolguine pour l'épouser. Révoltée, Nastassia préfère s'enfuir avec Rogojine qui la convoite mais la mènera au déshonneur et au malheur. le prince, qui est sous son charme, veut lui éviter ce sort funeste et prend le risque de provoquer la jalousie de Rogojine. Pour sauver Nastassia, il est prêt à renoncer à un mariage avec Aglaé que Nastassia voit pourtant comme une épouse idéale pour le prince.

Certains thèmes abordés dans ce roman restent d'actualité et ont même fait l'objet de nombreuses récupérations politiques : la peine de mort, le rapport à l'argent, la pauvreté, la redistribution des richesses.

Plusieurs personnages sont tragiques et émouvants. Nastassia a le sort funeste réservé jadis aux filles pauvres, sans famille mais belles et désirables, donc vouées à la prostitution de luxe. Hippolyte est mourant à cause de la phtisie alors qu'il n'a que dix-huit ans et, dans un ultime cri de désespoir, développe ses idées sur les pauvres qui se plaignent tout le temps, jalousent la fortune des riches car ils la voudraient pour eux et en oublient qu'ils ont la vie devant eux et la liberté de réaliser leurs rêves. Il raconte comment il a aidé, grâce à ses relations, un médecin renvoyé, tombé dans la misère avec sa femme enceinte, à retrouver un poste. Quant au prince Muichkine, malgré l'épilepsie, maladie qui touche le cerveau – le Grand Mal, à l'époque, était effrayant et ne se soignait pas – il apparaît comme un intellectuel. Sensible, philosophe et passionné, il a un avis sur de nombreux sujets, dont la peine de mort, acte cruel et froid, après avoir assisté à une horrible exécution en Europe. En Suisse, il parlait aux enfants et les guidait, il les a convaincus de cesser de persécuter une jeune fille que tout le monde maltraitait parce qu'elle avait été séduite par un homme avant d'être abandonnée. Ses efforts presque désespérés pour sauver la veuve et l'orphelin, rendre le monde, et surtout l'être humain, meilleurs semblent souvent vains, dérisoires mais néanmoins nécessaires, indispensables.
L'Idiot est, pour moi, un roman sombre et troublant qui donne l'impression que la bonté est minuscule face au Grand Mal qui finira inéluctablement par l'anéantir. Elle aura cependant laissé une trace infime sur terre et dans la vie de ceux qui l'auront croisée puis qui continueront leur paisible existence, à l'instar d'Aglaé, comme si de rien n'était.
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C'est très difficile de parler d'un tel roman car sa puissance perturbe le lecteur en profondeur.

Dostoïevski a choisi comme héros le prince Muichkine (ou Mychkine, ce « i » dur, presque nasalisé, n'existe pas dans notre alphabet) atteint d'épilepsie, maladie qu'il connaît bien car il en est atteint lui-même. Ce prince est considéré comme un idiot car la maladie l'a obligé à être soigné en Suisse. Il semblait en être guéri au retour.

Idiot au sens de naïf : le prince dit ce qu'il pense, sans enrober les choses derrière le langage civilisé et hypocrite qui sied en pareil cas. C'est un être d'une grande sensibilité, perdu dans cette société de petits nobliaux, généraux plus ou moins avines, ou autres croquants en tous genre. Tel un enfant, il parle sans les filtres qu'imposent l'éducation, la bienséance…

Dostoïevski nous livre une belle description de la société de l'époque, entre Saint-Pétersbourg, les maisons de campagne, l'importance du paraître, où chacun intrigue, pour berner l'autre, accéder à une meilleure situation, un meilleur mariage…

La psychologie des personnages a été bien étudiée, qu'il s'agisse du héros, des autres familles qui sont bien typées, parfois caricaturales, des généraux de l'époque, de la place des femmes dans la société, sans oublier la misère et la maladie, la religion…

L'auteur n'hésite pas à s'en prendre à la politique de l'époque (il a été lui-même emprisonné), les mouvements de contestation qui émergent. Il porte une réflexion sur l'amour : le prince ne sait pas qui il aime réellement : Nastassia ou Aglaé, et est-il amoureux d'ailleurs, dans le sens où on l'entend habituellement?

