Lui : En 1982, votre devise était une phrase de Spinoza...
Philippe Labro : J'ai souvent changé de devise, attention !
Lui - La voici : « J'ai pris soin de ne pas tourner en dérision les actions humaines, de ne pas les déplorer ou les maudire mais les comprendre. »
Philippe Labro : Je continue de croire effectivement qu'il vaut mieux essayer de comprendre que de juger. Plus j'avance, plus j'essaie de réduire mes comportements à des choses fondamentales : essayer de comprendre les êtres, essayer surtout de les aimer...
2474 - [p. 12]
Philippe Labro - Pour « L’Étudiant étranger », un jour une amie journaliste m'a demandé un papier sur ma vision des États-Unis. Cela m'a stimulé et j'ai pris un grand plaisir à aller chercher des souvenirs, des sensations dans ma mémoire. J'ai commencé à réfléchir. L'expérience fondatrice et initiatique de ma vie, c'était ce voyage américain. Je m'y suis mis pour voir. Je voulais rédiger une centaine de pages sur cette expérience pour ma famille uniquement, et un flot est sorti de mon stylo. J'ai vite réalisé que j'étais dans un état de grâce, il n'y a pas d'autre terme... J'ai très tôt introduit un ou deux personnages. Et là, je me suis dit : « Si tu introduis des personnages au début, c'est pour les retrouver. Tu es en train d'écrire un vrai roman. » Ce qui est exactement le contraire de ce que je voulais au départ. Ensuite, je me suis enfermé dans une petite chambre, et j'ai écrit le roman d'une seule traite.
2475 – [p. 17/18]