Ce roman nous raconte l'histoire de Joseph Kamal, adolescent sans histoire, avec plutôt de bons résultats à l'école, une vie ordinaire qui bascule brutalement car il a voulu accompagner son frère dans un braquage, alors qu'il n'en avait pas envie mais ne se sentait pas le droit de le laisser y aller tout seul.
« J'étais sûr que ce braquage était une mauvaise idée et qu'il allait à sa perte. Mais comment est-il fait celui qui laisserait perdre son frère sans prendre le risque de se perdre avec lui. » P 14
Le braquage dérape et son frère est tué par des policiers, et c'est le brusque contact avec la prison, la fouille, les conditions de détention, les relations avec les caïds qui ont connu son frère, et il se retrouve, alors qu'il est primo-délinquant dans le quartier des criminels, ce qui va entretenir sa haine et sa colère vis-à-vis des surveillants.
Et puis, un jour, l'explosion d'une centrale nucléaire de dernière génération provoque l'irradiation de la moitié de la France, et joseph profite du transfert des détenus vers une zone non contaminée pour s'échapper. Il va se mettre en mode survie, tenter de résister, apprendre à se nourrir, à cultiver des légumes. Il entre dans une nouvelle dimension, découvre la solitude, son silence assourdissant qui contraste tant avec le bruit et la violence de la prison.
J'ai aimé la manière dont
Sophie Divry a construit son roman dystopique en trois chapitres totalement différents les uns des autres, avec des titres lapidaires : « le prisonnier », « La catastrophe » et « le solitaire » ; tout au long du récit, elle passe du « il » au « je », du langage maîtrisé au langage carcéral, avec des constructions de phrases qui changent complètement, augmentant l'intensité du récit ; on passe aussi de la description à la réflexion, aux émotions, et l'évolution du héros dans ce récit est très intéressante, son apprentissage de la solitude.
De la catastrophe nucléaire, on saura en fait peu de choses car ce n'est pas l'objectif du livre, c'est simplement le déclencheur de la transformation de Joseph. On passe d'un milieu violent, fermé avec la prison à une nature, certes libre mais à quel prix ?
Comment survivre si l'on est tout seul, tel Robinson sur son île, à l'affût des bruits bizarres, des dangers éventuels, un retour à la terre, au rythme des saisons et des cycles veille-sommeil… lui qui voulait tant être seul, tant la promiscuité lui pesait en prison, tant il était avide de silence :
« J'ai tellement envie d'être seul maintenant. Entièrement seul. le besoin de solitude me torture presque physiquement. Ah qu'on me donne de l'air, de l'espace. Combien je donnerais pour ne plus voir personne, pour ne plus les entendre ces hommes, ces détenus, ces corps près du mien, ne plus les voir bouger, combiner, dominer, causer, ne plus les entendre mastiquer, se gratter, ronfler, pisser, et répandre autour de moi toute cette saloperie d'humanité. » P 65
Sophie Divry pose aussi une autre question : l'homme peut-il survivre seul ? Même s'il tente de vivre en harmonie avec la Nature, n'a-t-il pas besoin d'être en contact avec ses congénères ?
Ce roman est une ode à la vie et à la Nature, et à son respect surtout ! sujet qui touche chacun de nous, étant donné le massacre généralisé de la planète auquel nous assistons en ce moment, avec les catastrophes provoquées par l'homme et la nécessité de réapprendre tous les gestes les plus élémentaires que nos Anciens maîtrisaient et qu'on oublie.
C'est le premier livre de
Sophie Divry que je lis et c'est une belle découverte ! et je remercie vivement Rakuten et les éditions « Notabilia » qui m'ont permis de lire ce roman!
#MRL18 #Rakuten
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