La notion du bien et du mal : le prince incarnant le bien, une figure presque christique en opposition avec Rogojine, le mal incarné intrigant, voulant à tout prix épouser Nastassia Philippovna comme un trophée de chasse.

L'écriture est très rythmée, l'intrigue centrée sur une période relativement courte, l'atmosphère particulière, la psychologie des personnages nécessite une vigilance particulière si l'on ne veut pas se perdre dans le récit.

Dostoïevski est un auteur exigeant, il faut vraiment s'immerger dans le roman qui compte près de mille pages, on ne peut se contenter de survoler, ou de lire seulement des extraits. Il a rédigé plusieurs moutures de « L'idiot », les a détruites et à la fin, il estimait n'avoir transcrit qu'un dixième de ce qu'il aurait voulu dire. le roman est publié en feuilleton en 1869.

Je l'ai beaucoup aimé et j'en suis sortie un peu sonnée ; j'ai lu deux autres livres avant de pouvoir rédiger ma critique, car j'avais trop de choses à dire, et d'ailleurs elle ne me satisfait toujours pas.

Challenge XIXe siècle
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Je pense que j'aurais pu beaucoup aimer ce livre s'il ne m'avait pas fallu 460 pages pour comprendre que la dizaine de personnages principaux portaient chacun deux noms de famille, un diminutif et un surnom.
(Je me disais bien que çà faisait beaucoup de personnages principaux..)

Le prince Mychkine et Nastassia Filippovna sont des personnages à la psychologie riche et attachante, et je ne voulais pas en rester là.
Après avoir baissé les bras une première fois, pour un motif aussi ridicule, je décidai de prendre mon courage à deux mains et de retenter l'expérience.

Afin de remettre mes idées au clair et de repartir sur de bonnes bases, j'eus la lumineuse idée de lire l'article concernant le roman sur Wikipedia, dont le résumé de l'histoire... jusqu'à ce que j'apprenne la fin.
Pour mon baptême de littérature russe, je crois que j'aurais pas pu faire un meilleur choix.

L'Idiot , par une idiote.
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On connaît la formule : « Dostoïevski voulait représenter un être parfaitement bon. Par dérision, il en fit un idiot. » Est-ce vraiment par dérision ? Et qu'entendait-il par ce mot « idiot » ? le prince Mychkine est un être simple, qui ne comprend rien aux conventions sociales ; il ne comprend que les êtres humains et ce qui est bien. Et c'est pour cela que Dostoïevski lui décerne ce titre amer.

A bien des égards il me rappelle Saint François d'Assise, le Povorello, parlant aux oiseaux et citant devant le pape la sagesse des alouettes. Son amitié avec Rogojine ne rappelle-t-elle pas le loup de Gubbio apprivoisé par la simple douceur ?

Mais il n'y aura pas de miracle. La bonté du prince restera impuissante ; son sacrifice ne suffira pas à racheter Nastassia Philipovna. Rendu à la sauvagerie, Rogojine la tuera. Et Aglaé, la seule qui était en mesure de comprendre vraiment le prince, ne deviendra pas Sainte Claire d'Assise mais préférera ruiner consciemment sa propre vie. La figure christique du prince n'est pas aux prises avec un monde mauvais, mais en proie à l'autodestruction. C'est un monde qui refuse d'être sauvé. Un monde qui refuse la venue du Christ, et veut mourir avec son péché originel.

Grâce à la critique d'Yves, j'ai appris que Dostoïevski s'inspira du tableau de Holbein du Christ mort. Peint d'après le cadavre d'un juif retrouvé noyé, il rompait radicalement avec toutes les traditions et le style de l'époque. Ce n'était pas le fils de Dieu dans sa gloire qui était peint, mais un simple cadavre. « Un tel tableau peut faire perdre la foi », déclara-t-il en le découvrant.

On explique généralement cette phrase par la découverte brutale de l'athéisme et du néant – ou de leur peur – qui s'expriment avec une incroyable force sur ces planches de tilleul. Il n'y a pas de Dieu, pas de sauveur, pas de salut, pas d'amour, pas de pardon. Rien. Mais il me semble qu'un tel esprit, ayant fréquenté les révolutionnaires et les bagnards, avait déjà dû être confronté à ces questions.

Contrairement à la plupart des représentations, le corps est seul. Il n'y a ni ange ni disciple. Tous se sont détourné de lui, l'ont abandonné. Et si le monde refuse d'être sauvé ? Alors le sacrifice du Christ est inutile...

Kurozawa en tira un film en noir et blanc de deux heures et demie qui compte parmi les monuments du cinéma, et parmi mes films préférés. Pour plus de cohérence avec le livre, il le plaça dans l'Hokaido, l'île du nord du Japon, au climat froid. C'est une oeuvre monumentale et magnifique, peut-être le summum de l'art de Kurozawa. Et, mais c'est une impression très personnelle, il m'a toujours semblé que s'y exprimait un terrible et violent rejet de la société japonaise traditionnelle...
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"L'Idiot" est considéré par beaucoup comme le meilleur roman de Dostoïevski pour la raison que l'auteur a voulu en faire le roman de "l'âme russe" par excellence, ce concept poétique cher au coeur des Slaves, condensé identitaire d'une psychologie complexe dans laquelle entrent à la fois en conflit et en communion réalité sociale, spiritualité, fierté, dignité et quête d'éternité, traditions, aspirations lyriques et bon sens paysan. Rentrant de mon troisième voyage en Russie "chez l'habitant", je peux affirmer qu'il existe bien une "âme russe" aussi palpable qu'indéfinissable, mais tout comme il existe une identité latine, une manière de penser anglo-saxonne, un spleen germanique, un pragmatisme scandinave, etc. Chaque nationalité, finalement, possède son propre caractère issu de son histoire et de son vécu politique, historique, économique, social et littéraire.

Mais revenons à "L'Idiot". Oeuvre colossale mettant en scène près d'une quarantaine de personnages (aux noms, prénoms, surnoms et patronymes pas toujours faciles à retenir, comme toujours en littérature russe classique), représentatifs de différents milieux sociaux. Dostoïevski a voulu représenter la grande variété des tempéraments masculins et féminins à travers cette vaste galerie colorée et complexe, à seules fins de déterminer un "type russe" et de (dé)montrer si la bonté peut gouverner les relations humaines, quelque que soit leur nature.

Le caractère du prince Léon Nicolaïévitch Mychkine, épileptique et, à mon avis, quelque peu autiste, se distingue par une bonté infinie qui confine à la naïveté, vertu outrageante pour la société pétersbourgeoise coutumière des convenances hypocrites de la bourgeoisie. Comment se fier à une bonté aussi démonstrative et sans fard ? Rien de moins naturelle que cette propension à la mansuétude et à l'affection gratuite. Et quand une telle disposition se double d'une intelligence fine, aux abris !, cela ne peut cacher que de sombres calculs et dissimuler de sombres arrière-pensées.

"L'Idiot" est sans conteste un tour de force littéraire. Donner à quarante personnages, tant hommes que femmes, des caractères bien distincts tout en réussissant à dérouler une narration romanesque et à émailler son récit de considérations philanthropiques ou analytiques ne peut que susciter une grande admiration. D'autant que l'ensemble est cimenté par un style brillant, classique pour l'époque, savoureux pour nous, lecteurs du XXIème siècle dont le langage tant parlé qu'écrit est plutôt malmené.

Recommandée par mon libraire, la lecture de "L'Idiot" devait se révéler une suite fulgurante à ma passionnante lecture de "Crime et châtiment". Pourtant, mon verdict est sans appel : je préfère le second au premier. Malgré tout l'intérêt à porter à "L'Idiot", il m'a souvent paru fort long et confus et je n'ai jamais ressenti à sa lecture l'extraordinaire tension de "Crime et châtiment".


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La dernière page fut tournée il y a de cela plus de six mois, mais j'ai beaucoup de difficultés à me résoudre à rédiger une critique, qui met un point final à cette lecture.
Il n'est pas aisé de rompre avec un tel Idiot, brillant de tous ses mots (maux).
Depuis des années, je souhaitais le lire, mais j'en reculais sans cesse la lecture, comme l'on savoure l'attente du dessert, un oeil humide sur le gâteau au chocolat qui diffuse un parfum envoûtant (je sais, nous ne sommes pas sur un site de pâtisserie, mais les gourmands/gourmets comprendront ;) ).
Bref, je n'avais qu'une hâte, attendre LE moment idéal pour déguster celui que j'espérais être mon meilleur Dostoevski. Je sortais de deux de ses romans, plutôt indigestes (le Joueur , pas des plus savoureux, et le Double, loin d'être le plat signature de ce grand Chef du mot).
Re-bref, assez de digression, mes deux chou(chou)x à venir, semblaient être l'Idiot, et les Démons ( pas encore dans mon "four à lire"euh, ma PAL).
L'Idiot s'avère une véritable pièce-montée, tous les ingrédients de la crème dostoevskienne sont présents : des pages et des pages imprégnées de psychologie sucrée-salée, des rebondissements bien relevées, de l'émotion en guimauve onctueuse, de la philosophie imprégnée de sociologie, des personnages croustillants, recouverts de drame battu en larmes, le tout (dé-) glacé à la mode russe (donc à la vodka).
Rien que d'en parler (écrire), je salive, j'en reprendrais bien une petite relecture, moi ! Un grand (et long ;) ) moment de plaisir intellectuel ! A consommer avec immodération !!!
NB : Ne pouvant concurrencer les magnifiques critiques, argumentées et littéraires (passionnantes et instructives, je vous les recommande !), j'ai opté pour un ton plus léger, que Fedor me pardonne... et vous aussi..
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Conseillé par un ami qui était son livre préféré, je me sentais obligé au moins de commencer à le lire. La littérature russe pour moi n'était pas très avenante. En plus, cet ami m'avait prêté les 2 tomes (bien épais) en livre de poche. J'ai pris mon courage à deux mains et je l'ai carrément dévoré. Il ne m'a pas lâché. Pour ma part, c'est un chef d'oeuvre. J'ai vraiment adoré. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous le conseille.
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Ouff!!! Vraiment époustouflant!!! J'avoue qu'il m'a fallu assez du temps pour arriver à bout de ce livre, plusieurs tentatives pour foncer dans ma lecture. C'est une prouesse que L'auteur soit parvenu à faire intervenir autant de personnages, autant de familles, avec des noms qui parfois plongent le lecteur dans une extrême confusion, qui, en fait, représentent les différentes identités de la société russe de l'époque, avec subtilité. On côtoie ce monde, avec toutes ses diversités d'intérêts, dans une atmosphère sarcastique et absurde, les relations entre les personnages sont tout autant déroutantes que perfides d'où l'aspect phénoménal du livre. Autour du personnage principal, le supposé Idiot, le prince Muichkine, gravite toute une forme de pétaudière qui ressemble à un fleuve tranquille, qui n'a rien à se reprocher d'ailleurs. Pourtant! Le prince bien que malade, paraissant faible d'esprit, épileptique, vient remuer ce monde, faire ébranler les cachotteries, essaie de troubler ce fleuve qui jusque là tranquille, par la délicatesse de sa personnalité qui se révèle un peu plus affinée, au fur et à mesure qu'on le découvre...
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